
Non, des "justificatifs" liés à l'utilisation de l'allocation de rentrée scolaire ne sont pas obligatoires en 2025
- Publié le 21 août 2025 à 16:20
- Lecture : 5 min
- Par : Claire-Line NASS, AFP France
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"Dès cette année, l'allocation de rentrée ne pourra plus être dépensée librement. Les parents devront justifier chaque achat auprès de l'État. En cas de dépenses jugées 'inappropriées', une partie de l'aide pourrait être réclamée", assure la description d'une vidéo TikTok publiée le 19 août et partagée près de 2.000 fois et vue à plus de 170.000 reprises sur la plateforme en moins d'un jour.
Elle cite une prétendue "nouvelle directive" qui deviendrait effective pour la rentrée 2025. D'autres comptes sur la plateforme ont relayé l'affirmation ces derniers jours dans des vidéos collectant des milliers de partages des centaines de milliers de vues (1, 2).

Mais ces propos sont infondés : aucune nouvelle loi n'a instauré de mesure de ce type récemment, et ces affirmations sont relayées par divers comptes prétendant diffuser des actualités, mais qui mêlent en réalité faits réels et désinformation.
Ils s'inscrivent dans une tendance que l'AFP avait déjà décrite dans cet article : ces dernières années, de nombreux comptes similaires ont vu le jour, reconnaissables par leur mise en page alarmiste qui imite les codes visuels de médias existants mais en usant des voix off générées par intelligence artificielle (IA) et avec pour objectif commun d'obtenir un maximum d'engagement.
Une mesure inexistante
L'allocation de rentrée scolaire (ARS) a commencé à être versée le 19 août en métropole (lien archivé ici). Elle est attribuée selon des critères de ressources à près de trois millions de foyers en France, et son montant pour 2025 se situe entre 423,48 euros à 462,33 euros par enfant de 6 à 18 ans dans l'hexagone, selon le site des Caisses des allocations familiales (CAF), les organismes chargés de reverser (liens archivés ici et ici).
D'après une enquête publiée en 2023 et réalisée en 2022 à la demande de la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) sur 2.000 familles bénéficiaires et à partir de réponses déclaratives, l'ARS représenterait "un tiers" du budget annuel moyen alloué à la scolarité des enfants, généralement concentré sur la période de la rentrée scolaire. Ce dernier serait composé à "deux tiers" d'achats de vêtements, de paiement de cantine et d'achats de fournitures scolaires (lien archivé ici).
Quant à l'usage fait de cette ARS, 98% des familles interrogées avaient indiqué l'avoir utilisée au moins en partie pour acheter des fournitures scolaires, et 96% pour des vêtements.
L'allocation de rentrée scolaire est établie par l'article L543-1 du Code de la Sécurité sociale (lien archivé ici). Et celui-ci ne conditionne pas son attribution à une justification des dépenses employées, à l'inverse de ce qu'assurent les publications sur les réseaux sociaux.

Des recherches à partir des mots-clés "allocation" et "rentrée" sur le site de l'Assemblée nationale – qui permet notamment d'interroger des banques de données sur les propositions (émanant de parlementaires) et projets de loi (de l'exécutif) – n'ont pas révélé de loi récente liée à une obligation de présenter des justificatifs pour continuer à percevoir l'ARS (liens archivés ici et ici).
Nous n'avons pas non plus trouvé de mention d'une telle mesure en effectuant des recherches par mots-clés sur le site des CAF.
Interrogée par l'AFP, la Cnaf a indiqué le 20 août "confirme[r] qu'il n'existe pas de nouvelle directive sur l'allocation de rentrée scolaire", déplorant que "ces publications virales diffusent des informations erronées dans le seul but d'engranger du flux et de gagner de l'argent".
L'organisme a précisé à l'AFP que l'ARS, dont l'objectif est d'aider les familles à "faire face à un pic de dépenses à l'occasion de la rentrée scolaire", "n'est pas conditionnée à la production de justificatifs".
"Il s'agit d'une fausse information", a également confirmé le ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles à l'AFP le 20 août.
Des rumeurs récurrentes, facilitées par l'IA
"Ce n'est pas la première fois que de fausses rumeurs circulent sur cette aide, notamment sur l'utilisation qu'en font les bénéficiaires ou comme cette-fois-ci encore, sur l'obligation de justifier les achats réalisés", déplore aussi la Cnaf.
L'organisme ajoute que "les CAF sont très attentives aux fausses rumeurs sur les aides qu'elles versent, étant particulièrement exposées avec le versement chaque mois d'aides à près de 13,5 millions d'allocataires, qui couvrent au total plus de 30 millions de personnes, soit un habitant sur deux", rappelant que les informations générales sur les aides se trouvent sur les canaux officiels des Caisses.
Le versement d'aides, quelles qu'elles soient, est un sujet majeur de préoccupations, ce qui en fait une cible de choix pour la désinformation sur les réseaux sociaux.
L'AFP vérifie régulièrement des affirmations en lien avec ce thème, qui se multiplient avec la génération de contenus par intelligence artificielle, comme ici sur le RSA ou là sur l'allocation logement.
Depuis quelques mois, des articles trompeurs générés par IA sur les pensions de retraites ont aussi proliféré, comme déploré par l'Assurance retraite dans cet article de vérification.