Manuel du fact-checking à l'AFP

Introduction

Ce guide fournit des règles éditoriales sur le fact-checking à l'AFP. Notre mission est de vérifier les affirmations trompeuses ou mensongères qui circulent de manière virale et qui ont un impact significatif sur la couverture de l'actualité par les médias ainsi que sur le discours public.

Nous vérifions en priorité les affirmations nocives et dangereuses.

Nous devons nous montrer équilibrés, et ne devons pas, par exemple, nous concentrer sur un seul candidat, parti politique, ou site internet, à moins qu'il ne diffuse de manière répétée des contenus nuisibles dans le but de désinformer. 

L'exactitude est primordiale, tout comme le fait d'expliquer de manière claire et transparente la façon dont nos investigations ont été menées.

Les erreurs doivent être immédiatement corrigées et de manière transparente.

Il relève de la responsabilité des fact-checkers de se familiariser avec les règles énoncées dans ce guide, dans le code de déontologie de l'AFP et les 20 principes concernant les sources.

Nous sommes tenus de respecter le code de principes de l'IFCN et celui de l’EFCSN.

 

Télécharger le manuel ici.

 

ACCUSATIONS

Des publications peuvent utiliser une image trompeuse ou sortie de son contexte pour illustrer un événement passé ou en cours.

Par exemple, une photo qui prétend montrer des dégâts après un bombardement d’un pays A sur un village d’un pays B, alors que la photo a, en réalité, été prise au cours d’une autre guerre. Dans ce cas, on peut dire que la publication est fausse, mais il faut également expliquer qu'il existe bien des images montrant des dégâts après des bombardements du pays A sur des civils du pays B. En vérifiant la publication trompeuse, on ne doit pas donner l'impression que nous nions la réalité d'attaques commises envers des civils.

ex : Le pays A a bombardé des villes et villages du pays B, mais cette image date de la guerre dans le pays C et ne montre pas les conséquences des récents bombardements.

BIAIS

Soyez conscient du danger du biais de confirmation, lorsque vous pensez qu'une publication est fausse et pouvez, en conséquence, laisser de côté des preuves qui démontrent le contraire.

CANULAR / PARODIE / BLAGUE

Généralement, on ne se penche dessus que s’il y a un nombre très important de partages et de réactions. Si l’affirmation est clairement absurde, faites attention à ne pas donner l'impression que l'AFP la prend au premier degré. Lisez les commentaires et les réactions pour voir si la publication est seulement partagée au second degré ou si assez de gens pensent que la publication est vraie pour mériter d'être vérifiée.

Il faut noter que ce qui peut apparaître comme une blague grossière dans certaines cultures peut donner lieu à une tout autre interprétation ailleurs.

Les canulars, les blagues et les mèmes peuvent être un moyen efficace de diffuser de la désinformation ou une rhétorique raciste, ce qui peut justifier un fact-check.

CAPTURES D’ECRAN

Les captures d'écran doivent inclure la publication entière et ne doivent pas être coupées au risque de masquer des informations importantes comme le nombre de partages ou de commentaires.

CITATIONS / FAUSSES CITATIONS

Nous vérifions deux types de fausses citations :

A/ Les déclarations factuellement incorrectes faites par des personnalités publiques.

B/ Les déclarations attribuées à des personnalités publiques qui sont inventées ou déforment des propos réellement tenus.

Dans les deux cas, la citation que nous vérifions doit avoir beaucoup circulé sur les réseaux sociaux et impliquer une personnalité de premier plan pour mériter un article.

-    Dans le cas A, nous devons :

S'assurer que la personne a bien tenu les propos qui lui sont attribués, dans le bon contexte, et si c'est le cas, vérifier sa déclaration.

Ne fact-checkez les citations que lorsque vous pouvez accéder aux propos d'origine, par exemple, par le biais d'un enregistrement ou d'une transcription officielle. Ne fondez pas votre fact-check sur des propos rapportés dans un reportage par d'autres médias ou sur les réseaux sociaux.

-    Dans le cas B :

Ces citations inventées ou déformées doivent être suffisamment différentes des prises de position publiques de la personnalité et suffisamment détaillées pour mériter d'être vérifiées.

Si la déclaration a été déformée, nous devons trouver la citation d'origine et montrer comment ces propos ont été modifiés ou présentés de manière trompeuse.

Si la citation est inventée, nous devons essayer d'obtenir un démenti de la part de la personne mise en cause ou de son porte-parole, et mener notre propre enquête : que faisait la personne au moment et à l'endroit où elle est censée s'être exprimée ? existe-t-il une trace de cette déclaration dans les médias ou sur des sites officiels ? …

Il faut éviter les phrases trop affirmatives, telles que "Il/Elle n'a jamais dit cela" et dire à la place : "Il n'existe aucune trace d'une telle déclaration sur les sites officiels, ni dans les médias, et son porte-parole a fermement démenti".

CONTEXTE

Le contexte est primordial dans un fact-check et doit apparaître au début de notre article. Il doit également être précis et exact, ce qui peut nécessiter d'inclure un lien vers une dépêche AFP ou une autre source fiable.

Une affirmation vérifiée de manière isolée peut induire les lecteurs en erreur sur la réalité d'un événement. Le contexte est donc essentiel.

Des internautes peuvent utiliser une image trompeuse ou hors contexte censée illustrer quelque chose qui s'est produit ou qui est en train de se produire. Par exemple, telle image montre les conséquences du bombardement d'une ville du pays B par des avions de guerre du pays A, alors que l'image provient en fait d'un autre conflit. Dans ce cas, nous pouvons dire que l'affirmation est fausse, tout en précisant que pour autant, il existe d'authentiques images montrant des bombardements par le pays A de cibles dans le pays B.

En vérifiant l’image décontextualisée, nous ne devons pas donner l'impression que nous nions les attaques qui se sont réellement produites, il est donc essentiel d'ajouter ce contexte: "Des avions du pays A ont bombardé des villes et des villages du pays B, mais cette image date d'un conflit antérieur dans le pays C et ne montre pas les conséquences des attaques”.

(voir Accusations)

CORRECTIONS

Si nous constatons une erreur factuelle dans un article, nous la corrigeons et ajoutons une note au bas du fact-check en expliquant ce qui a été modifié et la date de la modification. Une liste de toutes les corrections publiées ces dernières années est disponible sur le site.

Si l’erreur est trop importante, nous retirons l'article et fournissons une explication. Nous publions également la correction sur les mêmes réseaux sociaux que l'original, afin de nous assurer qu'elle est largement diffusée. Si nécessaire, nous supprimons le message erroné et publions une correction sur le même canal.

Nous indiquons également au bas de nos articles les mises à jour, clarifications ou nouvelles informations ajoutées après publication.

DEMENTI

Il ne faut pas utiliser uniquement le démenti de la personne, l'organisation ou d'autres parties prenantes incriminées dans la publication à vérifier pour prouver qu'une information est fausse. Nous devons fournir d'autres éléments de preuve indépendants pour appuyer notre démonstration.

DESINFORMATION / MESINFORMATION / FAKE NEWS

Ce sont les termes fréquemment utilisés par les médias, en voici quelques définitions :

  • La "désinformation" est créée et imaginée pour tromper sciemment les gens, souvent avec l'intention de nuire.
  • La "mésinformation" est généralement considérée comme ayant été diffusée accidentellement, bien qu'elle puisse aussi avoir des conséquences néfastes.
  • "Fake news" est un terme qui a été détourné et couvre désormais des notions très larges allant de la désinformation intentionnelle à une expression utilisée par les personnalités politiques pour discréditer une couverture médiatique qui leur déplaît. Pour cette raison, il faut éviter d'utiliser le terme "fake news" dans nos fact-checks et privilégier à la place les termes de désinformation et mésinformation, excepté lorsque ce terme est utilisé dans des citations.

DEVOIR DE PROTEGER / MINIMISER LES RISQUES

En tant qu'agence de presse, nous avons le devoir de protéger les personnes mentionnées dans nos fact-checks, et de réduire au maximum les risques qu'elles encourent, elles ou leur famille. Dans certaines circonstances, on peut choisir de flouter leurs visages, ou de masquer l'identité de personnes mentionnées dans une publication mensongère si elles sont faussement accusées ou tournées en ridicule. Il en est de même pour les noms qui apparaissent dans la section des commentaires. Nous devons être particulièrement vigilants lorsque le fact-check mentionne des mineurs.

ECRITURE

Notre écriture doit être directe et factuelle et n'a pas besoin d'être enrichie d'effets de style. Évitez les jeux de mots et l'ironie, qui n'est pas comprise de la même façon à travers le monde.

On ne doit pas se contenter d'énoncer que quelque chose est vrai ou faux, mais expliquer pourquoi. Pour cela, vous devez détailler la méthode avec laquelle vous avez conduit vos investigations de manière transparente en :

  • Fournissant des preuves de tous les faits que vous citez. Liens, publications ou vidéos intégrées dans l'article, services de cartographie…
  • Expliquant clairement les étapes suivies pour mener à bien votre enquête. Par exemple, détailler que vous avez dû utiliser la recherche d'image inversée sur un moteur de recherche, InVid-WeVerify etc.
  • Écrire de manière aussi concise que possible. Chaque affirmation supplémentaire doit être vérifiée et démontrée en toute transparence.
  • Nous ne voulons pas générer du trafic vers des publications, comptes et sites pourvoyeurs de désinformation : seuls les liens archivés (et non les liens actifs) sont autorisés. Archivez les contenus avec des sites comme perma.cc ou Wayback Machine.
  • Quand un lien dans le fact-check renvoie vers une preuve du fait que l’allégation que vous examinez est fausse ou trompeuse, placez le lien actif mais aussi le lien archivé entre parenthèses, de façon à conserver dans le temps des preuves et des sources, qui peuvent avoir été modifiées ou supprimées après publication de notre article.

EVENEMENTS FUTURS

Nous ne vérifions pas des prédictions ou des affirmations au sujet d'événements qui n'ont pas encore eu lieu. Par exemple, si un homme ou une femme politique, une organisation ou un gouvernement, affirme que quelque chose va se produire, nous pouvons enquêter et chercher une confirmation ou des points de vue contradictoires, mais cela ne constituera pas un fact-check. Avant le début de la guerre en Ukraine par exemple, nous n'aurions pas vérifié des affirmations des Etats-Unis assurant que la Russie allait envahir l'Ukraine. Dans ce cas, nous n'aurions eu qu'un démenti russe, ce qui ne constitue pas un fact-check. Nous pouvons néanmoins faire des exceptions pour les scénarios basés sur la science, comme les publications alarmistes assurant qu'un astéroïde va heurter la Terre.

HARCELEMENT

Les fact-checkers peuvent être la cible de harcèlement en ligne et de doxing (diffusion d'informations personnelles), il est donc essentiel de prendre les précautions nécessaires et de faire remonter aux responsables hiérarchiques tout incident de ce type.

Le Rory Peck Trust a publié un guide contre le harcèlement en ligne disponible ici.

Vous pouvez également suivre le cours en ligne de l’AFP sur ce sujet.

ILLUSTRATION D’EN-TETE

Il faut utiliser autant que possible en en-tête une capture d'écran de la publication fausse ou trompeuse qui a été vérifiée.

N'utilisez une photo AFP que si le contenu de la publication est trop violent pour l'utiliser en en-tête. Si vous devez utiliser une photo AFP, assurez-vous qu'elle soit pertinente avec le sujet traité. Attention à ne pas créer de confusion en utilisant en en-tête du fact-check une photo prise par l'AFP si l’article porte sur une photo détournée ou décontextualisée.

IMAGES

Si vous vérifiez une image et vous découvrez que c'est un photomontage, publiez :

A/ le photomontage ainsi que la photo d'origine à partir de laquelle il a été créé ;

B/ si besoin, l'autre image depuis laquelle des éléments visuels ont pu être extraits pour être superposés à la photo d'origine.

IMAGES VIOLENTES

Les consignes pour intégrer des images violentes sont données dans le Manuel de l’Agencier et la Charte AFP des bonnes pratiques éditoriales et déontologiques.

Il inclut cette liste de points à vérifier avant de publier :

  • Est-ce que cette image est essentielle pour comprendre le fact-check ?
  • Est-ce qu’elle s’inscrit dans le devoir d'informer du journaliste ?
  • Est-ce que cela ne fait pas juste appel à de la curiosité macabre sans apporter d'éléments de contexte essentiels à la compréhension ?
  • Est-ce que vous avez réfléchi à votre responsabilité de protéger la victime et de minimiser les risques pour elle et sa famille ?
  • Comment cela va-t-il être présenté aux lecteurs ? Ne pas oublier que les fact-checks sont publiés directement en ligne.

Nos critères pour utiliser du contenu violent dans un fact-check sont différents de ceux du service photo, qui a la responsabilité de montrer la réalité visuelle d'une scène, même dérangeante. Notre rôle est de vérifier de fausses informations qui circulent, et nous devons être d'autant plus vigilants que nos fact-checks sont directement publiés en ligne.

IMPACT ET PORTEE

Expliquez la portée de la fausse information. Cela peut se traduire en donnant des détails sur le nombre de partages ou de vues sur les différents réseaux sociaux ou encore en indiquant le nombre d'abonnés d'un compte.

Nous ne devons pas utiliser les termes "très partagé" ou "viral" sans chiffres pour appuyer ces expressions, ni estimer la viralité autrement que par le nombre de partages ou de vues. Nous pouvons choisir les publications à vérifier pour pouvoir les évaluer sur Facebook, mais il ne faut pas pour autant se concentrer uniquement sur Facebook ou X. Nos fact-checks doivent expliquer de manière aussi complète que possible comment la fausse information se répand sur les réseaux sociaux, en incluant les applications de messagerie privée quand c’est nécessaire.

Nos fact-checks doivent expliquer de quelle manière la fausse information se répand sur les réseaux sociaux, en incluant les applications de messagerie privée.

Il n'existe pas un nombre minimum de partages pour décider de lancer ou non un fact-check.

Une publication à 100 partages peut paraître très peu virale dans de nombreux pays, mais être importante dans d'autres qui contrôlent strictement les réseaux sociaux, ou bien où le fonctionnement de certaines plateformes est différent. Cela dépend aussi des langues : une publication en anglais aura forcément un nombre de partages plus élevé qu'un contenu en slovaque ou en catalan. Si un contenu est partagé à l'identique un très grand nombre de fois avec peu de partages, il est aussi possible d'estimer que l'accumulation de ces partages rend la publication assez virale pour la vérifier.

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Les contenus générés par IA posent de nouveaux défis aux fact-checkers, car les outils de vérification numérique existants sont largement incapables de déceler si une image a été produite par l'IA. En effet, ces images sont recréées pixel par pixel à partir d'une série d'images tirées d'une vaste base de données. Les logiciels utilisés pour les détecter ne donnent à ce jour pas de résultats fiables. De plus, une fois diffusées sur internet, ces images ne contiennent pas non plus de métadonnées, susceptibles de donner des indices sur leur authenticité.

Pour l'instant, les fact-checkers doivent s'appuyer sur des méthodes existantes pour détecter les images générées par des outils comme Midjourney, DALL-E, Craiyon et Stable Diffusion. Ces techniques comprennent des recherches d'image inversée afin de déterminer la date à laquelle l'image a été mise en ligne pour la première fois, éventuellement son origine, ainsi que les images similaires dont elle pourrait s'inspirer. Le fact-checking utilise aussi des indices visuels qui montrent des incohérences dans les images générées par IA, comme des perspectives déformées, des objets ou détails physiques disproportionnés, souvent en arrière-plan de l’image, comme une main à six doigts, des reflets ou des ombres incohérentes. A noter aussi que certains logiciels d’IA apposent un filigrane pour “signer” l’image. Un article sur les défis liés à l'identification des images générées par l'IA est disponible ici.

INVESTIGATIONS

Soyez clair sur la façon dont l'origine d'une image a été trouvée et le fact-check écrit. Les lecteurs doivent être capables de comprendre comment les recherches ont été menées et de pouvoir suivre les étapes de l'enquête pas à pas afin de la refaire eux-mêmes. C'est aussi important pour les autres fact-checkers de notre réseau, qui auront besoin de bien comprendre la démonstration pour traduire l'article.

LONGUEUR

Nous devons écrire précisément et de manière concise, mais nos fact-checks doivent aussi être exhaustifs, donc ne laissez aucun élément important de côté pour économiser deux ou trois paragraphes. Le contexte doit être clairement expliqué. Les lecteurs qui ne voudraient pas aller au bout du fact-check vont généralement regarder le titre et la photo d'en-tête (d'où l'importance d'avoir une image d’en-tête qui, autant que possible, donne la conclusion du fact-check et n'est pas juste une image générique).

MEDIAS

Il faut renvoyer autant que possible vers des dépêches AFP. Si l'AFP n'a pas couvert l'événement relatif au fact-check, on peut néanmoins citer des médias locaux, s'il s'agit de sources fiables. Il faut éviter autant que possible de renvoyer vers des contenus payants, qui sont une source de frustration pour les lecteurs qui n'y sont pas abonnés et ne peuvent pas y accéder.

ORGANISATIONS DE FACT-CHECKING

Nous n'utilisons pas la production d’autres organisations de fact-checking comme source primaire. Cependant, si le fact-check d'un autre média nous a servi lors de nos investigations, nous devons le mentionner. Si vous trouvez un élément de réponse grâce à un autre fact-check, vous devez refaire la vérification vous-même et le signaler clairement dans votre article. Vous pouvez aussi citer le fact-check d'un autre média, par exemple si vous arrivez à la même conclusion mais par une méthode de vérification différente.

OPINIONS

Nous ne vérifions pas les opinions.

PARTAGES

Donnez un nombre de partages arrondis, pas le chiffre exact (par exemple dites plus de 500 fois, pas 546 fois). Il faut aussi spécifier depuis quand le contenu circule sur les réseaux sociaux : il peut parfois être vieux de plusieurs années, mais refaire surface à la lumière d'événements récents. Faites attention en utilisant des indicateurs de mesures d'audience, comme le nombre de vues sur une vidéo ou le nombre de commentaires ou de réactions pour illustrer la viralité d'une publication. Des utilisateurs peuvent ne pas avoir regardé une vidéo en entier ou bien avoir alerté en commentaire qu'il s'agit d'une fausse information.

PROPAGANDE

La propagande est un terme souvent utilisé dans un contexte de désinformation.

Par définition, c'est une tentative délibérée par un acteur, politique ou d'un autre domaine, d'influencer la manière dont les gens pensent et se comportent en utilisant plusieurs méthodes comme une couverture médiatique biaisée dans la presse, à la radio ou à la télévision, par des contenus postés sur les réseaux sociaux, des films, des affiches, de la musique, des mèmes, de la publicité et toute autre forme de communication. La propagande peut se fonder sur des exagérations ou des mensonges, être biaisée et trompeuse, et joue souvent sur les peurs des gens et ses conséquences, mais n'est pas nécessairement fausse.

SANTE

Évitez les formulations, même dans les titres, les en-têtes ou légendes qui pourraient laisser entendre que l'AFP se prononce sur l'efficacité ou la sécurité d'un médicament ou d'un vaccin.

Nous devons citer des études et sources médicales respectées pour prouver que la publication est fausse.

N'écrivez pas : "les vaccins ont été testés correctement" ou "il est faux de dire que les vaccins n'ont pas été testés correctement".

Utilisez plutôt des formulations comme : "l'OMS, la FDA et plusieurs autres organisations de santé ont conclu que les essais démontraient l'efficacité des vaccins et estiment qu'ils sont assez sûrs pour autoriser leur mise sur le marché".

De la même manière, nous devons éviter les formulations comme "les vaccins ne causent pas XXX". Il peut y avoir de rares cas d'effets indésirables donc nous devons attribuer ces citations à des sources reconnues.

Donnez à chaque fois la date à laquelle vous avez recueilli la citation ou le fait qui nourrit votre démonstration.

Vous pouvez suivre la formation en ligne de l’AFP consacrée à ce sujet.

SOURCES

Les sources doivent être clairement identifiées par nom, âge si c'est pertinent, titre, métier, affiliation, et tout autre élément qui pourrait renforcer la crédibilité de la démonstration.

Si nous citons des experts, nous devons être précis quant à leurs qualifications et renvoyer vers des sites pertinents qui les présentent. Nous devons avoir au moins deux sources indépendantes dans chaque article, en plus des démentis éventuels des parties incriminées.

Nous devons faire particulièrement attention au fait que contacter des désinformateurs ou ceux qui diffusent des théories conspirationnistes peut mener à du harcèlement et du doxing. La décision de les contacter ou non doit être pesée. Sur ce sujet, vous pouvez consulter les 20 principes concernant les sources.

Tous les faits et chiffres cités dans un article doivent avoir une source claire et identifiée.

SOURCES ANONYMES

Une source anonyme ne peut pas être citée dans un fact-check. Si une personne veut être citée uniquement par sa fonction, comme un porte-parole de la police par exemple, et qu’elle fournit une information essentielle qui ne peut être obtenue autrement, la décision de le ou la citer comme tel doit être prise avec les responsables hiérarchiques. Identifier les sources est essentiel à la crédibilité du fact-checking et permet aux lecteurs de vérifier la qualité de ces sources s’ils le souhaitaient.

SUJETS LEGERS / HORS ACTUALITE

Même si notre priorité est de fact-checker des sujets qui ont une importance majeure dans le paysage médiatique et qui peuvent avoir des conséquences néfastes, nous devons aussi couvrir des histoires plus légères ou détachées de l'actualité. En plus d’attirer le lecteur, ces histoires ont une valeur pédagogique en permettant de montrer aux lecteurs à quel point il est simple, par exemple, de manipuler des images et la façon dont nous procédons pour faire de l'investigation en ligne. Ces fact-checks peuvent les encourager à se poser des questions avant de partager des publications trop belles pour être vraies à l'avenir.

TERMINOLOGIE

Nous devons utiliser les termes suivants pour les fact-checks :

  • Faux : nous jugeons un contenu "faux" lorsque plusieurs sources fiables l'ont réfuté ;
  • Vrai : nous jugeons un contenu "vrai" quand plusieurs sources fiables ont confirmé que l'information était authentique ;
  • Trompeur : nous jugeons un contenu trompeur quand il utilise de vraies informations (texte, photo, vidéo) sorties de leur contexte ou associées à un autre contexte ;
  • Photo altérée : lorsqu'une photo a été manipulée pour tromper ;
  • Vidéo altérée : lorsqu'une vidéo a été manipulée pour tromper ;
  • Contexte manquant : Quand une affirmation est vraie, mais peut apparaître trompeuse car des éléments de contexte manquent pour une bonne compréhension ;
  • Satire : Quand une affirmation est humoristique et n'a pas vocation à tromper (ex : humour, parodie).

TITRES

Les titres doivent être courts et expliquer clairement l'affirmation vérifiée, même si celle-ci apparaît aussi dans la photo d’en-tête. Dit autrement, le titre doit pouvoir être lu seul.

Par exemple, il faut écrire : Cette photo a été prise à Londres en 2014 et ne montre pas une manifestation contre l’inaction climatique à Paris.

N'écrivez pas : Ce n'est pas une image d'une manifestation contre l’inaction climatique à Paris.

Pensez à inclure des mots-clés et des noms propres pour optimiser le référencement des fact-checks.

TRADUCTIONS

Chaque traduction doit être adaptée au contexte local, et enrichie si nécessaire par d'autres sources, contexte, ou tout autre élément qui renforce la vérification.

VIDEOS LONGUES / DOCUMENTAIRES

Si une vidéo longue ou un “documentaire” véhicule des fausses informations, nous pouvons en vérifier des éléments-clés. Souvent, les fausses informations sont noyées dans une série de faits factuellement vrais. Dans ce cas, il est alors essentiel de montrer qu'il existe suffisamment de faux éléments pour discréditer le film en entier.

VISIBILITE DONNEE AUX INFOX

Notre rôle est de vérifier de fausses affirmations, pas de les rendre encore plus virales, nous devons donc faire très attention à la façon dont nos fact-checks sont présentés. Nous devons être attentifs à commencer la vérification par une vraie information puis l'affirmation erronée que nous vérifions. Quand c'est possible, la façon la plus efficace de faire cela, c’est le "sandwich de la vérité" (truth sandwich) - c'est-à-dire la vérité, suivie par la fausse information, puis la vérité.

Ecrivez : les pédiatres ont averti les parents de ne pas essayer de faire eux-mêmes leur lait maternisé, contredisant des publications qui incitent les parents confrontés à des pénuries à en produire eux-mêmes. Les pédiatres affirment que le lait maternisé fait maison pourrait manquer de vitamines et de nutriments essentiels et être dangereux pour les bébés.

Plutôt que : Des publications partagées sur les réseaux sociaux affirment que les parents qui font face à des pénuries de lait maternisé devraient essayer de le faire eux-mêmes. Mais des pédiatres ont assuré qu'ils ne recommandent pas à leurs patients d'utiliser du lait maternisé fait maison, avertissant que celui-ci peut provoquer un manque de vitamines et de nutriments clé pour aider les enfants à bien grandir.