Non, les radars ne flasheront pas trois nouvelles infractions à partir de 2026
- Publié le 17 décembre 2025 à 14:34
- Lecture : 4 min
- Par : Gaëlle GEOFFROY, AFP France
Le 1er janvier marque habituellement l'entrée en vigueur de nouvelles mesures gouvernementales. Sur les réseaux sociaux, à l'approche de cette date symbolique, certains en profitent pour faire circuler de fausses annonces anxiogènes. Mi-décembre 2025, des publications affirment ainsi qu'en 2026 des radars intégrant de l'intelligence artificielle (IA) flasheront trois nouvelles infractions et cumuleront les sanctions. Mais c'est faux, comme l'a confirmé à l'AFP la Sécurité routière, qui a qualifié ces rumeurs de "pure désinformation".
"Les radars vont détecter trois nouvelles infractions à partir de 2026 !", lance la voix off d'une vidéo postée sur TikTok le 10 décembre 2025 et partagée plus de 112.000 fois : intégrant de l'IA, "ils pourront non seulement contrôler la vitesse, mais aussi détecter trois infractions supplémentaires : le non-respect des distances de sécurité entre véhicules, l'absence de ceinture de sécurité, et l'usage du téléphone au volant. En cas d'infraction, le montant de l'amende sera de 135 euros, accompagné d'un retrait de trois points sur le permis. Et ces sanctions pourront se cumuler", affirme la vidéo. L'idée est selon elle de moderniser le parc de radars et de l'étendre.
"En un flash d'un radar, on pourra perdre jusqu'à huit points sur notre permis", alerte une autre vidéo, postée le 11 décembre, partagée plus de 6.000 fois, et relayant un reportage de TF1.
Cette soi-disant mesure à venir est très commentée sur Facebook, Instagram, X, avec des posts partagés des centaines voire des milliers de fois, et jusque dans les médias, sur le plateau d'une émission de la chaîne W9 ou par exemple sur les sites de RMC, du journal régional L'Union ou du magazine spécialisé Auto Plus.
La rumeur s'est propagée à partir d'un reportage du journal de 20 heures de TF1 du 10 décembre 2025. Il évoquait une technologie permettant de contrôler le port de la ceinture, l'usage du téléphone et le respect des distances : elle "pourrait être installée à partir de 2026 sur les radars tourelle et certains radars de chantier", peut-on y entendre, "en plus des amendes pour excès de vitesse", "chaque infraction supplémentaire coûtera 135 euros de plus, et ce n'est pas tout : au total vous pourrez perdre jusqu'à huit points sur votre permis de conduire".
La vidéo TikTok de TFI déclinant ce même sujet affirme, elle, que la technologie "sera déployée dès 2026, sur des radars tourelles et certains radars de chantier", avec pour objectif de "réduire le nombre d'accidents".
Mais c'est faux : si la technologie existe bel et bien, elle ne sanctionnera pas en 2026 les infractions au port de la ceinture, au respect des distances de sécurité et à l'usage du téléphone, car les radars capables de les repérer ne sont à ce jour pas homologués, a confirmé la Délégation à la Sécurité routière à l'AFP le 12 décembre 2025.
TF1 n'avait pas répondu aux sollicitations de l'AFP au moment de la publication de cet article.
"Aucune homologation lancée"
"Le 1er janvier ne verra pas l'entrée en vigueur de cette nouvelle fonctionnalité sur les radars [...] C'est de la pure désinformation que de dire que les radars auront de nouvelles fonctionnalités en 2026", a indiqué la Délégation à la Sécurité routière, rattachée au ministère de l'Intérieur, évoquant un "fantasme de certains médias".
Le sujet réapparaît régulièrement dans les médias depuis trois ans (1, 2). Fin 2024, il était revenu sur le devant de la scène alors qu'une annexe du projet de loi de finances pour 2025 prévoyait que l'Etat pourrait se doter d'un budget pour financer des radars dotés de nouvelles fonctionnalités - ce qui "n'arrive pas pour l'instant", a souligné la Sécurité routière en décembre 2025 (lien archivé ici).
Le texte indiquait que "selon les capacités technologiques et l'homologation nécessaire, de nouvelles infractions pourront être déployées, sur plusieurs centaines d'équipements (inter-distance, non respect du port de ceinture, téléphone tenu en main)". Mais depuis, "aucune homologation n'a été lancée", souligne la Sécurité routière.
Dans le projet de loi de finances pour 2026, cette même annexe notait à l'automne 2025 que "les travaux se poursuivent en vue de la mise au point de technologies permettant la constatation d'infractions dont la loi autorise la reconnaissance automatique" (lien archivé ici).
C'est l'article R130-11 du Code de la route qui recense les 15 types d'infractions pouvant être constatées par des radars automatiques "ayant fait l'objet d'une homologation". On y retrouve bien le non port de la ceinture de sécurité, le non respect des distances de sécurité et l'usage du téléphone "tenu en main".
Mais aucun radar capable de les flasher n'étant homologué pour cela, ces infractions ne peuvent être relevées par ces dispositifs ni sanctionnées.
L'annexe du projet de loi de finances évoque un parc de radars "stabilisé" en 2026 (lien archivé ici). "La cible des équipements visibles à l'horizon fin 2026 est évaluée à 4.200 matériels", dont "1.600 radars tourelles actifs (contrôlant la vitesse ou le franchissement), qui représente le parc le plus important" et "600 radars autonomes de chantiers (radars semi-fixes destinés à assurer un contrôle des vitesses dans les zones de chantier ou de danger temporaire et déplaçables)".
Actuellement, "les radars ne flashent que deux infractions : la vitesse et le franchissement" des feux rouges et des passages à niveau, rappelle la Sécurité routière (liens archivés ici, ici et ici).
Le Figaro a également vérifié ces fausses allégations virales (lien archivé ici).
La désinformation autour de la sécurité routière est régulière sur les réseaux sociaux. L'AFP a déjà vérifié plusieurs fausses allégations sur un soi-disant changement des règles du contrôle technique en 2025 et 2026 ou sur le fait que celui-ci ne serait soi-disant pas obligatoire.
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