
Non, le contrôle technique ne sera pas durci au 1er janvier 2026 pour l'ensemble des voitures
- Publié le 25 septembre 2025 à 14:47
- Lecture : 8 min
- Par : Gaëlle GEOFFROY, AFP France
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Parce que la voiture est au cœur de la vie quotidienne des Français et que le contrôle technique n'a cessé d'être régulièrement renforcé, celui-ci est un sujet récurrent de rumeurs et de désinformation sur les réseaux sociaux, comme l'AFP ou CheckNews l'ont déjà vérifié (liens archivés ici et ici).
Dans un post sur X publié le 21 septembre 2025 et partagé plus de 4.000 fois, l'écrivain Alexandre Jardin affirme que la France va devenir "une ZFE [zone à faibles émissions, NDLR] généralisée à toutes les routes [...] En janvier, le contrôle technique durcit considérablement ses règles… et devient une machine à exclure. À punir. À rançonner. A empêcher de travailler", dénonce-t-il.
Instigateur du mouvement des "gueux", en particulier contre les ZFE en ville et relais de désinformation sur le sujet comme l'AFP l'a déjà constaté, il dénonce dans une vidéo visible dans le post cette supposée mesure décidée "en pleine crise de pouvoir d'achat" (lien archivé ici).
Selon lui, "40 à 50% des véhicules échoueront dès la première visite", avec à la clé "réparations forcées à des centaines ou milliers d'euros" et "voitures de 10-15 ans envoyées à la casse".
Il partage aussi un long post d'un autre utilisateur de X publié la veille, le 20 septembre, partagé 3.000 fois, qui détaille le "durcissement sur plusieurs points", comme on peut le voir dans la capture d'écran ci-dessous à droite :


Le discours d'Alexandre Jardin est par ailleurs au cœur d'un article paru le 23 septembre dans Le Figaro, qui présente comme acquises des évolutions du contrôle technique qui ne sont, en réalité, pas actées à l'heure actuelle comme nous le verrons.
Ces affirmations circulent également sur Tiktok (1, 2), et sont extrêmement virales sur Facebook, depuis le 20 septembre, avec des posts citant les mêmes textes partagés plusieurs milliers de fois, notamment par des comptes eux aussi relais réguliers de désinformation (lien archivé ici), comme celui ci-dessous :

Grâce à une recherche par mots-clés sur Google, on trouve que le texte copié-collé dans les posts émane d'un article publié deux semaines plus tôt, le 7 septembre, sur un site qui publie des billets hostiles à l'écologie et à Emmanuel Macron. On y retrouve d'ailleurs aussi la caricature du président français et de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen visible dans les posts ci-dessus.
Ce site est récent : le premier article publié date du 28 avril 2025. Son créateur le présente comme "un projet qui vise à sensibiliser sur les dangers d'une écologie manipulée pour contrôler les sociétés", considérée comme une "dictature verte". Il anime aussi un groupe Facebook comptant quelque 6.000 membres.
Mais les allégations qu'il relaie sur le contrôle technique sont fausses : elles s'avèrent être un amalgame de diverses informations qui ont été dénaturées. À ce jour, aucun durcissement du contrôle technique n'est prévu pour l'ensemble du parc automobile. Seul existe un projet de durcissement visant à renforcer le vaste rappel de véhicules en cours dans le cadre du scandale des airbags Takata.
"Contrairement à certaines fausses informations relayées par des articles de presse, aucun changement de la règlementation concernant le contenu du contrôle technique n'est prévu en 2026, hormis la mise en contre-visite des véhicules avec rappel en stop drive [qui implique de ne plus circuler avant le remplacement des airbags, NDLR]", a indiqué le ministère des Transports à l'AFP le 24 septembre 2025.
"Il n'y a pas de nouvelle législation du contrôle technique au 1er janvier 2026, sauf l'intégration du sujet Takata, avec plus largement l'implication des centres de contrôle dans les campagnes de rappel liées à la sécurité", a résumé l'entreprise de certification Dekra, qui réalise des contrôles techniques automobiles dans ses centres Dekra, Norisko et Autocontrol, le 23 septembre 2025 auprès de l'AFP.
Toujours 132 points contrôlés
Voitures des particuliers et utilitaires légers restent toujours soumis à un contrôle technique, dans des centres agréés, "au plus tard 4 ans après leur première immatriculation" puis "tous les deux ans", rappelle le site du ministère de la Transition écologique au 23 septembre 2025 (lien archivé ici).
Lors d'une visite, 132 points sont contrôlés, et "le nombre potentiel des défauts susceptibles d'être constatés, appelés 'défaillances', s'élève à 668 réparti en trois catégories : défaillances mineures (162), défaillances majeures (362) et défaillances critiques (144)", détaille le site de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).
Sur cet aspect, les publications virales sur les réseaux sociaux sont trompeuses, parce qu'elles présentent certains points de contrôle actuellement déjà scrutés comme de nouvelles vérifications qui verraient le jour le 1er janvier 2026. Un voyant moteur, ABS ou airbag allumé "donne lieu à une contre-visite" d'ores et déjà, a confirmé l'entreprise de certification Dekra.

Airbags dangereux
La date du 1er janvier 2026 pourrait toutefois s'avérer importante pour une petite partie des automobilistes : ceux concernés par le rappel émis dans le cadre du scandale des airbags de l'ex-entreprise japonaise Takata qui n'auraient pas encore fait changer leur équipement, soit une part des 1.7 million de véhicules rappelés, sur les quelque 39 millions de voitures en circulation sur le territoire national (liens archivés ici et ici).
Un projet de décret et d'arrêté, évoqué début septembre par la presse spécialisée et confirmé à l'AFP par le ministère des Transports le 24 septembre, prévoit qu'à compter du 1er janvier, les automobilistes dont la voiture est concernée par un rappel d'un constructeur, comme c'est le cas actuellement pour celles équipées d'airbags Takata, et qui n'auraient pas effectué le remplacement du matériel défectueux au moment du contrôle technique, reçoivent lors de la visite un avis "défaillance critique" qui déclenche une immobilisation du véhicule dans l'attente de l'intervention d'un garagiste (liens archivés ici et ici).
Mais le décret n'est pas encore publié : il est actuellement "soumis à l'examen du Conseil d'Etat, avec comme objectif une entrée en vigueur au 1er janvier 2026", a indiqué le ministère des Transports.
Le remplacement de ces airbags Takata est gratuit (lien archivé ici). Et la mesure vise à "s'assurer de la réparation effective des véhicules concernés à l'occasion du contrôle technique", souligne le ministère. Cela empêcherait la revente de ces véhicules dangereux sur le marché de l'occasion, "dans un système où la traçabilité n'est pas bonne", avait relevé dans un rapport publié en juillet l'Inspection générale de l'environnement et du développement durable (IGEDD), autorité indépendante.
Les contrôleurs techniques sont déjà censés informer les propriétaires de véhicules faisant l'objet d'un rappel. Mais ils restent parfois difficiles à identifier en raison des carences du fichier des immatriculations (SIV), du "manque de réactivité de certains propriétaires qui ne perçoivent pas l'importance du message" et de "l'absence d'incitation, voire d'obligation, à changer rapidement les airbags défectueux", soulignait l'IGEDD dans ce rapport. Elle plaidait ainsi pour que le remplacement des airbags Takata conditionne la validation d'un contrôle technique.
Ceux-ci sont en effet responsables de nombreux accidents mortels dans le monde entier en raison d'explosions lors de chocs anodins. S'il n'existe pas de bilan mondial des victimes fiable, le gouvernement a établi que 18 personnes étaient décédées en France en raison de ces dispositifs défectueux, dont 16 en Outre-mer, et 25 blessées.

Proposition européenne en discussion
Autre actualité récente, la proposition émise par la Commission européenne le 24 avril 2025 de soumettre les voitures et camionnettes de plus de dix ans à un contrôle technique non plus bisannuel, mais annuel (liens archivés ici et ici). Cela permettrait de "sauver environ 7.000 vies et d'éviter 65.000 blessures graves" entre 2026 et 2050, argumente-t-elle. Mais rien n'est acté : les discussions se poursuivent et aucune décision contraignante n'avait été adoptée au moment de la publication de cet article (lien archivé ici).
"Son contenu n'est pas finalisé compte tenu des négociations en cours au niveau européen et ne rentrera donc pas en vigueur avant plusieurs années", souligne le ministère français des Transports.
Le ministre des Transports d'alors, Philippe Tabarot, avait souligné le 6 mai 2025 à l'Assemblée nationale l'opposition de la France à cette proposition européenne, qui "pourrait toucher des millions de Français et inquiète légitimement nos concitoyens" (lien archivé ici).
"Nous soutenons le contrôle technique pour des raisons de sécurité et d'environnement, et des améliorations sont en cours. Toutefois, la France ne soutient pas l'annualisation du contrôle technique des véhicules légers et des camionnettes de plus de dix ans. Nous souhaitons rester sur un cycle de deux ans, tout en ayant un œil attentif sur les questions de sécurité et environnementales", avait-il insisté lors du Conseil des ministres des transports de l'Union européenne le 5 juin 2025 à Luxembourg (lien archivé ici).

Selon le site du ministère de la Transition écologique, le taux de contre-visites pour les voitures et les utilitaires légers est resté stable en 2024, à 19,44% (lien archivé ici). Il était légèrement supérieur pour les véhicules de plus de dix ans, à 25,43% pour les voitures particulières et 26,79% pour les utilitaires légers - à comparer au taux de contre-visite "deux fois moindre (12,06%)" pour les voitures particulières un peu plus récentes, âgées de 7 à 10 ans.
Compte tenu de tous les éléments évoqués plus haut, le ministère des Transports estime que ces taux "ne vont pas augmenter hormis pour les personnes qui devaient déjà procéder au rappel en stop drive de leur airbag Takata".
Un contrôle technique coûte en moyenne 78,50 euros pour une visite initiale, et 15 à 30 euros pour une contre-visite, selon une estimation du site spécialisé La Centrale (lien archivé ici).
Un automobiliste qui n'a pas réalisé le contrôle technique de son véhicule dans les délais impartis s'expose à une amende de 135 euros pouvant être portée à 750 euros, et à l'immobilisation de son véhicule.