
Cette vidéo montre une marche en Pologne, pas un rassemblement d'extrême droite au Royaume-Uni
- Publié le 22 septembre 2025 à 16:45
- Lecture : 4 min
- Par : Sammy HEUNG, AFP Hong Kong
- Traduction et adaptation : Cintia NABI CABRAL , AFP France
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"EN DIRECT DE LONDRES 3 millions de Britanniques venus exprimer leur colère contre l'invasion et l'islamisation du pays, la foule se met à scander sans hésitation : 'Nous voulons récupérer notre pays ! Remigration ! Remigration !'", affirme une publication sur X datée du 14 septembre 2025. Ce message accompagne une vidéo aérienne montrant une foule de manifestants brandissant des drapeaux et des fumigènes le long d'un pont et d'une avenue.
Sur Instagram, un autre internaute partage la même vidéo en commentant : "Quelle émotion intense ! Quelle foule immense et fervente, venue démontrer son mécontentement et son sentiment d'urgence".
Des publications similaires circulent également sur Facebook, Instagram et TikTok, et dans plusieurs langues, notamment en anglais, arabe, bengali, chinois, italien et portugais.

La vidéo en question a refait surface sur les réseaux sociaux à la suite de la manifestation du 13 septembre 2025, organisée par le militant d'extrême droite britannique Tommy Robinson. Présentée comme une initiative pour la défense de "la liberté d'expression", cette manifestation a rassemblé jusqu'à 150.000 personnes selon la police londonienne.
Sur place, les revendications portaient prioritairement sur l'immigration, avec de nombreuses pancartes réclamant "la fin des small boats", ces embarcations de fortune sur lesquelles les migrants traversent la Manche.
Mais attention : la vidéo qui circule en ligne ne montre pas cette manifestation du 13 septembre à Londres. En plus de relayer une affirmation infondée selon laquelle le rassemblement avait réuni 3 millions de personnes, les publications virales utilisent une séquence déjà vérifiée et signalée comme décontextualisée par l'AFP.
Une vidéo de la fête de l'indépendance polonaise
Une recherche d'image inversée nous a permis d'identifier l'origine de la vidéo. Elle avait été publiée le 11 novembre 2023 sur X par un utilisateur basé en Pologne. Le filigrane mentionnant son nom, visible en haut à droite de la séquence diffusée à tort, confirme son origine (lien archivé ici).
La légende originale de la vidéo, écrite en anglais, précise qu'il s'agit d'images filmées par drone lors de la marche annuelle de l'indépendance en Pologne : "Des scènes incroyables alors que des CENTAINES de MILLIERS de personnes sont descendues dans la rue pour célébrer la Pologne !"
Le même utilisateur a également mis en ligne une version non recadrée de la vidéo sur YouTube (lien archivé ici).

L'AFP a rapporté que le rassemblement du 11 novembre 2023 pour la fête de l'indépendance à Varsovie, capitale de la Pologne, avait été suivi par des dizaines de milliers de sympathisants d'extrême droite qui brandissaient des milliers de drapeaux polonais aux couleurs nationales, le blanc et le rouge, mais également des drapeaux avec des croix celtiques, symbole d'extrême droite, ou des banderoles affichant des slogans anti-européens, dont "Polexit" (lien archivé ici).
Des photographies prises par l'AFP lors du rassemblement de 2023 montrent des scènes similaires à celles de la vidéo : des drapeaux agités, des pétards et des torches fumigènes allumées (liens archivés ici et ici).
Par ailleurs, la chaîne de télévision irlandaise RTE a affirmé que l'itinéraire de la marche, emprunté chaque 11 novembre depuis une décennie, passait par le pont Poniatowski avant de se terminer au Stade national de Pologne, où se tenaient des discours de dirigeants d'extrême droite (lien archivé ici). Plusieurs éléments visibles dans la vidéo - dont l'architecture du pont Poniatowski - correspondent à ceux observables sur Google Street View.

Les manifestations et rassemblements sont souvent la cible de campagnes de désinformation. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que le rassemblement d'extrême droite du 13 septembre 2025 à Londres donne lieu à la diffusion de contenus infondés ou sortis de leur contexte, comme l'a déjà démontré l'AFP.