Cette image d'une foule brandissant des drapeaux ne montre pas les rassemblements du 13 septembre à Londres
- Publié le 18 septembre 2025 à 19:16
- Lecture : 5 min
- Par : Magdalini GKOGKOU, AFP Grèce
- Traduction et adaptation : Cintia NABI CABRAL , AFP France
Copyright AFP 2017-2025. Toute réutilisation commerciale du contenu est sujet à un abonnement. Cliquez ici pour en savoir plus.
La manifestation du 13 septembre, organisée par le militant d'extrême droite britannique Tommy Robinson, et présentée comme une initiative pour la défense de "la liberté d'expression", a rassemblé jusqu'à 150.000 personnes selon la police londonienne (lien archivé ici). Les revendications sur place portaient prioritairement sur l'immigration, avec de nombreuses pancartes réclamant "la fin des small boats", ces embarcations de fortune sur lesquelles les migrants traversent la Manche.
Le jour de la manifestation, une image censée montrer une vue aérienne d'une foule brandissant l'Union Jack, le drapeau national du Royaume-Uni, avec une arche visible en arrière-plan, a été massivement relayée sur les réseaux sociaux.
"Ils sont plus de 3 millions à être descendus dans les rues de Londres, drapeau à la main, en lutte contre le grand remplacement. Verrons-nous un jour le même défilé dans les rues de Paris ?" peut-on lire dans une publication sur X, accompagnée de cette image. Le chiffre avancé - "3 millions de personnes" - est repris dans d'autres publications similaires, comme ici ou là.
"À quand la même chose en France ?", s'interroge un autre internaute partageant la même image sur cette même plateforme. Mais ce dernier post sur X, aimé par près de 2.000 internautes, a été publié le 2 septembre, soit 11 jours avant la manifestation.
Une recherche d'image inversée permet de retrouver cette même image publiée dès le 31 août 2025. Elle apparaît notamment dans cette publication sur X, ainsi que dans un post Instagram de Rupert Lowe, membre du Parlement britannique.
La même image a ensuite réapparu à partir du 13 septembre sur X (1, 2, 3, 4, 5) ainsi que sur LinkedIn, et ce, dans de nombreuses langues : anglais, allemand, chinois, espagnol, grec, japonais ou encore russe. Elle a même été relayée par le propriétaire de la plateforme X, Elon Musk, qui compte plus de 226 millions d'abonnés sur son compte.
Outre le fait qu'il est trompeur de suggérer qu'il s'agit d'une photo du 13 septembre, puisqu'elle a été publiée avant, cette image comporte des incohérences visuelles très probablement liées à une génération par intelligence artificielle (IA).
Des incohérences visuelles
Plusieurs de ces incohérences sont caractéristiques des contenus de ce type. Les visages des manifestants, par exemple, sont flous, déformés ou asymétriques, tandis que les mains et les expressions faciales présentent des anomalies. Les drapeaux semblent également anormaux : certains sont partiellement fusionnés entre eux, ou affichent des formes et des textures peu naturelles.
Un mélange de Champs-Elysées et de Mall
L'arche visible en arrière-plan ne correspond à aucun monument réel à Londres, ce qui suggère que la scène représentée n'existe pas. Le bâtiment en question ressemble fortement à l'Arc de Triomphe, situé à Paris, et non à un site londonien.
Comme l'a rapporté l'AFP dans cette dépêche en anglais, datée du 13 septembre, les manifestants ont défilé sur le pont de Westminster avant de se rassembler près de Downing Street, où des discours ont été prononcés par des figures de l'extrême droite européenne et nord-américaine (lien archivé ici).
S'il existe bien un arc de triomphe à Londres, le Wellington Arch, celui-ci ne se trouve pas sur le parcours du rassemblement, et son apparence est très différente de l'arche représentée dans l'image diffusée en ligne.
En comparant des images de l'AFP montrant l'avenue des Champs-Élysées à Paris et The Mall à Londres — deux lieux emblématiques régulièrement utilisés pour des rassemblements nationaux — on peut supposer que l'image partagée résulte d'un mélange visuel entre ces deux avenues.
Si de l'intelligence artificielle a bien été utilisée, celle-ci semble avoir combiné des éléments emblématiques des deux sites pour générer une scène fictive.
