Cette vidéo ne montre pas des députés israéliens en larmes après l'accord de trêve avec le Hamas
- Publié le 22 janvier 2025 à 13:43
- Lecture : 7 min
- Par : Dounia MAHIEDDINE, AFP France
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L'entrée en vigueur le 19 janvier d'une trêve pour six semaines a marqué le début d'un processus encore incertain devant mettre fin à 15 mois de guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.
Quelques jours auparavant, le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir avait averti qu’il démissionnerait du gouvernement si celui-ci adoptait l’accord de trêve avec le Hamas, qu’il a qualifié d’"irresponsable".
Dans ce contexte, une vidéo a été relayée sur les réseaux sociaux par des internautes. On y voit des membres de la Knesset (le Parlement israélien) en pleurs.
Pour certains internautes, il s'agit d'une réaction à l’accord de cessez-le-feu et à la démission du ministre israélien de l'extrême droite.
"Ben Gvir démissionne du cabinet, les membres de la Knesset pleurent sur l’accord de cessez-le-feu", peut-on lire sur de nombreuses publications (1,2,3,4,5)
Cette affirmation a été partagée dans plusieurs langues, dont l’anglais, l'arabe et l'indonésien et sur différentes plateformes parmi lesquelles Telegram et Facebook et TikTok.
Une vidéo sortie de son contexte
Cependant, cette vidéo est ancienne et sortie de son contexte.
En traduisant le mot "Parlement" en hébreu et en effectuant une recherche d'image inversée, on retrouve de nombreuses publications datant de novembre 2023, moins d’un mois après les attaques du Hamas.
"Aujourd'hui, 56 membres de la Knesset ont été invités à regarder un film de 46 minutes montrant les horreurs du massacre du H@mas (sic) le 7 octobre. La vidéo a été réalisée par les forces de défense israéliennes à l'aide d'images de caméras Go Pro et de caméras du Hamas (...) Voici les réactions à la vidéo", écrivait sur Instagram le 1er novembre 2023 une journaliste d’I24news en partageant la vidéo devenue virale.
Le compte X de la chaîne de télévision locale israélienne "Now14Israel" a diffusé ce même jour un reportage, avec des images similaires.
Ci-dessous, une comparaison entre une vidéo virale publiée sur Instagram en 2023 par une journaliste d’I24news (à gauche) et un reportage diffusé le même jour par la chaîne locale Now14Israel (à droite) :
Le quotidien en ligne Time of Israel confirmait, dans un article publié le 6 novembre 2023, qu’il s’agissait "d’une séance à huis clos" durant laquelle plusieurs députés ont "fondu en larmes" en visionnant des images inédites du 7 octobre.
"Une vidéo postée sur Instagram par une journaliste d’I24 a montré une scène émouvante de législateurs visiblement désemparés et en pleurs dans le couloir de la Knesset à l’extérieur de la salle de projection", peut-on également lire.
Depuis le début de la guerre, l'AFP a déjà vérifié ne nombreuses infox relatives à ce conflit (1,2,3,4).
Une trêve fragile
Le chef de l'armée israélienne Herzi Halevi a également démissionné le 21 janvier. Il a reconnu sa responsabilité dans "l'échec" à empêcher l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, au troisième jour d'un fragile cessez-le-feu à Gaza.
Dans la foulée, le chef de l'opposition Yaïr Lapid a réclamé la démission du Premier ministre Benjamin Netanyahu. "Maintenant, il est temps qu'ils assument leurs responsabilités et démissionnent, le Premier ministre et tout son gouvernement catastrophique."
Après l'entrée en vigueur le 19 janvier de la première phase de la trêve qui a permis la libération de trois otages israéliennes et de 90 prisonniers palestiniens, le mouvement islamiste Hamas a annoncé qu'il libérerait samedi quatre autres Israéliennes captives dans la bande de Gaza.
Durant la première phase de la trêve, 33 otages israéliens doivent être libérés en échange d'environ 1.900 Palestiniens détenus par Israël, et l'armée israélienne doit se retirer d'une partie du territoire.
Cette trêve initiale de 42 jours doit permettre l'entrée chaque jour de 600 camions d'aide humanitaire dans le territoire palestinien, assiégé par Israël.
L'attaque du Hamas a entraîné la mort de 1.210 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes.
L'offensive israélienne de représailles sur la bande de Gaza a fait au moins 46.913 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.