Le dérèglement climatique dû aux activités humaines est scientifiquement prouvé
- Publié le 07 décembre 2023 à 17:20
- Mis à jour le 09 janvier 2024 à 14:37
- Lecture : 6 min
- Par : AFP France
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Un consensus fondé sur des milliers d’études
Il existe bien un consensus scientifique sur l’origine humaine du réchauffement climatique, c’est-à-dire un avis partagé par l’immense majorité des scientifiques sur la base des résultats de milliers d’études sur le sujet.
Des scientifiques ont dès les années 70 évoqué un réchauffement climatique en lien avec l’augmentation des concentrations de CO2 dans l’atmosphère provoquées par les activités humaines
(Source : CarbonBrief)
Naomi Oreskes, professeure d'histoire des sciences à Harvard, a été la première à quantifier le consensus sur l'origine anthropique du réchauffement climatique, avec en 2004 une étude sur près plus de 900 articles scientifiques publiés entre 1993 et 2003. "Fait remarquable, aucun des articles n'exprime un désaccord" avec cette origine humaine, y concluait-elle.
De nombreux autres travaux ont corroboré ces conclusions, dont la méta-analyse de John Cook, chercheur à l'université Monash en Australie, qui en 2016 concluait que 90 à 100% des scientifiques s’accordent sur cette origine, ou une étude de 2013 plaçant le consensus à 97% sur la base de près de 12.000 articles publiés entre 1991 et 2011.
Les travaux du Giec référence sur le sujet
Les rapports publiés successivement par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) sont parallèlement devenus LA référence sur le sujet. Ils font la synthèse régulière des connaissances de la communauté scientifique internationale en analysant les études publiées. Les anticipations sont affinées au fil des rapports, à mesure, aussi, que les outils d’étude du climat se perfectionnent.
Pour ce travail colossal, les scientifiques auteurs pour le Giec se partagent en trois groupes :
• le groupe I, qui compile et analyse les milliers d’études sur le climat
• le groupe II, qui étudie l’impact du réchauffement
• le groupe III, qui présente les solutions envisageables pour l’atténuer
Dès sa première vague de rapports, en 1990-1992, le Giec se disait "certain" que "les émissions dues aux activités humaines accroissent sensiblement la concentration atmosphériques de gaz à effet de serre" (dioxyde de carbone ou méthane notamment), ce qui allait "renforcer l’effet de serre", alimentant ainsi un "réchauffement additionnel de la surface de la Terre" (Source : résumé introduisant le rapport de 1990 du groupe I du Giec, page XII).
Les rapports suivants n’ont cessé depuis de le confirmer et le préciser.
Un réchauffement calculé précisément
Le Giec en est à son sixième rapport (août 2021). La publication du seul groupe I (2.400 pages), qui a travaillé sur plus de 14.000 études, souligne d’emblée le caractère "sans équivoque" du réchauffement provoqué par "les activités humaines".
La Terre s’était ainsi réchauffée de 1,1°C en 2020 par rapport à la période 1850-1900. Une toute petite partie était liée à la variabilité naturelle du climat (entre -0,23 et +0,23°C), le reste étant provoqué par les activités humaines (page 517 du rapport du groupe I). Ce réchauffement global devrait avoir atteint 1,5°C dès le début des années 2030.
2023 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée dans le monde avec une température moyenne de 14,98°C, soit 1,48°C de plus que le climat de l'ère pré-industrielle
(Source : service européen Copernicus)
Ces températures "dépassent probablement celles de toutes les périodes depuis au moins 100.000 ans", souligne Samantha Burgess, cheffe adjointe du service sur le changement climatique de Copernicus (C3S).
La Nasa, l'agence fédérale chargée du programme spatial civil américain, documente très précisément les niveaux de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, le réchauffement en cours et ses conséquences. On peut retrouver cette multitude de données sur un site internet dédié. Elles montrent notamment que "depuis les débuts de la Révolution industrielle au XVIIIe siècle, les activités humaines ont accru le Co2 présent dans l'atmosphère de 50%", à une concentration de quelque 420 parties par million (ppm) en 2023.
Le réchauffement est aussi scruté par l'Organisation météorologique mondiale (OMM).
Conséquence : une augmentation attendue de la fréquence d’événements climatiques dits "extrêmes" tels que les sécheresses ou les précipitations hors normes.
A l’horizon 2100, le Giec a établi cinq scénarios selon l’ampleur des mesures qui auront été prises - ou pas - pour tenter de réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
La palette du réchauffement anticipé va d’un réchauffement moyen de 1,4°C en 2100 par rapport à 1850-1900 si les émissions étaient réduites massivement, à un réchauffement de 4,4°C si elles augmentaient fortement, avec trois projections intermédiaires de 1,8°C, 2,7°C et 3,6°C (Source : Résumé à l’intention des décideurs rédigé par le groupe I du Giec, page 14).
Les scientifiques soulignent en outre que chaque dixième de degré de réchauffement qui pourra être évité compte pour limiter son impact sur les sociétés humaines et la biodiversité.
L'Accord de Paris scellé lors de la COP21 en 2015 a fixé pour objectif de maintenir la hausse de la température moyenne mondiale "bien en dessous de 2°C" par rapport à l'ère pré-industrielle et de tout faire pour "limiter l'augmentation à 1,5°C".
Puis lors de la COP28 à Dubaï, les pays du monde entier ont pour la première fois approuvé le 13 décembre 2023 un compromis historique ouvrant la voie à l'abandon progressif des énergies fossiles causant le réchauffement, malgré les nombreuses concessions faites aux pays riches en pétrole et en gaz. Le texte final appelle à "transitionner hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques, d'une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l'action dans cette décennie cruciale, afin d'atteindre la neutralité carbone en 2050 conformément aux préconisations scientifiques".
Archives des liens de cette fiche :
Etude de 2013 plaçant le consensus scientifique sur le réchauffement climatique à 97%
Résumé introduisant le rapport de 1990 du groupe I du Giec
Sixième rapport du Giec et publication du seul groupe I
Organisation météorologique mondiale
Résumé à l’intention des décideurs rédigé par le groupe I, dans le sixième rapport du Giec
Retrouvez les articles de vérification de l'AFP sur le thème du consensus autour du réchauffement climatique :
L'origine humaine du réchauffement climatique fait l'objet d'un consensus scientifique
Les variations climatiques n'invalident pas l'existence du réchauffement climatique global
Non, le réchauffement climatique n'est pas "principalement" dû au soleil et à la couverture nuageuse
Pas de lien entre les émissions de CO2 dans l'atmosphère et le réchauffement climatique ? C'est faux
Attention à ces publications minimisant à tort l'impact du CO2 sur la planète
Actualisé après le 3e intertitre avec les données Copernicus pour l'ensemble de 2023 publiées le 9 janvier 2024 et commentaire de Samantha Burgess, cheffe adjointe du service sur le changement climatique de Copernicus (C3S) + nouveau graphique en fin de fiche intégrant ces donnéesActualisé avec accord COP28 du 13 décembre 2023 en fin de ficheAjoute en bas de fiche liens archivés et liens vers les factchecks de l'AFP sur le sujet9 janvier 2024 Actualisé après le 3e intertitre avec les données Copernicus pour l'ensemble de 2023 publiées le 9 janvier 2024 et commentaire de Samantha Burgess, cheffe adjointe du service sur le changement climatique de Copernicus (C3S) + nouveau graphique en fin de fiche intégrant ces données
13 décembre 2023 Actualisé avec accord COP28 du 13 décembre 2023 en fin de fiche
8 décembre 2023 Ajoute en bas de fiche liens archivés et liens vers les factchecks de l'AFP sur le sujet