Vaccin utilisé dans le cadre de la campagne nationale de vaccination contre le papillomavirus (HPV), au collège Jean Moulin au Bouscat, dans le Sud-Ouest de la France, le 5 octobre 2023 (AFP / PHILIPPE LOPEZ)

Vacciner tout le monde contre le HPV car "on ne peut pas présumer qui est fille et qui est garçon" ? C'est faux

Depuis 2008, le Royaume-Uni propose le vaccin contre le papillomavirus humain (HPV) à toutes les filles âgées de 12 à 13 ans. Ce vaccin cible les types du virus pouvant être à l'origine de cancers génitaux - dont les cancers du col de l'utérus - et de cancers ORL. Dans ce contexte, une publication sur les réseaux sociaux prétend qu'une école britannique a vacciné un élève "contre le cancer du col de l'utérus" au motif "qu'on ne peut pas présumer qui est fille et qui est garçon". Mais cette affirmation ne correspond pas à la réalité : ce vaccin est également recommandé aux jeunes garçons au Royaume-Uni depuis 2019, après qu'il a été démontré qu'il protège les hommes comme les femmes contre plusieurs types de cancers.

"Une amie britannique m'a dit que son fils a reçu un vaccin contre le cancer du col de l'utérus", peut-on lire sur une publication X du 19 mai 2025 qui poursuit : "L'école a dit qu'ils injectent tout le monde parce qu'on ne peut pas présumer qui est fille et qui est garçon".

"Plus de revenus pour big pharma. La folie !", conclut le post partagé plus d'un millier de fois et qui fait l'objet d'une note de la communauté réfutant les affirmations du message.

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Capture d'écran prise sur X le 21 mai 2025

La publication mentionne sans le citer précisément le vaccin contre les infections à papillomavirus humains (HPV), reconnu comme étant une protection efficace contre différents cancers liés au virus, dont le plus fréquent est le cancer du col de l'utérus (lien archivé ici).

Mais contrairement à ce qu'affirme l'internaute, ce n'est pas "parce qu'on ne peut pas présumer qui est fille et qui est garçon" que ce vaccin est administré à des adolescents des deux sexes .

La vaccination contre le papillomavirus - dont il existe plusieurs types - est recommandée chez les filles et les garçons, au Royaume-Uni comme en France, car elle prévient les infections pouvant évoluer dans certains cas en cancers chez les femmes et les hommes.

Campagne de vaccination mixte

Au Royaume-Uni, le vaccin contre le HPV est proposé à toutes les filles en classe de quatrième depuis septembre 2008 et à tous les garçons du même âge depuis septembre 2019, comme expliqué dans cet article de la BBC publié cette année-là (lien archivé ici).

Le programme de vaccination est mis en œuvre dans les écoles par le service national de santé britannique NHS, qui précise sur son site internet proposer le vaccin "à tous les enfants âgés de 12 à 13 ans" (lien archivé ici). Le vaccin est par ailleurs disponible gratuitement pour "toutes les filles de moins de 25 ans" et les "garçons nés après le 1er septembre 2006" qui n'auraient pas été vaccinés à l'âge de 12 ou 13 ans.

A l'occasion de la Journée de sensibilisation au HPV, le gouvernement britannique rappelait le 4 mars 2025 que "le vaccin contre le HPV offre une protection contre le cancer du col de l’utérus et protège les filles et les garçons contre plusieurs autres types de cancer" (lien archivé ici). Cette protection est assurée par une dose unique de vaccin depuis 2023, contre deux auparavant (lien archivé ici).

Parmi les cancers associés à un papillomavirus, le service national de santé britannique cite :

Le NHS précise que les infections à HPV peuvent également provoquer des verrues génitales, chez les hommes autant que chez les femmes (liens archivés 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7).

Les parents d'élèves doivent signer un formulaire de consentement, accessible sur le site du gouvernement britannique, pour permettre à leurs enfants de se faire vacciner dans leur établissement scolaire (liens archivés ici et ici).

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Couverture vaccinale contre le HPV par région et par genre chez les adolescents en Angleterre pour l'année 2023-2024. Capture d'écran prise le 22 mai 2025 sur le site du gouvernement britannique

Pourquoi vacciner les enfants et les jeunes adultes ?

"Le vaccin est plus efficace lorsqu'il est administré entre 12 et 13 ans, lorsque le système immunitaire est fort et avant que votre fils ou votre fille ne devienne sexuellement actif", peut-on lire sur le site internet Vaccination UK, mandaté par le NHS depuis 2015 pour fournir des vaccins aux élèves britanniques (lien archivé ici).

Près de 80% des personnes sont infectées par un papillomavirus au cours de leur vie, le plus souvent lors des premiers rapports sexuels. Et il n'existe pas de traitement contre les infections à HPV, comme l'explique l'AFP Factuel dans cet article.

Les papillomavirus humains forment une famille de virus communs "qui se transmettent très facilement, quasiment exclusivement par contact sexuel avec ou sans pénétration", explique la Haute autorité de Santé française (HAS) sur son site (lien archivé ici). S'agissant de l'infection sexuellement transmissible (IST) la plus fréquente, le virus se transmet par contact cutané au niveau des parties génitales.

"Le plus souvent, l'infection à HPV est asymptomatique et disparaît spontanément grâce à notre système immunitaire. Dans environ 90% des cas, le virus HPV aura disparu dans les 2 ans", précise la HAS.

Mais chez certaines personnes, une infection à HPV peut persister et provoquer des lésions cellulaires, qui peuvent dans certains cas évoluer en cancer des années plus tard. C'est en particulier le cas s'agissant du cancer du col de l'utérus, dont la cause principale est une infection persistante par un papillomavirus humain (lien archivé ici).

La vaccination est ainsi recommandée pour prévenir les infections à HPV et limiter les risques de développer des cancers liés au virus.

Le vaccin HPV en France

En France, près de 3.000 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus sont diagnostiqués chaque année et environ 1.000 femmes en décèdent. En tout, 6.400 cancers sont liés chaque année aux virus HPV, dont un sur quatre chez les hommes.

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Capture d'écran prise le 22 mai 2025 sur le site de l'Institut national du cancer

La vaccination contre les papillomavirus humains en France est recommandée pour les adolescentes - depuis 2017 - et les adolescents - depuis 2021 - de 11 à 14 ans révolus, avec un rattrapage possible entre 15 et 19 ans.

Depuis l'année scolaire 2023-2024, les élèves en classe de cinquième peuvent être vaccinés, sous réserve d'une autorisation de leurs deux parents, dans tous les collèges publics et les établissements privés volontaires.

Le vaccin ne protège cependant pas contre tous les types de HPV et n'élimine pas complètement le risque de cancers, parfois liés à d'autres facteurs (tabagisme, maladies sexuellement transmissibles, etc.).

Outre la vaccination, un dépistage est recommandé par les autorités de santé pour repérer le plus tôt possible d'éventuelles lésions précancéreuses, les surveiller ou les traiter avant leur mue en cancer.

Pour le cancer du col de l'utérus, le dépistage comprend un frottis tous les trois ans pour les femmes de 25 à 29 ans (après deux tests normaux à un an d'intervalle) à la recherche d'anomalies, puis un test tous les cinq ans entre 30 et 65 ans pour rechercher le virus HPV.

En résumé :

  • La vaccination contre les papillomavirus humains s'adresse aussi bien aux filles qu'aux garçons.
  • Une infection HPV peut induire des risques de verrues génitales et de certains cancers chez tous les jeunes adultes, hommes et femmes.

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