Non, ces images ne montrent pas une file d'attente liée à un dépistage du mpox
- Publié le 28 août 2024 à 10:22
- Mis à jour le 16 septembre 2024 à 16:53
- Lecture : 7 min
- Par : Nahiara S. ALONSO, AFP Etats-Unis, AFP France
- Traduction et adaptation : Océane CAILLAT
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"Longues files d'attente pour les tests de monkeypox à Omaha, Nebraska On dirait que le C-19 nous a rien appris... De plus, les masques, les tests PCR, les confinements et les vaccinations peuvent reprendre et les gens courront avec plus de désir", écrit sur X un internaute dans une publication postée le 20 août 2024 et depuis partagée des centaines de fois.
L'utilisateur relaie une vidéo de 9 secondes. On y voit des centaines de personnes former une longue queue en patientant debout à l'extérieur devant des bâtiments.
Cette affirmation et ces mêmes images ont aussi circulé sur Instagram, ainsi que dans d'autres langues comme en anglais, allemand et espagnol.
Or, cette allégation est fausse et repose sur une vidéo décontextualisée.
Une vidéo prise en amont d'un meeting de Tim Walz
Réaliser une recherche d'images inversées à partir de captures d'écran effectuées sur la vidéo permet de savoir si ces images ont déjà été diffusées auparavant sur internet.
Pour cette vidéo, les résultats montrent que des images de cette même queue ont été diffusées à partir du 17 août 2024. Or, les légendes qui accompagnent ces images n'ont rien à voir avec le mpox. Les internautes évoquent en effet une queue pour assister à un événement de campagne électorale de Tim Walz, le co-listier de Kamala Harris, candidate démocrate engagée dans la course à la Maison Blanche.
La vidéo devenue virale a été retrouvée par l'AFP. Elle a été postée par John Jankovich sur X, le 17 août 2024 (archivé ici). L'utilisateur indique en légende "I can't capture that does this turnout justice for the Tim Walz rally here in Omaha, NE." (en français, "je n'arrive pas à saisir un instant qui rende justice à ce rassemblement de Tim Walz ici à Omaha, NE.").
Contacté par l'AFP, John Jankovich a assuré avoir enregistré cette vidéo le 17 août 2024. "J'ai attendu presque deux heures dans la queue pour assister au meeting de Tim Walz" a-t-il déclaré à l'AFP, le 22 août.
Tim Walz se trouvait effectivement à proximité d'Omaha, le 17 août, dans le cadre de la campagne électorale démocrate. Il tenait un meeting dans la salle de concert The Astro de La Vista situé à quelques kilomètres d'Omaha, dans le Nebraska.
Ce retour dans son Etat natal a été rapporté par différents médias américains comme l'agence AP, USA Today ou encore le quotidien Omaha World-Herald (archivés ici, ici et ici). De plus, une retransmission en direct de cette venue est d'ailleurs toujours disponible sur le compte X de Tim Walz (archivé ici).
De surcroît, la comparaison entre les images capturées à partir de la vidéo virale avec celles disponibles sur Google Street View montre bien que les bâtiments que l'on voit en arrière-plan correspondent avec ceux situés à proximité de la salle de concert où se tenait ce rassemblement démocrate.
De plus, quelques minutes après avoir partagé cette vidéo John Jankovich a posté une photo où apparaît la façade du La Vista City Centre dans lequel se trouve la salle de concert The Astro (archivé ici) .
La vidéo n'a donc aucun lien avec l'épidémie de mpox qui sévit actuellement en Afrique contrairement à ce que suggèrent les internautes.
Des cas surtout concentrés en Afrique
Le mpox, "monkeypox disease" en anglais, est une maladie infectieuse transmissible liée à un virus de la famille des poxvirus. Anciennement appelée "variole du singe", son nom a été changé par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) en novembre 2022 étant donné que cette appellation donnait lieu à des stigmatisations racistes et homophobes, notamment en Afrique.
La maladie a été identifiée pour la première fois en 1970 en République démocratique du Congo et est longtemps restée circonscrite à ce pays et aux territoires voisins. Mais en 2022, elle a commencé à s'étendre au reste du monde avec près de 100 000 cas.
Ce virus se caractérise par "une éruption cutanée qui peut durer deux à quatre semaines" semblable "à des cloques ou à des lésions" qui peut s'accompagner notamment "de fièvre, de maux de tête, de douleurs musculaires, de douleurs dorsales" indique l'OMS sur son site (archivé ici).
Les virus dits mpox se classifient en deux grandes familles : le clade 1, plus virulent et mortel et endémique en Afrique, et le clade 2 endémique en Afrique de l'Ouest. Or, une recrudescence récente de cas d'un variant du clade 1 nommé 1b en République démocratique du Congo et dans les pays voisins a incité l'OMS à déclarer une urgence de santé publique mondiale, le 14 août 2024 (archivé ici).
Mais aucune opération de tests à grande échelle n'a été mise en place aux Etats-Unis contrairement à ce que sous-entend l'internaute.
Sur le site du département de la Santé et des services sociaux du Nebraska, il est indiqué que les tests sont recommandés pour les personnes "présentant une éruption cutanée" (archivé ici).
Contacté par l'AFP, un porte-parole des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) a par ailleurs déclaré le 22 août au sujet du clade 1, qui circule actuellement en République démocratique du Congo et dans les pays voisins, que le risque pour les Etats-Unis "est considéré comme faible".
"Les CDC ne recommandent aucun test de dépistage du mpox au grand public", a-t-il ajouté. De plus, les CDC rappelaient dans une note mise à jour sur leur site le 26 août 2024 qu' "aucun cas de clade 1 mpox n'a été signalé aux Etats-Unis à ce jour".
Concernant la vaccination, l'OMS n'a pour l'instant fait appel à aucune vaccination massive à échelle planétaire. Si des vaccins sont bien disponibles, l'organisation précise que le vaccin est surtout recommandé pour les "personnes à risque", en l'occurrence : les agents de santé exposés au virus, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes ayant des partenaires sexuels multiples et les travailleurs du sexe.
En ce qui concerne l'Europe, le risque global d'infection par le clade 1 du mpox "est actuellement considéré par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) comme faible", peut-on lire sur le site du ministère français de la Santé (archivé ici). En Europe, un premier cas de mpox de clade 1 a été détecté en Suède, le 15 août.
Au sujet de la France, "aucune contamination par le clade 1 n'a été recensée" indique le ministère dans une note mise à jour le 26 août. Le 20 août, le Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal a indiqué l'ouverture de 232 sites de vaccination et une promesse de 100 000 doses de vaccins aux pays les plus touchés.
L'épidémie de mpox fait l'objet de beaucoup de désinformation. L'AFP a déjà réfuté des affirmations fausses ou trompeuses à ce sujet comme ici ou ici.
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