L'OMS n'a pas demandé aux Etats de faire appel à l'armée pour imposer une vaccination forcée en s'alliant avec Bill Gates

Plus de quatre ans après le début de la pandémie, de nombreuses infox visent toujours les vaccins anti-Covid, qui ont pourtant sauvé des millions de vies, selon les autorités sanitaires de nombreux pays. Parmi elles, des allégations ont prétendu que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) se serait "alliée" au milliardaire Bill Gates afin de faire appel à "l'armée" pour "arrêter" les personnes non-vaccinées, en prévention d'une nouvelle pandémie. Ces allégations sont fausses, et s'inscrivent dans une lignée de rumeurs conspirationnistes visant Bill Gates et l'OMS. Cette dernière et la fondation Gates ont démenti les assertions, et l'agence de santé onusienne n'a de toute façon pas le pouvoir d'imposer quoi que ce soit aux Etats.

"Bill Gates s'est associé à l'Organisation mondiale de la santé pour appeler à ce que ceux qui refusent de se faire vacciner soient arrêtés par l'armée et injectés de force avec de l'ARNm lors de la prochaine pandémie", assure une publication partagée 300 fois sur X en moins d'une demi-journée le 6 août.

D'autres assertions similaires ont récolté des milliers de partages sur X et Facebook début août 2024, en France et au Québec, et ont aussi été largement partagées en anglais.

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Captures d'écran prises sur X le 6 août 2024

Certains des messages renvoient vers un article du site The People's Voice, dont des contenus trompeurs ont déjà maintes fois été vérifiés par l'AFP (comme ici, ici ou ), ou en diffusent une capture d'écran.

Une partie des allégations assure aussi que l'OMS aurait pris cette décision en prévision du déploiement de futurs vaccins, notamment contre la grippe aviaire.

L'OMS recommande la vaccination anti-Covid

L'OMS recommande la vaccination contre le Covid-19, dont les études (1, 2) ont estimé qu'elle a permis de sauver des millions de vies (liens archivés ici et ).

L'agence soutient (lien archivé ici) également la recherche de vaccins contre la grippe aviaire (lien archivé ici), qui s'est récemment propagée aux mammifères (lien archivé ici).

Mais en effectuant des recherches sur le site de l'OMS, l'AFP n'a pas retrouvé de mention de programme proposant une vaccination forcée, ou censée être mise en place par l'armée. Un porte-parole de l'OMS a confirmé auprès de l'AFP le 5 août 2024 que les allégations sur les vaccinations forcées étaient "aussi bien des mensonges flagrants que des éléments dangereux de désinformation".

"Ce sont les Etats membres souverains qui prennent des décisions et des mesures concernant la santé de leurs populations", a ajouté l'agence, ajoutant qu'il "est faux et mensonger de prétendre que l'OMS a proposé d'impliquer des militaires, comme le mentionnent ces allégations sans fondement, et l'OMS n'a pas non plus la capacité d'imposer des vaccinations obligatoires".

L'AFP n'a pu trouver aucune preuve crédible que Bill Gates aurait publiquement tenu des propos sur ce sujet. La Fondation Gates, l'organisation philanthropique du cofondateur de Microsoft, a également déclaré auprès de l'AFP que cette affirmation était "fausse".

Comme le détaillait l'AFP en mai 2020, déjà nombreuses depuis des années, les infox et théories du complot visant le cofondateur de Microsoft Bill Gates, engagé dans la lutte contre le Covid-19, avaient trouvé un nouvel élan à la faveur de la pandémie de nouveau coronavirus. 

L'OMS émet des recommandations

Ce n'est pas la première fois que des rumeurs trompeuses prétendant que l'OMS aurait "imposé" des politiques, qui consisteraient en une "perte de souveraineté pour les Etats" circulent sur les réseaux sociaux : l'AFP a par exemple déjà vérifié des infox sur l'obligation vaccinale, sur un traité sur pandémies et sur un programme d'éducation à la sexualité.

Comme l'écrivait déjà l'AFP en 2022, créée en 1948, l'OMS est une organisation intergouvernementale réunissant chaque année à Genève, lors d'une Assemblée mondiale de la Santé (lien archivé ici), des délégations de ses 194 Etats membres. 

Son objectif est de proposer des recommandations, dont certaines sont appelées "normes", sur des sujets de santé, à partir des données connues sur différents sujets.

Comme le soulignait l'agence en avril 2024 auprès de l'AFP, "l'OMS ne donne pas d'instructions ou d'ordres aux pays sur ce qu'ils doivent faire. L'OMS fournit des guides pour les politiques et les programmes sur la base des résultats de la recherche et de l'expérience des programmes", détaille l'institution auprès de l'AFP.

Ainsi, "l'OMS n'a pas le pouvoir d'emprisonner qui que ce soit. Les affirmations selon lesquelles l'OMS travaille avec les gouvernements dans ce but sont fausses et dangereuses", a affirmé Maria Van Kerkhove, épidémiologiste à l'OMS, dans un message sur X publié le 3 août (lien archivé ici).

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