
Non, les tests PCR ne provoquent pas d'"effets secondaires" sur la barrière hémato-encéphalique
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- Publié le 10 septembre 2020 à 16:45
- Lecture : 2 min
- Par : AFP France, AFP Australie
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"Gazé, le petit Tyrone a perdu sa barrière hémato-encéphalique", peut-on lire en lettres capitales noires à la 55e seconde de la vidéo – un texte anxiogène incrusté sur les images d'un reportage de la chaîne locale Wéo consacré à "un centre de dépistage au Covid-19 entièrement dédié aux enfants" à Valenciennes (Nord).

Quelques secondes plus tard, une fillette fait elle aussi l'objet d'un test PCR. Un écouvillon lui est enfoncé dans le nez. "La sorcière chantera une chanson, pour lui abîmer sa barrière hémato-encéphalique", lit-on à l'écran, là encore en lettres capitales noires.

Dans la deuxième partie de la vidéo, un homme en polo rouge enfonce le clou : "le frottis [à l'aide de l'écouvillon] se fait sur la barrière hémato-encéphalique", et peut "compromettre" cette zone dont le rôle est de protéger le cerveau de substances intruses.
Problème : ces affirmations sont fausses, selon deux experts contactés pour un précédent article de vérification par le bureau de l'AFP à Sydney.
"L'écouvillon ne touche pas la barrière hémato-encéphalique et ne la met pas en danger. Cela ne menace en aucun cas notre système nerveux", explique John Dwyer, immunologiste et professeur émérite à l'université de Nouvelles-Galles du Sud (Australie), joint le 10 juillet.
"Les écouvillons des tests PCR n'endommagent pas la barrière hémato-encéphalique de quelque manière que ce soit", a également assuré John Matthews, épidémiologiste à l'université de Melbourne contacté le même jour.
"Un écouvillonnage n’entre pas au contact de la barrière hémato-encéphalique, il faudrait qu’il franchisse la muqueuse et l’os du crâne pour l’atteindre !", expliquait à nos confrères de 20 Minutes Daniel Dunia, directeur de recherche en neurovirologie au CNRS.
"Un test PCR est un prélèvement nasal profond pour recherche du virus par biologie moléculaire (...), réalisé à l’aide d’un écouvillon (sorte de long coton tige)", explique sur son site internet le CHU de Rouen.

Ces prélèvements nasopharyngés, qui nécessitent d'aller "assez loin par le nez" pour atteindre la gorge, peuvent être "assez douloureux", mais "ils sont (...) efficaces car ils sont réalisés dans les zones où le virus se multiplie le plus", détaillait début juillet à l'AFP le Pr Olivier Schwartz, virologiste et responsable de l'unité Virus et immunité à l'Institut Pasteur.
Désagréable donc, mais sans danger pour la barrière hémato-encéphalique. Celle-ci est une zone qui protège le cerveau "contre les substances potentiellement nocives dans la circulation sanguine". Elle "sépare les vaisseaux sanguins de l’espace extracellulaire du tissu nerveux", explique le microbiologiste Philippe Sansonetti.
"Cela fait de nombreuses années qu'on utilise sans aucun problème les prélèvements nasopharyngés pour tester la présence d'autres virus", rappelle l'épidémiologiste John Matthews.