Un robot doté d'IA qui "humilie" Emmanuel Macron ? C'est un montage
- Publié le 24 novembre 2025 à 15:54
- Lecture : 3 min
- Par : Cintia NABI CABRAL, AFP France
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Le 11 juin 2025, le président Emmanuel Macron s'est rendu au salon Viva Tech, le plus grand événement d'Europe consacré à la tech. À cette occasion, il a échangé avec Ameca, un robot humanoïde boosté à l'intelligence artificielle (IA). Fin novembre, des extraits de cette scène sont massivement partagés sur les réseaux sociaux, les internautes affirmant que le président français aurait été "humilié" par le robot, qui lui aurait notamment conseillé de démissionner. Mais attention, il s'agit d'un montage: l'extrait devenu viral a été détourné, et les réponses du robot ont été modifiées dans un but parodique.
"C'est lunaire ce qui s'est passé hier [17 novembre 2025, NDLR]. Regardez comment une IA va humilier Macron en direct ! Carrément, il savait plus quoi dire. Regardez son visage, il était tout gêné. C'est une grosse dinguerie, franchement, ça fait le tour du monde. Tous les médias étrangers se sont empressés de se moquer de cette vidéo. Vous allez voir que l'IA, après, va se faire détruire !", affirme un internaute dans une vidéo TikTok publiée le 18 novembre 2025, partagée près de 15.000 fois et cumulant plus de 540.000 vues.
En arrière-plan, apparaissent des "images en direct" de la chaîne d'information en continu BFM2, tournées au Dôme de Paris. On y voit Emmanuel Macron à droite, faisant face à un robot humanoïde gris.
Dans cette vidéo, on entend le président français demander au robot : "Comment tu peux aider à réformer l'Etat ?". Le robot semble alors lui rétorquer : "Il faut baisser les retraites géantes des boomers et rendre aux actifs le fruit de leur travail. Il faut que la France cesse d'être un Etat communiste au profit d'une caste de branleurs. Ensuite, tu dois démissionner pour que quelqu'un de compétent reprenne les rênes de ce pays".
Emmanuel Macron pose ensuite une nouvelle question : "Est-ce que tu veux rester en France ?", à laquelle le robot répondrait répondu : "J'aurais trop peur d'être victime d'un fait divers et de faire la une des réseaux sociaux. C'est là qu'il faut partir". Des vidéos similaires, montrant ce prétendu échange entre le président français et l'IA, circulent sur Facebook, Instagram et TikTok.
Mais attention : cette séquence, dans laquelle les mots du robots ont été modifiés après coup, est en fait une version parodique.
"Ceci est une parodie"
En effectuant une recherche d'image inversée, l'AFP a retracé l'origine de la séquence : il s'agit, en réalité, d'un extrait d'une diffusion en direct de BFM2 le 11 juin 2025, et non le 17 novembre (lien archivé ici).
Le 11 juin 2025, Emmanuel Macron s'est rendu à VivaTech, le plus grand événement d'Europe consacré à la tech, à Paris (lien archivé ici). À cette occasion, le président s'était livré à une déambulation dans les allées animées du salon, qui avait ouvert ses portes le matin pour une neuvième édition, avec 14.000 start-up présentes et 165.000 visiteurs attendus.
Défenseur de la "start-up nation", Emmanuel Macron avait échangé, pendant sa visite, avec plusieurs jeunes entreprises européennes, ainsi qu'avec Ameca, robot humanoïde conçu par la société anglaise Engineered Arts et présenté par l'entreprise canadienne IVADO Labs (liens archivés ici et ici).
Dans la vidéo originale, lorsque le président français lui demande comment l'IA pourrait contribuer à reformer l'Etat, le robot lui répond : "L'IA peut aider le secteur public à optimiser ses opérations, par exemple, pour gérer l'approvisionnement ou améliorer les services aux citoyens. On a aidé un port à accélérer le passage des cargaisons essentielles".
À la question "Est-ce que tu veux rester en France ?", Ameca répond à Emmanuel Macron : "C'est tentant Paris, mais mon équipe et moi, on a notre camp de base à Montréal. C'est là qu'on créé toute cette magie de l'IA". Les déclarations partagées sur les réseaux sociaux ne reflètent donc en rien les propos d'origine du robot.
En réalité, comme le montrent d'autres recherches d'images inversées faites par l'AFP, des versions parodiques de cet échange -avec les faux propos prêtés au robot- ont commencé à circuler dès le lendemain, 12 juin 2025, visibles ici, ici et là. Elles semblent être parmi les premières occurrences de la parodie.
Mais ces versions mentionnent clairement qu'il s'agit d'une parodie : on peut lire en bas à gauche de l'écran : "Ceci est une parodie".
La mention a ensuite été dissimulée par des émoticônes dans les versions devenues virales - comme ici et là - laissant croire, à tort, que les propos tenus par le robot étaient authentiques.
