Cette réaction d'étudiants de Harvard face à un diplomate israélien date de 2019, et pas de 2023

La guerre en cours entre Israël et le Hamas a des répercussions dans de très nombreux pays du monde, où des personnes se mobilisent pour soutenir soit Israël, soit la cause des Palestiniens, provoquant parfois des heurts. Ces tensions ne sont pas nouvelles, mais ont pris une ampleur plus grande depuis l'attaque contre Israël perpétrée par le Hamas le 7 octobre et les mesures de représailles contre le mouvement islamiste lancé par Israël à Gaza, qui fait de nombreuses victimes civiles. Une vidéo circule sur les réseaux sociaux, prétendant montrer des étudiants de la prestigieuse université américaine de Harvard quitter la salle face au consul général d'Israël pour dénoncer la mort de civils palestiniens, tués par l'armée israélienne. Si la vidéo montre effectivement des étudiants boycotter le consul, elle n'a en revanche pas de lien avec la guerre en cours puisqu'elle date de 2019. Et bien qu'il y ait des manifestations pro-palestiniennes à Harvard depuis le début du conflit, elles n'ont pas impliqué de diplomate israélien.

"LE CONSUL GENERAL ISRAELIEN HUMILIE PAR LES ETUDIANTS DE L'UNIVERSITE DE HARVARD" (sic), affirme une publication sur Facebook le 7 novembre. "Le consul général israélien à New York s'est rendu à l'université de Harvard à l'invitation des plus grands donateurs de l'école pour montrer et parler des horreurs de l'attaque du Hamas. À sa surprise, dès qu'il a commencé à parler, les étudiants dans la salle ont brandi des pancartes en soutien du peuple de Gaza et contre le meurtre brutal de plus de 4 000 enfants. Les étudiants ont quitté la salle en masse", selon le texte accompagnant la vidéo (archivé ici).

Image
Capture d'écran Facebook réalisée le 21 novembre 2023

Des publications similaires ont été trouvées en français sur Facebook (ici) ou X (ici), mais également en anglais (ici) ou en espagnol (ici, ici, ou ici).

L'organisation islamiste Hamas, au pouvoir dans le territoire de la bande de Gaza et classée organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne, a tué environ 1.200 personnes, en grande majorité des civils, selon les autorités israéliennes, lors de l'attaque lancée le 7 octobre, au cours de laquelle elle a également emmené des otages.

En représailles, Israël a juré d'"anéantir" le Hamas, pilonnant Gaza et menant une offensive terrestre depuis 27 octobre. Dans ce petit territoire très densément peuplé, les bombardements ont tué plus de 13.300 personnes, dont plus de 5.600 enfants, selon le gouvernement du Hamas.

Dans de nombreux pays du monde, cette guerre a provoqué de nombreuses manifestations : hostiles à Israël dans les pays de tradition musulmane ; et dans les autres, certaines en soutien à Israël, d'autres en soutien à la cause palestinienne, provoquant parfois de vives tensions, notamment aux Etats-Unis, soutien indéfectible et historique d'Israël, où un manifestant de confession juive a été tué lors de heurts avec des pro-palestiniens (archivé ici).

Certaines universités américaines, traditionnels creusets d'affrontements idéologiques profonds et de militantisme radical, ne sont pas épargnées par le phénomène. Des manifestations étudiantes possiblement répréhensibles font l'objet d'enquêtes pour "harcèlement antisémite" ou "harcèlement islamophobe". Fin octobre, la Maison Blanche s'était inquiétée de la "hausse alarmante des incidents antisémites dans les écoles et sur les campus universitaires" depuis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre. (archivé ici).

Sur la vidéo en question, il est possible de voir un homme en costume se présenter devant un auditoire et commencer à dire en anglais qu'il est "très heureux" d'être à Harvard. Immédiatement, de nombreuses personnes dans la salle se lèvent quittent leur place, certaines brandissant des pancartes.

Une recherche sur Google avec les mots "consul", "Israël" et "Harvard", permet de trouver une version de la vidéo publiée par le média MiddleEastEye sur Facebook et YouTube le 14 novembre 2019, donc bien avant le 7 octobre 2023, ce qui prouve que cette manifestation n'a aucun lien avec la mort des civils palestiniens tués par les frappes de l'armée israélienne (archivées ici et ici).

La publication de 2019 affirme que les étudiants ont quitté la salle et refusé d'écouter le consul pour dénoncer la colonisation israélienne des territoires palestiniens occupés.

Dani Dayan, le consul général qui apparaît sur l'image, nommé président du centre Yad Vashem sur l'Holocauste en 2021, avait relaté l'événement sur X, affirmant qu'une centaine de personnes "bien organisées" ont quitté la salle et que de 80 à 90 autres personnes sont elles restées pour l'écouter et échanger, qualifiant les manifestants pro-palestiniens d"'habituels haineux envers Israël" (archivé ici).

Image
Des manifestants pro-palestiniens rassemblés devant Harvard le 14 octobre 2023 ( AFP / JOSEPH PREZIOSO)

Peu après le 7 octobre, une trentaine d'organisation étudiantes d'Harvard a signé un texte affirmant que la responsabilité de l'attaque contre les civils israéliens n'incombait pas au Hamas mais à Israël. Les signataires tiennent "le régime israélien pour entièrement responsable de la violence", affirment que l'attaque "n'est pas venu du néant" et que "la violence israélienne structure le moindre aspect de l'existence des Palestiniens depuis 75 ans" (archivé ici).

Vous souhaitez que l'AFP vérifie une information?

Nous contacter