
Non, cette vidéo ne montre pas l'explosion du parlement palestinien à Gaza
- Cet article date de plus d'un an
- Publié le 16 novembre 2023 à 18:15
- Lecture : 7 min
- Par : AFP France
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Le 7 octobre, plus de 1.200 personnes ont été tuées sur le territoire israélien par les hommes du Hamas, en majorité des civils fauchés par balles, brûlés vifs ou morts de mutilations, selon les autorités israéliennes. Il s'agit d'une attaque d'une ampleur et d'une violence jamais vues depuis la création d'Israël en 1948.
Au cours de l'attaque, quelque 240 personnes -dont des enfants- ont été emmenées en otages dans la bande de Gaza, selon l'armée israélienne.
Le Hamas a affirmé de son côté, le 15 novembre, qu'au moins 11.500 personnes - majoritairement des civils, dont près de la moitié d'enfants - ont été tuées dans les bombardements israéliens en représailles et dans les combats au sol dans la bande de Gaza.
Des quartiers entiers y ont été rasés et se retrouvent sans eau, sans nourriture ni électricité, après le siège imposé par Israël le 9 octobre au territoire, déjà soumis à un blocus terrestre, maritime et aérien depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.
Au moins 1,6 des 2,4 millions de Palestiniens de Gaza ont été déplacés depuis le début de la guerre, selon l'ONU.
Le 14 novembre (lien archivé ici), l’armée israélienne a affirmé avoir pris le contrôle du "Parlement du Hamas, du QG du gouvernement, des sièges de la police du Hamas et une faculté d'ingénierie qui servait à la production et au développement d'armes".
Sur les réseaux sociaux, des images montrent des soldats israéliens déployant le drapeau bleu et blanc d'Israël sur l'estrade du chef du Parlement ainsi que des soldats posant devant un mur où est inscrit au-dessus d'un insigne "Siège de la police militaire".

Comme le montre la photo de l'AFP ci-dessous, il s'agit bien de la salle du Conseil législatif à Gaza.

Dans ce contexte, des publications sur X (1, 2) diffusent une vidéo affirmant qu’elle montre l’explosion du "bâtiment du Parlement dans la ville de Gaza". Cette même vidéo circule massivement en anglais.
Elle a également été partagée dans un article de i24 News et par Ofir Gendelman sur X, un diplomate israélien, avec pour légende : "Aujourd'hui, nos forces terrestres ont fait exploser le siège du Conseil législatif du Hamas dans la bande de Gaza dans le cadre de la destruction du régime d'oppression et de terrorisme du Hamas."

Un bâtiment dans le village de Juhor ad Dik
Le parlement palestinien, qui est censé siéger à Ramallah en Cisjordanie occupée où est installée l'Autorité palestinienne, est en sommeil depuis des années et a été officiellement dissout en 2018.
Depuis que le Hamas a chassé l'Autorité palestinienne de Gaza en 2007, les deux territoires palestiniens dépendent de fait d'autorités parallèles.
Le parlement palestinien de Gaza, “Parliament Legislative Council”, se situe rue Omer El Mokhtar, à Gaza (lien archivé ici). Il est reconnaissable à son architecture et particulièrement à son dôme.



Des éléments que l’on ne retrouve pas sur le bâtiment qui explose dans la vidéo. Par ailleurs, le parlement palestinien se trouve en pleine ville, entouré de plusieurs infrastructures, tandis que le bâtiment de la vidéo semble se situer dans un environnement moins dense.
Un immeuble dans un village palestinien
La vidéo que nous examinons permet d'identifier plusieurs éléments sur et autour du bâtiment, notamment les six tours qui le composent. On observe également un arbre au pied du bâtiment.
A l'aide de commentaires d'internautes (archive) qui ont réussi à géolocaliser la vidéo, l'AFP a pu retrouver le bâtiment en question. Il s'agit d'un immeuble à Juhor ad Dik, un village agricole palestinien qui se situe dans le centre de la bande de Gaza.


Le village de Juhor ad Dik se situe à plus de 6 kilomètres du parlement palestinien à Gaza.

Le 28 octobre, selon le New York Times (lien archivé ici) qui a analysé une vidéo de l'armée israélienne publiée la veille, "une colonne de chars" se dirigeait "vers l'ouest en direction du village de Juhor ad Dik", au sud-est de la ville de Gaza.
"Des bâtiments, y compris ce qui semble être des maisons et des immeubles d'habitation, sont vus en train d'être bombardés dans une zone d'environ un mile [1,6 km, NDLR] de long à Juhor ad Dik. Le village se trouve juste au nord de la ligne d’évacuation qu'Israël a établie le 13 octobre lorsqu'il a ordonné à tous les habitants du nord de Gaza de se déplacer vers le sud", détaillent-ils dans leur "direct" sur la guerre entre Israël et le Hamas.
L'AFP n'a néanmoins pas été en mesure de retrouver la source de la vidéo que nous examinons.
Le parlement palestinien touché par une frappe
Le 16 novembre, le New York Times a publié (lien archivé ici) des images satellite montant que le parlement palestinien de Gaza a été partiellement détruit la veille ou l'avant-veille, quelques jours après que les forces israéliennes en ont pris le contrôle.
"Une photo publiée mardi montre un complexe apparemment intact et un parc adjacent. Une image prise un jour plus tard montre des bâtiments détruits, des toits effondrés et des débris éparpillés dans le complexe. Le parc a été rasé au bulldozer", précisent-ils sur leur site.
A few more details on the newly demolished Palestinian Legislative Council complex in #Gaza City https://t.co/gJuL681vwVpic.twitter.com/L7a1jzLEKr
— Christoph Koettl (@ckoettl) November 16, 2023
Depuis le 15 novembre (lien archivé ici), l'armée israélienne est déployée dans l’hôpital al-Chifa, le plus grand de la bande de Gaza, où s'entassent des milliers de civils palestiniens.
Plusieurs organisations internationales ont exprimé leur inquiétude sur le sort des civils, tandis que l'ONU s'est dite "horrifiée" par l'opération israélienne.
Environ 2.300 personnes selon l'ONU, dont des patients, des soignants et des déplacés de guerre sont massés à l'intérieur d'al-Chifa, sans eau ni électricité faute de carburant pour alimenter les générateurs.
L'armée israélienne a annoncé le 16 novembre avoir pris le contrôle du port de Gaza, un petit port de pêche dont l'activité est limitée par le blocus qu'impose Israël à la bande de Gaza depuis la prise de pouvoir du Hamas dans ce territoire palestinien en 2007.
Sortant du silence pour la première fois depuis le début du conflit, le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé à des "pauses humanitaires urgentes et prolongées" dans la bande de Gaza.
De nombreuses autres fausses informations en lien avec le conflit Hamas/Israël ont été vérifiées par l'AFP, à retrouver sur le site AFP Factuel.