Non, les vaccins Covid à ARN messager ne sont pas responsables d'une "énorme vague de maladies"
- Publié le 09 novembre 2023 à 16:46
- Lecture : 18 min
- Par : Anna HOLLINGSWORTH, AFP Finlande, AFP France
- Traduction et adaptation : Erin FLANAGAN , Julie PACOREL
Copyright AFP 2017-2024. Toute réutilisation commerciale du contenu est sujet à un abonnement. Cliquez ici pour en savoir plus.
"Les vaccins sont à l’origine de cette énorme vague de maladies. Les vaccins COVID -19 et tous leurs descendants et futurs rappels ne sont pas sûrs pour l'utilisation humaine": des accusations diffusées massivement sur les réseaux sociaux.
L’intervention de Peter McCullough, figure de proue des opposants au vaccin Covid aux Etats-Unis, à Strasbourg le 13 septembre, a été relayée comme "un témoignage exceptionnel devant le Parlement européen", "un discours courageux" par de nombreux internautes.
Virginie Joron, députée européenne Député européen du Groupe Identité et Démocratie et membre du Conseil National du Rassemblement national, a ainsi partagé la vidéo de ces déclarations sur Facebook le 22 septembre et sur YouTube (plus de 80.000 vues) le 28 septembre.
La même vidéo de près de 18 minutes a été partagée en Suède, sur la plateforme Rumble, mais aussi dans d’autres langues, notamment l’allemand, l’anglais ou encore le slovaque.
La vidéo porte le logo de Courageous discourse, le site du Dr McCullough. Le médecin explique, entre autres, que les patients Covid n’ont pas été bien soignés et que les vaccins ont créé une seconde "vague" après la vague de Covid elle-même. Il finit par appeler à l’interdiction des vaccins.
Pas une audition officielle
Contrairement à ce que laissent penser des titres en anglais de la vidéo évoquant une "audition officielle", Peter McCullough n’était pas interrogé au Parlement dans ce cadre.
Sur cette archive de son site web (la page n'est plus visible au 9 novembre), la députée européenne Christine Anderson, à l'initiative de l’invitation de McCullough, entretient aussi cette confusion en parlant d’une "audition d’experts" sur "la santé et la démocratie sous les nouvelles règles proposées par l'OMS".
Plusieurs intervenants sont listés aux côtés des cinq députés organisant l'événement. En bas à droite de l'affiche de l'événement (photo ci-dessous), on peut voir le logo du groupe Identité et démocratie (extrême droite).
Un groupe parlementaire peut organiser une audition avec des experts "sur des sujets particuliers", selon le site du Parlement européen (archive).
Mais dans la liste des auditions officielles publiée sur le site du Parlement, aucune mention n'est faite de la présentation de McCullough le 13 septembre.
Cette réunion "n'était pas un événement officiel du Parlement européen et n'a pas été organisé ni financé par le Parlement européen", a confirmé le Parlement à l'AFP le 28 septembre. Il ne s'agissait donc pas d'un discours devant tous les députés, mais d'une réunion en comité réduit, à l'invitation d'un groupe d'extrême droite.
Des groupes et élus opposés à la vaccination instrumentalisent régulièrement les auditions dans des parlements à travers le monde pour jouer sur cette ambiguïté et légitimer les propos tenus lors de ces audiences, y compris quand il s'agit de désinformation.
Ces auditions "participent d’un arsenal de désinformation", avait dit à l'AFP Sebastian Dieguez, spécialiste du complotisme à l'Université de Fribourg (Suisse), interrogé sur le sujet en juillet 2022.
"Participer à des auditions donne à ces points de vue une plateforme légitime", abondait auprès de l'AFP Molly Reynolds, du think tank américain Brookings Institution.
L'immunité naturelle
Selon Peter McCullough, il fallait "miser sur l’immunité naturelle une fois qu'on a fait sa maladie", selon lui "le meilleur traitement" contre le Covid-19.
"La majorité des hospitalisations et des morts était totalement évitable chez les patients les plus à risque, avec une intervention précoce", dit-il, recommandant des sprays nasaux et des gargarismes, de même que des traitements oraux et en intraveineuse à domicile. Des affirmations infondées, comme expliqué par des experts dans cet article de l'AFP Factuel.
Pour l'Agence européenne du médicament, qui a répondu aux questions de l'AFP le 26 septembre 2023, si l'immunité naturelle (le fait d'avoir déjà contracté le virus) est efficace, elle décroit avec le temps et fait courir aux patients le risque de souffrir d'une forme grave de la maladie.
L'immunité induite par les vaccins décroit elle aussi, "mais les rappels renforcent la capacité du corps à construire une résistance contre la maladie sans avoir à s'exposer à des issues potentiellement graves de la maladie".
"Avec un bilan de plus de 6,9 millions de morts du Covid dans le monde selon l’OMS, et plus de 23 millions de morts excédentaires liés à la pandémie, avec des conséquences à long terme encore inconnues de la maladie, laisser le virus infecter une population non-protégée n’est pas acceptable", conclut l'EMA.
Des millions de vies sauvées
Lors de son allocution, McCullough a mis en cause la sécurité des vaccins Covid à ARN messager, estimant qu'ils avaient été responsable "d'une seconde vague de maladies" après la vague pandémique, les attribuant à la vaccination à la protéine "spike" induites dans le corps du vacciné.
Pourtant les vaccins anti-Covid, dont près d’un milliard de doses ont été administrées rien que dans l’Union européenne et aux Etats-Unis, ont sauvé “des millions de vies” selon l’Agence européenne du médicament (EMA), dans ce communiqué archivé ici. L’EMA rappelle aussi qu'il n’y a “aucune preuve (archive) d'une augmentation des décès liée à la vaccination Covid, dans aucun groupe d’âge”.
Dans un mail à l’AFP le 26 septembre, un porte-parole de l’EMA a ajouté: "avant leur autorisation, les vaccins sont testés sur des dizaines de milliers de participants dans des essais cliniques randomisées pour confirmer qu’ils répondent aux normes de l’EMA sur la sécurité, l’efficacité et la qualité".
Les vaccins à ARNm spécialement pointés du doigt par Peter McCullough, développés depuis plusieurs années mais approuvés pour la première fois sur l'homme avec les vaccins contre le Covid-19, consistent en l'injection d'ARN de synthèse, qui va "dire" aux cellules de l'organisme vacciné de fabriquer une protéine spécifique du virus, appelée "spike" (ou en français "spicule" ou protéine "de pointe", la pointe qui se trouve à sa surface et lui permet de s'attacher aux cellules humaines pour les pénétrer), d'où le terme d'"ARN messager".
Reconnaissant cette protéine, l'organisme saura se défendre grâce à la production d'anticorps "anti-spike" s'il vient à être infecté par le Sars-CoV-2, virus responsable de la maladie Covid-19.
Le Parlement européen a d'ailleurs réaffirmé dans une résolution (archive) de juillet que les vaccins autorisés dans l'Union étaient efficaces contre les formes graves de la maladie, et les décès.
Des fausses affirmations sur la durée d'action de la protéine spike
Peter McCullough affirme que la protéine spike continue de circuler dans le corps après la vaccination: "L'ARN messager et la protéine spike ne peuvent pas être éliminés de l'organisme, comme ils sont produits en permanence", assure-t-il.
"Pas une seule étude ne prouve que l'ARN messager se décompose", ajoute-t-il, et cette permanence de l'ARNm produirait selon lui des effets indésirables.
Selon les experts interrogés par l'AFP, c'est faux.
"Le principe de la vaccination à ARN est que celle-ci induit la production de la protéine spike de façon très transitoire, ce qui suffit parfaitement à induire une réponse immunitaire spécifique de spike, mais très rapidement les ARN injectés ainsi que les protéines dont il a induit la fabrication sont dégradés. Cela fait que de toute façon rien ne persiste dans l'organisme mis à part la mémoire du système immunitaire pour la protéine spike", a expliqué à l'AFP en juillet 2023 Frédéric Altare, directeur du département d'Immunologie au Centre de recherche en cancérologie et immunologie Nantes-Angers (CRCINA) et directeur de recherche à l'Inserm.
En septembre, après la parution d'une nouvelle étude sur le sujet (archivée ici), M. Altare a estimé que dans les dernières versions des vaccins à ARNm, plus efficaces contre les nouveaux variants, "certaines modifications de l'ARN vaccinal ainsi que sur la protéine spike qu'il permet de produire, ont amélioré la durée de vie à la fois de l'ARN et de la protéine qu'il produit, dans le but d'améliorer leur capacité à activer plus fort une réponse immunitaire. Ces modifications pourraient en effet permettre de les détecter plus longtemps qu'un ARN ou qu'une protéine 'naturelles'".
Pour autant, juge-t-il, "seuls des fragments de la spike recombinante ont pu être identifiés dans cette étude, donc la protéine recombinante a bien été dégradée, même si cette dégradation n'est pas de 100 %, certainement à cause des modifications spécifiques ajoutées pour améliorer la stabilité". Il s'agit selon lui de "traces de résidus de dégradation du produit vaccinal (...) et sauf preuve du contraire, pour l'instant personne n'a montré une quelconque activité de ce genre de débris de dégradation".
"Si on analysait d'autres protéines vaccinales de vaccins utilisés sous forme de protéines injectées, on trouverait aussi chez certains sujets à distance de l'injection certains fragment de dégradation de ces protéines vaccinales sans que cela n'ait aucune conséquence connue", a-t-il ajouté.
Quand à l'ARNm, il est naturellement fragile, selon les experts interrogés comme Li Bowen (archive) de l'Université de Toronto. "L'ARNm se décompose rapidement au contact des tissus et du sang, en quelques jours, en raison de sa fragilité structurelle", a confirmé à l'AFP ce professeur assistant le 6 octobre.
L'ARNm est introduit dans des particules de lipides, de minuscules capsules de graisse qui protègent ses molécules. C'est cette couche protectrice qui permet de détecter l'ARNm plus rapidement qu'un même ARNm non protégé, selon l'agence du médicament suédoise, interrogée par l'AFP. La quantité de protéine spike produite, en revanche, est tellement infime qu'il est difficile de déterminer à quelle vitesse elle se désintègre.
Le site scientifique Health Feeback (archive), revenant sur les propos de Peter McCullough, répertorie plusieurs études montrant la durée de vie limitée de l'ARNm.
La permanence de l'ARNm pas prouvée dans le temps
Pour appuyer sa thèse, le cardiologue américain cite des études de "Castruita" montrant l'ARNm "circulant pendant un mois" dans le corps humain.
Bien qu'il ne cite pas un article en particulier, une recherche sur internet renvoie à cette étude (archive)de "Castruita et al." publiée en mars 2023 dans APMIS (journal de pathologie, microbiologie et immunologie).
Les chercheurs trouvent "des traces d'ARNm de vaccins Covid" dans 10 échantillons sanguins, sur 108 patients atteints d'hépatite C chronique, jusqu'à 28 jours après la vaccination.
Mais l'un des auteurs de cette étude assure que ces résultats ne peuvent pas étayer l'argument de Peter McCullough sur une permanence de l'ARNm dans le corps.
"Il n'y a pas de preuve d'une persistance à long terme", a indiqué Henrik Westh (archive), professeur à l'Université de Copenhague, le 29 septembre 2023.
Henrik Westh explique le traçage du vaccin "est élevé juste après la vaccination, puis décline dans le temps, et part totalement après 28 jours dans la cohorte étudiée".
"Il n'y a aucune donnée sur des quelconques effets secondaires associés à nos résultats. Je crois même que ce pourrait être un atout pour la réponse immunitaire à la vaccination Covid", a-t-il ajouté, en référence à une présence prolongée d'ARNm.
Nous avons examiné plus en détail les différentes allégations sur les effets indésirables que produiraient les vaccins Covid selon Peter McCullough, et toutes sont fausses ou largement exagérées:
Un risque cardiovasculaire très rare et généralement sans gravité
Déjà, McCullough affirme que la protéine spike du vaccin provoque des problèmes cardiovasculaires, dont des myocardites, une inflammation du muscle cardiaque. Lors de sa réunion au Parlement européen, Peter McCullough répète aussi une affirmation fausse que l'AFP a déjà expliquée à plusieurs reprises sur la supposée mort de jeunes athlètes tout juste vaccinés.
Les allégations sur les myocardites post-vaccinales sont légion depuis 2021, et ont fait l'objet de plusieurs articles de vérification de l'AFP, ici notamment sur des publications qui affirmaient à tort, que 10% des personnes vaccinées étaient touchées, ou là sur d'autres qui assuraient sans fondement qu'un million de Français étaient concernés.
Dans cet article, le professeur Mahmoud Zureik (lien archivé), directeur de l'agence Epi-phare, qui surveille l'ensemble des produits de santé en France, et a participé à cet article (lien archivé) rédigé par des cardiologues, rappelait l'état des connaissances sur les myocardites et la vaccination anti-Covid, début 2023.
Ses travaux (lien archivé) ont notamment montré que le risque de myocardite est plus élevé chez les jeunes garçons de moins de 30 ans, particulièrement avec le vaccin Moderna : "c'est à la suite de ces travaux que la Haute autorité de santé (HAS) en novembre 2021 a limité l'utilisation de Moderna aux plus de 30 ans", précisait-il.
Les premières mentions de myocardites post-vaccinales datent d'avril 2021, et ont été révélées par des recherches israéliennes (lien archivé). Elles ont ensuite été intégrées à la pharmacovigilance américaine notamment.
En France, depuis l'été 2021, les myocardites et les péricardites sont considérées comme des effets indésirables pouvant survenir suite à une vaccination contre le Covid-19 par un vaccin à ARN messager.
Le surrisque (lien archivé) est estimé à 17 myocardites pour 100.000 doses chez les hommes de 18 à 24 ans pour le vaccin de Moderna et 5 cas pour 100.000 doses pour celui de Pfizer.
Pour autant, "au regard des risques, le bénéfice de la vaccination ne se pose pas pour les femmes et les hommes de plus de 30 ans, et les données sur les myocardites publiées depuis l'été 2021 ne veulent certainement pas dire qu'il faut mettre fin à la vaccination des jeunes hommes de moins de 20 ou 30 ans, qui gardent un bénéfice sur la diminution des événements graves liés à la Covid", analyse le cardiologue Florian Zores sur son blog (lien archivé).
Pour le Pr Mats Börjesson (archive), spécialiste de la cardiologie du sport à l'Université de Gothenburg en Suède, le risque de myocardite existe pour toutes les maladies virales: "Le risque de myocardite en cas d'infection par le Covid est clairement plus élevé, ce qui implique logiquement que le risque de faire une myocardite est réduit si vous êtes vacciné", conclut-t-il.
Il ajoute aussi qu'une myocardite suite à la vaccination serait "une forme plus légère" qu'une myocardite causée par une infection virale.
Peter McCullough cite une étude qu'il a cosignée rapportant que 100% des décès imputés à des myocardites étaient dus à la vaccination. Cette étude n'a pas été publiée dans une revue scientifique, mais a fait l'objet d'un preprint (archive) en 2023, c'est-à-dire non validé par des pairs, et portant sur 28 autopsies.
Un professeur de médecine de l'Université américaine Johns Hopkins, Stuart Ray (archive), a analysé cette pré-publication comme "pleine de déclarations fausses sur les vaccins Covid et basée sur des sources trompeuses", a-t-il confié à l'AFP le 4 octobre.
"Une analyse rétrospective de 28 autopsies menées dans une période où un milliard de doses de vaccins ont été administrées n'apporte aucune preuve de cause à effet entre la vaccination des complications cardiovasculaires", a-t-il pointé.
Peter Liu (archive), à l'Institut du coeur d'Ottawa, a aussi remarqué que beaucoup de cas cités dans l'étude de Peter McCullough concernent des patients très âgés, ce qui ne correspond pas à l'état des connaissances sur les myocardites post-vaccination, qui concernent le plus souvent des personnes de moins de 30 ans.
Selon le Pr Liu, les autres complications cardiaques mentionnées par Peter McCullough (dont les crises cardiaques et les arythmies) sont parfois rapportées après la vaccination. Mais ce sont des pathologies cardiaques courantes, et jusqu'à présent leur lien avec la vaccination n'a pas été prouvé.
Pour le Pr Börjesson, il n'est pas encore certain que certains vaccins, comme l'infection elle-même, puisse provoquer d'autres événements cardiovasculaires graves, "en l'absence d'études basées sur la population pour appuyer cette thèse".
... pas comparable avec celui induit par l'hypertension artérielle
M. McCullough affirme aussi que les vaccins causeraient des effets "plus importants que ce qu'on a jamais vu jusqu'à présent avec le cholestérol, l'hypertension artérielle et le diabète".
En octobre 2023, le consortium mondial sur le risque cardiovasculaire a publié une étude (archive) dans le New England Journal of Medicine identifiant les cinq facteurs de risques les plus communs pour les maladies cardiovasculaires.
"Une tension artérielle particulièrement haute est la cause principale, suivie d'un haut taux de cholestérol, puis du diabète, pour expliquer la mortalité liée aux risques cardiovasculaires dans le monde", selon le Pr Liu.
Les chiffres sur les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux ne figurent pas parmi les plus élevés, ce qui devrait être le cas si leur incidence avait été tant accrue par les vaccins.
Le Pr Ray de l'Université Johns Hopkins l'assure: "à l'exception de rares cas de myocardites - plus fortement associés à l'infection au Covid qu'aux vaccins - il n'y a aucune preuve solide pour suggérer que les vaccins à ARNm impliquent un risque de complications cardiovasculaires similaire à un haut taux de cholestérol, une tension trop élevée et le diabète".
- des risques de caillots sanguins pas liés aux vaccins à ARNm
Dans son discours le 13 septembre, Peter McCullough se montre très inquiet face à "des caillots sanguins comme on n'en voyait pas avant", prétendant que la protéine spike est "la protéine la plus thrombogène [susceptible de produire ou produisant une thrombose, la formation de caillots dans les vaisseaux sanguins, NDLR] qu'on n'ait jamais vue en médecine".
Des complications de cet ordre ont été relevées (archive) avec des vaccins à vecteur viral, mais pas avec les vaccins à ARNm.
Un très faible risque de caillots sanguins dans le cerveau chez des femmes d'âge moyen a ainsi été démontré "avec le vaccin AstraZeneca, qui est un vaccin traditionnel à adénovirus", rappelle le Pr Liu, ajoutant que des caillots observés chez des patients atteints du Covid-19 ont été attribués à un récepteur que le virus introduit dans les cellules.
Des effets neurologiques répertoriés bénins
Enfin, McCullough incrimine le vaccin pour une série d'effets neurologiques ou immunologiques supposés, de l'AVC aux migraines.
L'AFP a montré la liste des potentiels effets secondaires des vaccins Covid établie par Peter McCullough à l'agence du médicament suédoise, qui a confirmé que tous avaient été passés en revue pour d'éventuels liens avec les injections.
"Pour les maladies avec lesquelles un lien de cause à effet semble plausible, ils ont été ajoutés à la liste des effets indésirables des produits", a indiqué l'agence suédoise, tandis que les autres cas sont "sous surveillance".
Parmi les maladies listées par Peter McCullough, seules les céphalées (maux de tête) sont mentionnées comme "effets indésirables très courants" sur les notices du vaccin de Pfizer and celui de Moderna.
L'agence rappelle que ces vaccins ayant été distribués à des millions de personnes dans le monde, parmi lesquelles certains avaient des pathologies précédent la vaccination, il est difficile de distinguer précisément quels effets seraient dûs à la vaccination.
La relation de cause à effet n'est par exemple pas établie entre le vaccin et beaucoup des graves pathologies listées par McCullough, comme le syndrome inflammatoire multi-systémique. Le comité de sécurité de l'EMA (agence européenne du médicament) a ainsi examiné plusieurs cas de ce syndrome rapportés après une vaccination Covid, mais il a estimé que les preuves manquaient pour lier les deux (archive).
Certaines des maladies brandies par Peter McCullough ont quant à elle été associées aux vaccins traditionnels Covid, et non aux vaccins à ARNm, comme le syndrome de Guillain-Barré (une affection neurologique) et la thrombocytopénie (une baisse du nombre de plaquettes dans le sang), qui sont des effets indésirables très rares répertoriés par les vaccins de Janssen et AstraZeneca (archive ici et ici).
Des sources mal interprétées ou très douteuses
Le Dr McCullough fait allusion à plusieurs recherches qui viennent de sources très douteuses.
Il mentionne par exemple une étude de "Schmeling et des collègues du Danemark", censée montrer que 70% des vaccinés ont des effets secondaires légers, et 4,2% ont des effets graves. Cette référence semble renvoyer à ce document, une lettre (archive) publiée en mars 2023 sur le site de l'European Journal of Clinical Investigation, au sujet d'effets indésirables suspectés pour différents lots de vaccins de Pfizer administrés au Danemark.
La lettre conclut que 4,22% de toutes les doses de vaccins venaient des lots associés avec le plus grand nombre d'effets indésirables suspectés. Ce qui ne veut pas dire que ces 4,22% constituent la proportion de personnes connaissant des effets indésirables graves.
Sans compter que dans la lettre, l'équipe de chercheurs reconnaît comme l'une des limites de ses recherches l'origine des données, l'agence du médicament danoise, qui utilise un système de recueil des données de pharmacovigilance dit "passif", c'est-à-dire alimenté sur la base du volontariat par les médecins et les patients, ce qui expose à des biais, "avec potentiellement des sous-estimations ou des surestimations des événements, ainsi que des données incomplètes ou de qualité variable".
Les auteurs de la lettre concluent même que pour cette raison "les signaux détectés par ces systèmes ne peuvent généralement pas servir à établir un lien de causalité".
Un autre texte sur lequel Peter McCullough fonde son discours est une étude dont il a été le co-auteur, et qui selon lui montre que près de 74% des personnes mortes après la vaccination sont décédés des suites du vaccin.
L'AFP s'est penchée en juillet (en anglais) sur cette étude, et a démontré qu'elle n'était pas fiable.
Peter McCullough, un fervent opposant des vaccins Covid, a lui-même été très souvent cité par l'AFP Factuel comme auteur de désinformation, dans plusieurs langues et notamment en français comme ici ou là, plus récemment.