
Un péage urbain à Paris à partir du 1er juillet? Non, il s'agit d'un poisson d'avril
- Cet article date de plus d'un an
- Publié le 21 avril 2023 à 14:57
- Lecture : 5 min
- Par : Nathan GALLO, AFP France
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Sur TikTok comme sur Twitter et Facebook, de nombreuses publications affirment depuis mi-avril que la ville de Paris aurait annoncé "la mise en place" d'un dispositif payant pour entrer en véhicule motorisé dans la capitale "au 1er juillet".
Elles soutiennent notamment que les automobilistes devraient "bientôt débourser entre 5 et 10 euros pour entrer dans la capitale en voiture".
Des sites internet (ici ou ici) ont aussi publié mi-avril des articles partagés plusieurs centaines de fois sur Facebook et qui évoquent "des réactions contrastées" de la part d'associations d'automobilistes et une annonce qui devrait "certainement changer les habitudes de déplacement des Parisiens".

Un poisson d'avril
Mais "il n'y a pas de projet de créer un péage urbain à Paris", a indiqué David Belliard, adjoint à la maire de Paris, en charge de "la transformation de l’espace public, des transports, des mobilités, du code de la rue et de la voirie", à l'AFP le 20 avril.
Ces affirmations proviennent en réalité d'un canular, publiés par au moins deux sites internet le 1er avril.

Le site a Actu17 indique en fin d'article qu'il s'agit d'"une plaisanterie" du 1er avril.

De même, le site Mediaterranee.com précise a placé en fin d'article exactement le même avertissement.
On retrouve dans ces articles-poissons d'avril les éléments -faux- repris ensuite ailleurs au premier degré, comme par exemple les prétendues "réactions contrastées" des "associations d'automobilistes", ou encore le tarif "entre 5 et 10 euros" pour entrer dans la capitale.
Contacté par l'AFP, ces sites n'avaient pas donné suite au moment de la publication de cet article.
Le péage urbain, "pas un choix" soutenu par la mairie de Paris
"Le péage urbain est un dispositif adopté par certaines villes, rappelle David Belliard à l'AFP. Mais à Paris, nous avons fait d'autres choix, à savoir une politique de restriction de la part de la voiture globale" dans la ville.
Certaines grandes villes ont en effet adopté des péages depuis plusieurs années, comme Londres en 2003 pour accéder au centre, tandis que Singapour a installé ce système dès 1998.
En 2022, la Cour des Comptes, qui avait exprimé la nécessité de "mobiliser de nouvelles recettes" en Île-de-France dans son rapport annuel (lien archivé ici), avait de son côté mis en avant le péage urbain comme une des "pistes" pour "faire contribuer les automobilistes franciliens".
Mais cette piste n'est toutefois pas à l'ordre du jour, rappelle David Belliard à l'AFP : "la Cour des Comptes a une approche comptable. Le péage urbain fait partie de l'arsenal des dispositifs à utiliser, et qui ont été utilisés par des villes comme Londres. Mais ce n'est pas le choix que nous faisons".
ZFE : les véhicules les plus polluants progressivement interdits de la capitale
De son côté, la métropole du Grand Paris (MGP), l'intercommunalité qui regroupe Paris et les communes alentours, entend elle aussi durcir sa politique contre la circulation des véhicules motorisés les plus polluants dans les prochaines années.
Après avoir interdit les véhicules les plus polluants (ceux qui ne sont pas éligibles à la vignette Crit'air ainsi que les Crit'air 5 en juillet 2019 puis les véhicules Crit'air 4 deux ans plus tard) dans le cadre de l'instauration de sa zone à faibles émissions (ZFE) (archive), la métropole a prévu d'étendre cette interdiction de circulation aux 380.000 voitures classées Crit'air 3 de la métropole.
Cette interdiction de circulation, du lundi au vendredi de 8h à 20h, des Crit'air 3, devait à l'origine être mise en place en juillet 2022, avant d'être repoussée une première fois à juillet 2023. La métropole du Grand Paris pourrait de nouveau être reportée à "fin 2024, début 2025" lors du conseil métropolitain en juin, avait indiqué le 11 avril (archive) l'un des vice-présidents du Grand Paris Geoffroy Boulard à l'AFP.
La MGP "estime que le calendrier n'est pas tenable", selon M. Boulard. De son côté, David Belliard a indiqué à l'AFP préférer que cette interdiction de circulation soit mise en place comme prévue en juillet 2023.
A ce jour, 11 métropoles ont leur ZFE, avec des calendriers différents. Mais en février, la Métropole de Lyon a annoncé "l'assouplissement" de son calendrier et "la remise à plat" de son projet d'extension.
Le sujet est politiquement brûlant en raison des coûts de remplacement de véhicule des particuliers comme des professionnels. Artisans, commerçants, livreurs : les professions fortement dépendantes de leur véhicule redoutent que l'interdiction progressive des véhicules polluants dans la Zone à faibles émissions (ZFE) de la Métropole du Grand Paris ne mette en danger leur activité.
