Cette photo ne montre pas un enfant ukrainien rescapé d'un bombardement

  • Cet article date de plus d'un an
  • Publié le 25 février 2022 à 16:38
  • Mis à jour le 25 février 2022 à 16:56
  • Lecture : 5 min
  • Par : Emilie BERAUD, AFP France
Au lendemain de l'attaque massive de l'Ukraine, lancée à l'aube du 24 février par Vladimir Poutine, la photo d'un enfant ensanglanté circule sur les réseaux sociaux accompagnée de cette légende : "voici un enfant ukrainien dont les parents ont été tués dans un bombardement". Mais attention : cette image montre en réalité une fillette hospitalisée en Syrie en janvier 2018.

Sur cette photo, notamment publiée sur Facebook au lendemain de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, une fillette en pleurs est tachée de sang.

"Pour ceux qui soutiennent Poutine, voici un enfant Ukrainien dont les parents ont été tué dans un bombardement ", assure l'internaute, alors que des combats meurtriers opposent forces russes et ukrainiennes en plusieurs points du territoire.

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Capture d'écran réalisée sur Facebook le 25 février 2022 ( AFP / )

Ces affrontements font suite au lancement par Vladimir Poutine d'une offensive militaire avec frappes aériennes et entrée de forces terrestres en Ukraine, faisant dès les premières heures des dizaines de morts, selon les autorités ukrainiennes.

Le président russe a donné le signal des hostilités le 24 février à l'aube, affirmant avoir pour but une "démilitarisation et une dénazification de l'Ukraine". Il avait reconnu le 21 février l'indépendance de territoires séparatistes ukrainiens de la région du Donbass et fait valider le lendemain une intervention par le Parlement russe.

Il s'est justifié en répétant ses accusations infondées d'un "génocide" orchestré par l'Ukraine dans les territoires séparatistes prorusses, et en arguant d'un appel à l'aide des séparatistes et de la politique agressive de l'Otan envers la Russie, qui instrumentaliserait l'Ukraine.

Peu après, une série d'explosions étaient entendues à Kiev, Kramatorsk, ville de l'est qui sert de quartier-général à l'armée ukrainienne, à Kharkiv (est), deuxième ville du pays, à Odessa (sud), sur la mer Noire, et à Marioupol, principal port de l'est du pays.

Deux fortes explosions ont par ailleurs retenti à l'aube vendredi 25 février dans le centre de la capitale Kiev, a constaté une journaliste de l'AFP.

Fillette hospitalisée en Syrie

Cette photographie n'a pourtant pas été prise en Ukraine : elle montre en réalité une fillette hospitalisée en Syrie en janvier 2018.

Une recherche d'image inversée sur Google permet de retrouver l'origine de la photo, publiée le 6 janvier 2018 sur le site d'actualité libanais IMLebanon.

Le média semble avoir mis en ligne la version originelle de la photo sur laquelle l'enfant, déchaussée, se tient assise sur un lit d'hôpital.

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Capture d'écran réalisée sur le site https://www.imlebanon.org/ ( AFP / )

Le titre de l'article "Les enfants de la Ghouta orientale souffrent !" laisse supposer que la fillette a été photographiée dans cette région, vaste plaine située en banlieue de Damas, connue pour avoir été un bastion de résistance de la révolution syrienne.

Assiégée dès 2013, l'enclave a régulièrement été bombardée par le régime du président syrien Bachar al-Assad.

Une seconde recherche d'image inversée, effectuée à partir de la photographie complète, confirme cette hypothèse.

En effet, l'image a été publiée par le site de la BBC le 6 janvier 2018, dans le cadre d'un article sur les hôpitaux touchés par les attaques aériennes du régime syrien et de son allié russe.

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Capture d'écran réalisée sur Google le 25 février 2022 ( AFP / )
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Capture d'écran réalisée sur le site de la BBC le 25 février 2022 ( AFP / )

 

 

En légende, la mention de l'European Pressphoto Agency (EPA), permet d'identifier le lieu, la date et l'auteur associés à la photographie sur le site de l'agence.

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Capture d'écran réalisée sur le site de l'EPA le 25 février 2022 ( AFP / )

"Une jeune fille est soignée dans un hôpital après un bombardement à Mesraba, dans l'est d'al-Ghouta, en Syrie, le 03 janvier 2018. Au moins 19 personnes ont été tuées dans des frappes aériennes sur les villes d'Erbeen et de Mesraba par les forces loyales au gouvernement syrien", peut-on lire en description.

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Une famille syrienne sur un chemin de la Ghouta orientale en avril 2018 ( AFP / LOUAI BESHARA)

L'image de la fillette a donc bien été prise en janvier 2018 dans la Ghouta orientale, en Syrie, et non pas en Ukraine comme l'affirment certains internautes.

Une vague de désinformation

La diffusion de cette photographie intervient dans un contexte où la désinformation s'intensifie au rythme des tensions diplomatiques entre la Russie et l'Ukraine.

Des images trompeuses ou décontextualisées et des vidéos ont ainsi déjà fait l'objet de plusieurs articles de vérification de la part de l'AFP Factuel.

25 février 2022 ajoute précisions sur la provenance de la photographie originale

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