Cette vidéo montre bien des masques vendus à 3 puis 6 euros par un magasin Leclerc, qui évoque une erreur d'étiquetage

  • Cet article date de plus d'un an
  • Publié le 05 mai 2020 à 16:26
  • Mis à jour le 05 mai 2020 à 16:26
  • Lecture : 4 min
  • Par : Sami ACEF, Rémi BANET
Une vidéo, partagée plus de 50 000 fois en 24 heures sur Facebook, montre une personne découvrant sous l'étiquette d'un lot de 10 masques jetables, vendus 6 € par un magasin Leclerc, une autre étiquette affichant un prix de 3 €. Cette vidéo, qui paraît dans un contexte de vive polémique sur le prix des masques de protection en France, est authentique. L'enseigne a expliqué d'elle-même que le prix initial de 3 € était une "erreur" d'étiquetage et de communication interne, et présenté ses excuses aux clients. 

"Ce matin j'ai été au Leclerc Saint-Amand-Les-Eaux (Hauts-de-France, NDLR) pour aller me fournir en masques pour me protéger du Covid-19", explique d'abord la personne qui filme la vidéo, diffusée le 4 mai 2020. Elle évoque une boîte de "10 masques", regrettant que cela soit insuffisant pour une famille. 

"Il y a quelque chose qui m'a énormément interpellé c'est que là on voit l'étiquette ici (elle montre une étiquette transparente, 1) et la deuxième là (elle montre une étiquette blanche qui recouvre en partie la première, 2). Le prix indiqué est à 6 euros. 

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Capture d'écran Facebook, prise le 05/05/2020

"Et quand on enlève l'étiquette, hop ! Le prix (passe) à 3 euros", démontre-t-elle en soulevant l'étiquette blanche. "Je pense qu'on nous prend réellement pour des cons", conclut-elle. Notons que les deux étiquettes arborent la même date (4/05/2020).

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Capture d'écran Facebook, prise le 05/05/2020

Ces images sont diffusées alors que de nombreuses personnes sur les réseaux sociaux, mais aussi des politiques, protestent contre les prix des masques, réclamant parfois leur distribution gratuite.

A ce jour, seul "le prix maximum de vente aux consommateurs des masques à usage unique (de type chirurgical) est fixé à 95 centimes d’euros toutes taxes comprises", comme c'est indiqué sur le site du ministère de l'Economie. Pas de plafond en revanche pour les masques en tissu, même si le ministère s'est engagé à s’assurer qu’il "n’existe pas de hausses injustifiées qui pénaliseraient les consommateurs". 

Si on y ajoute le prix du gel hydroalcoolique, "c'est intenable", a estimé le 4 mai auprès de l'AFP Alain Bazot, président de l'association de consommateurs UFC-Que-Choisir.

"Dans la mesure où la décision a été prise de rendre les masques obligatoires dans les services publics, les écoles et les transports, la logique aurait voulu que les masques soient mis à disposition des usagers, donc distribués gratuitement ou à vil prix", affirme M. Bazot, pour qui "sinon il y a un problème d'égalité d'accès".

Une polémique a également éclaté face au grand nombre de masques annoncés à la vente dans certaines enseignes, qui se sont défendues d'avoir constitué des stocks cachés. Le président des centres Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, avait qualifié la polémique de "nulle, puérile, stérile", assurant sur son blog que  "l'annonce de commandes très importantes par les enseignes visait à rassurer sur un risque de pénurie", disant vouloir "éviter un 'rush comme sur les pâtes'".

Le communiqué du magasin sur la vidéo

Ce mardi 5 mai, le magasin Leclerc de Saint-Amand-Les-Eaux a réagi sur sa page Facebook, en publiant un long communiqué de son PDG Bertrand Le Côme. 

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Capture d'écran Facebook, prise le 05/05/2020

"Sollicités tout au long de la semaine dernière par les clients qui espéraient trouver des masques en ventes dès le 4 mai, nous décidons samedi de prendre sur le stock dont nous disposons 2800 unités de masques chirurgicaux (...) Ils sont conditionnés en boîte de 50 et pour offrir la possibilité à un maximum de clients d’en avoir, nous décidons de les ré-conditionner par 10", écrit-il.

"Sans être capable de me l’expliquer aujourd’hui, un collaborateur fixe son prix à 0,30 centime", poursuit le PDG, qui assure que ces masques côutent au magasin "0,50 centimes HT". Interrogée par l'AFP, la direction du magasin évoque une "erreur d'étiquetage et de communication en interne".

"Alors que la vente commence vers 9h à la parapharmacie, nous vendons 66 lots de 10 au prix de 3€, avant qu'un client étonné du prix très bas, nous le signale. Découvrant et comprenant notre erreur nous ré-étiquetons le lot de 10 à 0,60 centimes soit le prix coûtant. En fin de matinée, la totalité des lots étaient vendus", assure encore le PDG du magasin dans son communiqué, présentant ses "excuses les plus sincères à toutes celles et ceux qui ont étés choqués, blessés, heurtés par cette vidéo". 

Dans un billet de blog le 4 mai, Michel-Edouard Leclerc, patron du groupe, évoquait lui un prix coûtant d'"a priori 0,50 € le masque facial trois plis". Dans le même billet, il explique que "la centaine de magasins qui a déjà reçu les masques, commencera à en vendre en petite quantité (environ 2 millions) entre les 04 et le 09 mai".

Interrogée par l'AFP le 5 mai sur les tarifs pour les masques en tissus réutilisables, la direction du magasin de Saint-Amand-Les-Eaux explique que ce dernier ne dispose pour l'instant "que de masques à usage individuel de type chirurgical" et ne "pas avoir de visibilité à ce stade" sur l'approvisionnement en masques en tissu. 

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