
Non, l’OMS n’a pas commencé en "avril" à appeler à "tester de manière massive"
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- Publié le 11 mai 2020 à 15:00
- Mis à jour le 02 septembre 2020 à 19:24
- Lecture : 4 min
- Par : Rémi BANET
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L'échange s'est déroulé sur BFMTV dimanche (à partir de 0'58").
Sibeth Ndiaye: "Sur les masques, nous avons évolué en fonction du consensus scientifique" pic.twitter.com/lFcUigAlAv
— BFMTV (@BFMTV) May 10, 2020
"Si vous vous basez sur le consensus scientifique et sur l’OMS, que vous citiez à l’instant, il y a une autre question, outre les masques, c'est la question des tests. L’OMS, dès le début, elle a pas dit de confiner, elle a dit 'tester, tester, tester'", fait remarquer la journaliste Apolline de Malherbe.
"Je me permets d’apporter une petite correction : l’OMS a commencé à dire qu'il fallait tester de manière massive quelque part, de mémoire, au mois d'avril, et nous avons progressivement augmenté notre capacité de tests", rétorque Sibeth Ndiaye.
C'est faux.
"À mesure que le nombre de cas augmente, nous continuons à recommander à tous les pays de faire du confinement leur priorité absolue. Nous continuons à demander aux pays de trouver, tester, isoler et soigner chaque cas, et de retracer chaque contact", déclarait le 6 mars 2020 le directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus lors d'une conférence de presse (à partir de 4'12").
Un message également tweeté ce jour-là par l'OMS et son directeur général.

Le 11 mars, le directeur général de l'OMS appelle à nouveau à "trouver, isoler, tester et traiter chaque cas, et rechercher chaque contact" (à partir de 8'13").
"Il s'agit d'une pandémie maîtrisable", mais "on ne peut pas combattre un virus si on ne sait pas où il se trouve. Cela signifie qu'il faut une surveillance robuste pour trouver, isoler, tester et traiter chaque cas, afin de briser les chaînes de transmission", a déclaré ce même jour Tedros Adhanom Ghebreyesus au cours d'une réunion avec les Etats membres au siège de l'OMS à Genève, selon des propos rapportés dans une dépêche AFP.
"Même si vous ne pouvez pas arrêter la transmission, vous pouvez la ralentir et protéger les établissements de santé, les maisons de retraite et d’autres espaces vitaux – mais seulement si vous testez tous les cas suspects", a-t-il insisté ce jour-là.
Enfin, l'OMS exhorte le 16 mars, dans un message au ton plus offensif – et auquel Apolline de Malherbe semble faire référence – à "tester, tester, tester". L'OMS n'a pas changé de doctrine depuis.

"Le moyen le plus efficace est de briser les chaînes de transmission. Et pour cela, il faut dépister et isoler. Vous ne pouvez pas combattre un incendie les yeux bandés. Et nous ne pouvons pas arrêter cette pandémie si nous ne savons pas qui est infecté", a déclaré ce jour-là Tedros Adhanom Ghebreyesus.
"Nous avons un message simple pour tous les pays : testez, testez, testez. Testez tous les cas suspects. Si le résultat du test est positif, isolez-les et trouvez avec qui ils ont été en contact étroit jusqu'à deux jours avant l'apparition de leurs symptômes, et testez également ces personnes", a poursuivi le directeur général de l'OMS, qui précise sur son site que "l'OMS recommande de dépister les contacts des cas confirmés uniquement s'ils présentent des symptômes de Covid-19" (à partir de 4'06").
"C'est un impératif de santé publique : la doctrine d'usage rationnel et raisonné des tests doit évoluer. Ce n'est pas moi qui le dis c'est le directeur général de l'OMS. Lundi dernier, le Dr Tedros a délivré un message simple :'Testez, testez, testez'", a réagi cinq jours plus tard – le 21 mars – le ministre français de la Santé Olivier Véran lors d'une conférence de presse.
"La France doit donc désormais suivre cette voie et se préparer à faire évoluer rapidement sa stratégie de dépistage. L'enjeu, c'est d'être en mesure de multiplier nos capacités de test au moment où nous lèverons le confinement", a poursuivi M. Véran, alors que le directeur général de l'OMS avait appelé à une "escalade (...) urgente dans les tests, l’isolement et la recherche de contacts, qui sont le pilier de la réponse face au virus".
Un mois plus tard – le 25 avril –, le ministre de la Santé a annoncé l'objectif de "réaliser au moins 500.000 à 700.000 tests par semaine" à partir du déconfinement, deux jours après une annonce similaire du directeur général de la Santé Jérôme Salomon.
Le 28 avril, le Premier ministre Édouard Philippe a lui aussi promis une capacité hebdomadaire de 700.000 tests virologiques à partir du 11 mai, un chiffre à nouveau donné le 10 mai par Sibeth Ndiaye et qui nécessiterait une très forte accélération des dépistages.
"627.464 tests et 117.058 (20%) tests positifs pour le SARS-CoV-2 ont été rapportés à Santé publique France" du 24 février au 3 mai 2020 – soit une période de dix semaines –, selon le point épidémiologique hebdomadaire du 7 mai 2020 de Santé Publique France.
Interrogé dimanche 10 mai au journal télévisé de TF1 de 20h sur cet objectif de 700.000 tests hebdomadaires, Olivier Véran a répondu : "L'objectif n'est pas de faire le plus de tests possibles pour dire qu'on a fait le plus de tests possibles, l'objectif qui est très clair c'est que tous les patients symptomatiques, tous les cas contacts, toutes les personnes fragiles, vulnérables, et toutes les situations particulières puissent conduire à la réalisation sans délai du test diagnostic" (à partir de 1'20").