Non, il n'y a pas eu 80 morts du Covid-19 le 18 septembre dans une commune de RDC

Une publication partagée plus de 180 fois sur Facebook prétend montrer les cercueils de 80 personnes mortes du Covid-19 le 18 septembre à Kimbaseke, une des 24 communes de Kinshasa, la capitale de la RDC. C’est faux. Les autorités sanitaires ont démenti à l'AFP ce lourd bilan, et la photo des cercueils a en réalité été prise à Kamituga, dans l'est du pays, lors de l’enterrement de travailleurs disparus dans l'effondrement d'une mine artisanale. 

La publication, partagée plus de 180 fois sur Facebook depuis le 19 septembre, montre une dizaine de cercueils posés à terre dans un trou. Une foule observe la scène. Les visages sont graves.

"80 morts hier à Kinshasa dans la commune de kimbaseke mort survenue à cause de la COVID-19 [sic]", annonce l’auteur.

Un lourd bilan pour cette seule commune, qui fait partie de la capitale de la République démocratique du Congo, Kinshasa.

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Capture d'écran d'une publication Facebook prise le 24 septembre 2020.

Aucun décès lié au Covid-19 recensé le 18 septembre

Contacté le 23 septembre, le responsable de la communication digitale de la riposte contre le Covid-19 en RDC a indiqué à l'AFP qu’aucun bilan des derniers jours n’a fait état de 80 morts.

"Nous n’avons pas connu autant de morts en une journée", assure Joël Lamika.

En effet, le bulletin épidémiologique officiel diffusé par les autorités daté du 18 septembre 2020 fait état de 32 nouveaux cas dans le pays, sans "aucun nouveau décès" parmi ceux-ci. 

Trois décès ont été annoncés par le Secrétariat technique de la riposte dans le bilan national quotidien du lendemain (19 septembre), et aucun autre lors des quatre jours suivants. 

En réaction à la viralité de cette infox, l'équipe technique de la riposte avait publié le 21 septembre un démenti sur sa page Facebook barré de l'inscription "Fake News". 

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Capture d'écran d'une publication Facebook prise le 24 septembre 2020.

Effondrement dans une mine d'or artisanale

Un internaute avait d’ailleurs mis en garde dans la section "comentaires" de cette publication, affirmant que la photo utilisée a été prise en réalité "au sud kivu à kamituga [sic]" et précise qu'"il y avait une éboulement de terre dans une cite minier [sic]".

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Capture d'écran d'un commentaire sous une publication Facebook prise le 24 septembre 2020.

Le 11 septembre, un effondrement dans une mine d’or à Kamituga dans la province du Sud-Kivu, dans l'est du pays, a fait au moins 22 morts, comme l'a rapporté l'AFP.

Une rapide recherche avec le mot-clé "Kamituga" sur Twitter permet en effet de retrouver la même photo publiée le 17 septembre 2020 par le média local Congo Witness, accompagnant un article au sujet de l'éboulement survenu à Kamituga.

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Capture d'écran d'une photo du site Congo Witness prise le 24 septembre 2020.

D'autres médias et journalistes locaux ont également tweeté au sujet de l'effondrement de cette mine.

Les photos qu'ils publient semblent montrer la scène d'un autre angle.

On aperçoit un alignement de cercueils similaires dans une vidéo postée le 14 septembre par le compte du Journal Afrique, tenu par la rédaction de TV5Monde, montrant l'enterrement de mineurs décédés dans l'effondrement d’une mine d'or artisanale dans le Sud-Kivu. 

"Creuseurs"

"C'est après l'accident engendré par le débordement des eaux de pluies diluviennes dans deux puits d'or à Kamituga que cette photo a été capturée", a confirmé le 23 septembre à l’AFP Alexandre Bundja Mupila, le maire de Kamituga. 

Selon lui, le cliché a été pris lundi 14 septembre, lors de l'enterrement des 18 premiers corps retrouvés à la suite du drame.

Les victimes de l'accident faisaient partie des "creuseurs" de Kamituga qui cherchaient de l'or sur le site d'une filiale de la société canadienne Banro. Celle-ci avait annoncé la suspension de ses activités industrielles il y a un an.

Ils revendaient l'or qu'ils parvenaient à extraire, au péril de leur vie, à des comptoirs d'achat et des négociants locaux.

Les dizaines de chercheurs d'or artisanaux, qui ont péri dans cet accident présentent le premier maillon vulnérable d'une chaîne d'approvisionnement souvent clandestine qui va jusqu'à Dubaï, d'après plusieurs experts joints par l'AFP.

Selon un rapport d'experts des Nations unies, Dubaï demeure la destination finale de l'or issu de l'exploitation artisanale en RDC.

En RDC, le Code minier révisé en 2018 reconnaît l'activité minière artisanale et des "coopératives", mais pas les "creuseurs" comme ceux de Kamituga.

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