Non, cette fillette ne figure pas parmi les enfants tués dans les frappes israéliennes sur Gaza

  • Cet article date de plus d'un an
  • Publié le 18 mai 2021 à 18:15
  • Lecture : 4 min
  • Par : AFP France
Des publications partagées plusieurs centaines de fois depuis la mi-mai prétendent donner à voir une fillette "morte dans les bombardements" menés ces derniers jours par l'armée israélienne sur la bande de Gaza. Mais si plus de 60 enfants ont été tués  – à la date du 18 mai – dans l'enclave palestinienne depuis le début du nouveau cycle de violences entre l'Etat hébreu et des groupes de Gaza, la fillette sur la photo est bien vivante et vit en Russie.

Avertissement : attention, cet article contient des images d'enfants tués ces derniers jours dans la bande de Gaza.

"Voici l'une des enfants mortes dans les bombardements de #Gaza. Son prénom était Malak", écrit le compte Twitter @Arab_Intel. "La petite Malek (Ange) nous a quitté hier assassinée par les bombes de l'armée d'occupation #Gaza", affirme un autre internaute partageant la même photo d'une fillette aux longs cheveux noirs.

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Captures d'écran Facebook et Twitter prises le 18/05/2021

"Le monde n'est plus le même depuis ce matin, quand cette fillette de trois ans a arrêté de respirer après que des missiles israéliens ont visé sa maison", avait auparavant tweeté PressTV, la chaîne d'information en anglais de la télévision d'Etat iranienne, selon une capture d'écran diffusée par le compte de vérification visuelle @hoaxeye.

Selon plusieurs internautes, cette fillette s'appelait Malek al-Tanani.

Pour autant, comme relevé par HoaxEye, cette photo ne montre pas un des quelque 60 enfants tués dans les frappes menées depuis dix jours par l'armée israélienne sur la bande de Gaza.

Une recherche inversée* à partir de cette image permet en effet de remonter jusqu'à un compte Instagram. Sur celui-ci, une jeune femme, qui semble vivre en Russie, diffuse des photos d'elle et de sa fille. On retrouve la photo utilisée ces derniers jours sur les réseaux sociaux dans un post du 24 décembre 2018 géolocalisé à Moscou.

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Capture d'écran Instagram prise le 18/05/2021

Plusieurs photos et stories postées sur ce compte depuis la mi-mai montrent la même enfant et sa mère dans les rues de la capitale russe – sans aucune référence aux frappes israéliennes sur Gaza –, contredisant l'affirmation selon laquelle la fillette aurait été tuée récemment dans l'enclave palestinienne.

L'AFP a tenté mardi 18 mai de joindre la mère de l'enfant sur Instagram, sans réponse au moment de la publication.

Depuis le début du nouveau cycle de violences armées entre l'Etat hébreu et des groupes de Gaza, le 10 mai, au moins 230 personnes, en grande majorité des Palestiniens, ont été tuées. 12 personnes ont été tuées en Israël, dont un enfant. 213 Palestiniens ont été tués à Gaza, dont au moins 61 enfants, selon un bilan palestinien.

Parmi eux, quatre enfants de la famille al-Tanani ont été tués dans un bombardement jeudi 13 mai, selon plusieurs médias dont l'AFP (voir photo de gauche ci-dessous). "Il a fallu plusieurs heures, jeudi, aux membres de la sécurité civile, armés de simples pioches, pour dégager des décombres de leur maison les corps de Rawiya, 37 ans, son époux Mohamed, 39 ans, et de leurs quatre enfants âgés de 4 à 7 ans", écrivait Le Monde le surlendemain.

Selon l'agence de presse étatique turque Anadolu, les quatre enfants se prénommaient Ismail, Amir, Adham et Mohammed.

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Quatre enfants, dont trois de la famille Al-Tanani, tués dans une frappe israélienne, à Beit Lahya (nord de la bande de Gaza) le 14 mai 2021 (Mohammed Abed / AFP)
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Le corps d'un enfant tué dans une frappe israélienne, à la morgue d'un hôpital de Rafah (sud de la bande de Gaza), le 13 mai 2021 (SAID KHATIB / AFP)

 

Bombardements israéliens et salves de roquette du Hamas palestinien ont fait de nouveaux morts mardi 18 mai, au moment où la communauté internationale intensifie ses efforts pour tenter de faire cesser l'escalade meurtrière.

L'affrontement s'est aussi cristallisé autour de l'ouverture d'un point de passage vers Gaza, destiné à une première livraison d'aide humanitaire dans l'enclave sous blocus, jugée "indispensable après neuf jours de crise" par l'ONU. A peine ouvert quelques heures, ce point de passage de Kerem Shalom a été refermé par Israël après des tirs d'obus palestiniens.

A lire aussi le reportage AFP : "Je n'ai plus que toi"! A Gaza un père et son enfant miraculé" 

*sur Google Chrome, il suffit pour cela d'effectuer un clic droit sur une image et de cliquer sur "Rechercher une image avec Google".

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