Non, l'OMS n'a pas appelé à "éviter" la vaccination des enfants contre le Covid-19
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- Publié le 09 décembre 2021 à 16:33
- Mis à jour le 09 décembre 2021 à 23:07
- Lecture : 5 min
- Par : AFP France
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Le prétendu appel à la prudence de l'OMS, repris dans une publication Facebook le 7 décembre mais aussi sur Twitter, a été relayé plusieurs milliers de fois depuis.
"L'OMS exhorte l'Europe à ne pas vacciner les #enfants !", peut-on lire sur la page Facebook "Le libre penseur". "+Si la vaccination des plus jeunes continue de faire débat à travers le continent, l'OMS a fermement tranché sur le sujet+. Source : AFP. Apparemment les morticoles criminels ne sont pas au courant".
Cette affirmation est reprise le lendemain sur Twitter, dans un message renvoyant vers une dépêche AFP diffusée sur le site du Point.
L’OMS exhorte l’Europe à protéger les enfants et éviter leur vaccination https://t.co/5NVwy8Up4N
— Dr Gérald KIERZEK⚡⚕️ (@gkierzek) December 8, 2021
Attention : il n'est fait aucune mention d'une telle recommandation de l'OMS dans la dépêche initiale de l'AFP. L'agence onusienne dément de son côté avoir passé un tel appel qui va à l'encontre des dernières déclarations officielles conseillant à l'inverse les pays à "envisager" la vaccination des enfants scolarisés.
Alors d'où est partie cette fausse information? Une rapide recherche sur internet permet de retrouver le premier titre donné par l'hebdomadaire Le Point - "l'OMS exhorte l'Europe à protéger les enfants et éviter leur vaccination" - qui sera changé ensuite en "Covid-19 : l'OMS exhorte l'Europe à mieux protéger les enfants".
Dans le laps de temps, le titre est repris tel quel et circule sur les réseaux sociaux. Or, l'idée contenue dans le premier titre est fausse et ne reflète pas le contenu de la dépêche AFP, qui porte sur la conférence de presse en ligne donnée le 7 décembre par le représentant de l'OMS en Europe, Hans Kluge.
Ce dernier a notamment relevé, à cette occasion, que les cas de Covid-19 augmentaient actuellement dans toutes les catégories d'âge, "avec les taux les plus élevés observés actuellement parmi les 5-14 ans".
"Il n'est pas rare aujourd'hui de voir des incidences deux à trois fois plus élevées chez les jeunes enfants que dans la population totale", a-t-il souligné. Dans ce contexte et pour éviter de nouvelles fermetures de classe et le retour de l'enseignement à distance, la branche européenne de l'organisation a conseillé de renforcer les tests dans les écoles et d'envisager la vaccination des enfants scolarisés.
"L'utilisation de masques et de la ventilation, ainsi que des tests réguliers, devrait être la norme dans toutes les écoles primaires et la vaccination des enfants devrait être discutée et envisagée au niveau national, afin de protéger les écoles", a déclaré Hans Kluge.
Il n'est fait à aucun moment mention d'un appel à "éviter" la vaccination des enfants ni lors de la conférence de presse ni dans la dépêche initiale. Contactée par l'AFP le 9 décembre, l'OMS confirme sa ligne. "Les pays devraient envisager la vaccination des enfants contre le COVID-19 (avec un vaccin homologué pour ce groupe d'âge) dans leur contexte épidémiologique et social spécifique", indique la branche Europe.
Tout en rappelant qu'elle n'a pas "encore accordé d'autorisation d'utilisation d'urgence de vaccins Covid-19 pour les enfants de moins de 12 ans", l'agence onusienne évoque la nouvelle formule du vaccin Pfizer-BioNTech qui "a démontré une efficacité élevée contre le COVID-19 chez les enfants dans un essai clinique" et qui "a été autorisée par des autorités réglementaires strictes (par exemple, la FDA et l'EMA) pour une utilisation chez les enfants à partir de 5 ans."
"Les groupes consultatifs techniques nationaux sur la vaccination (GTCV) dans certains pays ont déterminé que les avantages connus et potentiels de ce vaccin l'emportent sur les risques connus et potentiels de son utilisation dans ce groupe d'âge", ajoute l'OMS. "La durée de suivi plus longue pour les enfants" dans les essais cliniques "et la surveillance de l'innocuité post-autorisation fourniront des preuves supplémentaires pour l'analyse continue des bénéfices/risques."
Ce n'est pas la première fois que de fausses informations circulent autour de recommandations présumées de l'OMS. En juin 2021, des publications avaient ainsi affirmé que l'OMS encourageait, voire préconisait de vacciner les enfants sans l'accord explicite des parents - ce qui s'était révélé être faux.
La question de la vaccination des enfants a ressurgi avec la nouvelle vague d'épidémie de Coronavirus qui frappe de nombreux pays, notamment en Europe, poussant plusieurs capitales à resserrer la vis en instaurant de nouvelles restrictions.
Face à la recrudescence de cas, plusieurs pays dans le monde ont parallèlement fait le choix d'autoriser la vaccination pour les enfants de moins de 12 ans.
L'AFP Factuel a fait le point sur ce sujet le 4 décembre. En France, le ministère de la Santé a ouvert la voie courant décembre à une vaccination des 5-11 ans risquant de développer des formes graves, et le gouvernement déclare envisager une ouverture à toute la classe d'âge d'ici la fin de l 'année. Les chercheurs et médecins interrogés par l'AFP restent prudents à ce stade sur la pertinence d'un élargissement à l'ensemble des 5-11 ans pour lutter contre la cinquième vague.
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