Non, Donald Trump n'a pas enfreint le "protocole royal" lors de sa visite au château de Windsor

Le président des États-Unis Donald Trump a été reçu en grande pompe pour son deuxième voyage diplomatique au Royaume-Uni, entre le 16 et le 18 septembre. À cette occasion, une séquence où l'on voit Donald Trump prendre la tête du passage en revue d'un régiment de la garde royale a retenu l'attention d'internautes, certains affirmant que le président américain avait "rompu le protocole" de la visite et commis, volontairement ou non, un incident diplomatique. Mais il n'en est rien : des experts du protocole royal ont expliqué à l'AFP que le président américain s'était comporté de manière conforme à la tradition, comme l'avaient fait plusieurs chefs d'État avant lui. 

"Trump a provoqué une tempête d'indignation en Grande-Bretagne en humiliant le roi", écrit un internaute dans une publication partagée plus de trois cent fois sur X, reprenant un texte copié-collé qui circule sur plusieurs plateformes, comme Facebook ou TikTok. Celui-ci poursuit : "Le président américain a décidé de parler avec un garde au lieu du roi Charles III (également appelé Charles) [sic], qu'il a publiquement laissé traîner derrière lui comme une vieille chaussette. Il est rapporté que la presse locale était en colère". 

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Captures d'écrans réalisée le 23/09/2025 sur Facebook et TikTok. Croix rouges ajoutées par l'AFP.

Sur les images qui accompagnent les légendes, on voit le président américain longer les rangs de la garde d'honneur disposée dans la cour du château de Windsor, au côté du capitaine de la garde, précédant le roi Charles III de quelques mètres. Une distance interprétée comme un affront à la préséance royale et une entorse au protocole, qui voudrait que le roi guide son hôte à travers la cérémonie, prétendent encore des utilisateurs sur X et TikTok.

"Le roi actuel marche derrière, et comme [sic] le chef d'un état vassal, il n'a pas le courage de le signaler et de rétablir l'ordre", applaudit un autre utilisateur en légende d'une vidéo cumulant 2.100 likes sur Facebook. On retrouve ces affirmations partagées des milliers de fois en cumulé à travers plusieurs plateformes, et dans plusieurs langues : en anglais, allemand, espagnol, slovaque et polonais.

Mais contrairement à ce qu'affirment ces publications, Donald Trump n'a pas rompu le protocole soigneusement orchestré de cette visite diplomatique : d'après les experts joints par l'AFP, son comportement était conforme à la conduite attendue d'un chef d'Etat en visite en Grande-Bretagne, lors d'un exercice soigneusement chorégraphié.

Une conduite "conforme" à l'étiquette

Coups de canon, procession en carrosse, cérémonies militaires impliquant quelque 1.300 hommes, survol de la patrouille acrobatique...l'apparat royal britannique était déployé pour la deuxième visite du président des États-Unis au Royaume-Uni (lien archivé ici). Arrivé le 17 septembre en hélicoptère avec son épouse au château de Windsor, forteresse médiévale emblématique de la monarchie britannique, Donald Trump a été invité à prendre part à un riche programme cérémonial.

Une façon d'honorer la relation particulière des deux Etats et de séduire Donald Trump, admirateur autoproclamé de la famille royale, dans un contexte de tensions diplomatiques et économiques liées aux droits de douane chers au président américain (lien archivé ici). Les barrières douanières "réciproques" imposées par les Etats-Unis ont en effet mis à mal l'économie britannique, dont le produit intérieur brut (PIB) a à peine progressé de 0,3% au deuxième trimestre. 

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Donald Trump au château de Windsor, le 17 septembre. (JONATHAN BRADY)

Après un tour en carrosse dans les jardins du domaine, Donald Trump a été invité à passer en revue trois régiments parmi les plus prestigieux de l'armée royale dans la cour du château : les Scots, les Grenadiers et les Coldstream Guards, dont le lieutenant-colonel Storm Green menait la revue aux côtés du président. Et celui-ci s'est comporté de manière de la manière attendue, a expliqué à l'AFP l'historien et commentateur Rafe Heydel-Mankoo, spécialiste de la monarchie anglaise et de ses traditions (lien archivé ici).

"Lorsque le chef d'Etat en visite inspecte la garde d'honneur, il passe toujours devant le souverain", a t-il expliqué à l'AFP, "car celui-ci l'invite à prendre les rênes de l'inspection et se contente simplement de l'accompagner". En somme, "Le président Trump n'a pas rompu le protocole : il a agit conformément à celui-ci".

Une analyse confirmée par Richard Fitzwilliams, autre expert reconnu de la famille royale britannique (lien archivé ici). "Le roi Charles a fait passer son invité devant lui pour mener la revue des régiments, qui s'est très bien déroulée, ainsi que tout l'aspect cérémonial de la visite présidentielle"

La revue des troupes, un exercice millimétré

Bien que Donald Trump soit le premier président américain à recevoir deux accueils en grande pompe au Royaume-Uni, comme lui-même s'est plu à le rappeler, de nombreux autres chefs d'État ont déjà eu l'occasion de passer les troupes royales en revue lors d'une visite (lien archivé ici). Son prédécesseur Joe Biden avait ainsi assisté à une cérémonie comparable en juillet 2023 (lien archivé ici). 

C'est également le cas du président français Emmanuel Macron, venu en visite diplomatique au Royaume-Uni en juillet 2025 (lien archivé ici). Comme Donald Trump, celui-ci avait été reçu avec les hommages royaux au château de Windsor avant de rencontrer le Premier ministre Keir Starmer ; et comme lui, il avait passé en revue la garde d'honneur dans la cour du château.

À cette occasion, le roi Charles III avait invité son hôte à s'avancer le premier et avait suivi le président français quelques pas en arrière, suscitant les mêmes critiques à l'encontre du chef d'État en visite, accusé par des internautes français et britanniques de manquer de respect au monarque (lien archivé ici). Ce n'était d'ailleurs pas non plus la première fois que Donald Trump lui-même était l'objet de telles critiques : en 2018, les internautes s'étaient déjà émus que le président américain passe devant la reine Elizabeth II au moment d'inspecter la garde dans la cour de la demeure royale (lien archivé ici). 

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Emmanuel Macron et le roi Charles III passent en revue la garde d'honneur au palais de Windsor, le 8 juillet 2025. (JAIMI JOY)

Mais là aussi, la reine avait en réalité indiqué au président de prendre la tête de la revue. Des observateurs de la cérémonie avaient toutefois noté qu'une pause intempestive de Donald Trump dans sa déambulation avait obligé la reine à le contourner.

Le protocole royal fait référence à une série d'usages, coutumes et traditions distinctes des chorégraphies de ce type d'événement. Le site web de la monarchie anglaise explicite : "Il n'y a pas d'obligation ou de code de comportement lorsque l'on rencontre la Reine ou un membre de la Famille Royale, mais il est possible que les personnes souhaitent observer les formes traditionnelles".

C'est-à-dire, dans le cas du roi, un salut composé d'une légère inclinaison de la tête pour les hommes et d'une simple révérence pour les femmes, bien que le site note qu'il est possible "de simplement se serrer la main de façon ordinaire". D'autres séquences de la visite ont ainsi attiré l'attention (et parfois l'ire) des internautes outre-Manche, comme lorsque le président américain a touché le dos ou le bras du roi, l'usage en vigueur étant généralement de se garder de ce type de contact à moins qu'il ne soit initié par le souverain (lien archivé ici). 

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