
Attention, cette vidéo montre un hôpital indien en feu en 2023, et non le siège des services de renseignement israéliens
- Publié le 07 mai 2025 à 16:17
- Lecture : 6 min
- Par : AFP Moyen Orient et Afrique du Nord
- Traduction et adaptation : AFP France
Copyright AFP 2017-2025. Toute réutilisation commerciale du contenu est sujet à un abonnement. Cliquez ici pour en savoir plus.
"Un missile hypersonique frappe le siège du Mossad israélien depuis le Yémen", peut-on lire sur la bannière d'une vidéo TikTok publiée le 27 avril 2025, aimée près de 40.000 fois et vue près d'un million de fois sur la plateforme.
Dans cette vidéo de 14 secondes, on voit un grand bâtiment de couleur jaunâtre en proie aux flammes. En fond sonore, un signal d'alerte retentit, tandis qu'une voix masculine commente, en arabe, les images en citant des "médias" israéliens et situant l'attaque présumée "à Tel Aviv", en Israël.

Des messages similaires circulent sur Facebook, Instagram et TikTok, et dans plusieurs langues comme l'anglais, l'espagnol et le turc.
"Tous les adversaires d'Israël ont la bombe atomique et si Israël ne s'arrête (sic) pas son génocide à Gaza il risquerait de disparaître", peut-on lire sur la bannière d'une de ces publications.
La vidéo que nous vérifions a fait surface sur les réseaux sociaux dans un contexte d'attaques de missiles menées par les rebelles houthis du Yémen en mer Rouge, contre des navires d'Israël et des États-Unis, ainsi que sur le territoire israélien, par solidarité selon eux avec les Palestiniens de la bande de Gaza, dévastée par la guerre entre Hamas et Israël (liens archivés ici et ici).
En mars 2025, le président américain Donald Trump a ordonné une campagne de bombardements contre les Houthis pour les contraindre à cesser de menacer les navires empruntant au large du Yémen des routes maritimes cruciales pour le commerce international. Depuis, les États-Unis ont frappé plus de 1.000 cibles, tuant des centaines de combattants et de dirigeants houthis (lien archivé ici).
L'offensive américaine s'est produite après que les Houthis ont annoncé la reprise des attaques contre le transport maritime en réponse au refus d'Israël de permettre l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza (lien archivé ici).
Des images d'un hôpital en feu
Contrairement à ce qu'affirment les publications virales, les images ne montrent pas le siège du Mossad – le service de renseignements extérieurs israélien –, situé à Tel Aviv. Une recherche d'image inversée a permis à l'AFP de retrouver cette scène largement relayée par des médias indiens en décembre 2023.
Des articles de India Today (1, 2), The Hindu et NDTV faisaient alors état d'un incendie survenu à l'hôpital Ankura, à Hyderabad, dans le sud de l'Inde le samedi 24 décembre 2023. Selon les autorités locales, le feu aurait été provoqué par un court-circuit électrique ayant affecté l'éclairage du bâtiment (liens archivés ici, ici, ici et là).
En utilisant Google Maps, l'AFP a trouvé des images de l'extérieur de l'hôpital à Hyderabad. On constate que sa structure est la même que celle du bâtiment dans les publications virales, et les images de janvier 2025 qui témoignent de sa rénovation depuis l'incident.

La vidéo virale utilise aussi un audio d'un supposé journaliste qui mentionne des bâtiments prétendument attaqués en Israël. Cependant, l'AFP a découvert que ce son a été ajouté à la séquence par la suite.
En effet, la même voix off apparaît dans ce reportage publié sur YouTube par le média Al Jazeera en octobre 2024, à la suite du lancement de missiles iraniens contre Israël. Toutefois, l'audio des sirènes d'alerte est audible plus tard dans le reportage original (lien archivé ici).
En outre, à ce jour, l'AFP n'a trouvé aucune preuve d'une prétendue attaque contre le siège du Mossad israélien par les rebelles du Yémen, à l'inverse de ce qu'indiquent les publications virales sur les réseaux sociaux.
Des tensions maritimes et militaires croissantes
Les Houthis font partie, avec le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais notamment, de ce que l'Iran présente comme "l'axe de la résistance" face à Israël.
Affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens, les rebelles yéménites ont revendiqué des dizaines d'attaques de missiles et de drones contre Israël depuis le début de la guerre le 7 octobre 2023 entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza. Ils visent des navires qu'ils estiment être liés à Israël en mer Rouge et dans le golfe d'Aden. La quasi-totalité des tirs ont été interceptés.
Le 4 mai dernier, les rebelles houthis au Yémen ont revendiqué un tir de missile sur le principal aéroport israélien, Ben-Gourion, à Tel-Aviv. Le même jour, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a promis des représailles contre les rebelles houthis mais aussi l'Iran pour avoir, selon lui, soutenu ces insurgés.
"Israël répondra à (cette) attaque des Houthis (...) ET en temps voulu et en un lieu choisi par nous, à leurs maîtres terroristes iraniens", a-t-il écrit sur le réseau social X le 4 mai 2025 (lien archivé ici).
Le 6 mai, Israël a riposté en frappant l'aéroport de Sanaa au Yémen aux mains des rebelles houthis, une attaque qui a fait trois morts, selon les rebelles. Le même jour, Donald Trump a déclaré que les Houthis avaient "capitulé" et promis que les bombardements américains au Yémen allaient cesser avec "effet immédiat" (lien archivé ici).
"Ils disent qu'ils ne feront plus exploser de navires, et c'était notre objectif", a déclaré le président américain, ajoutant que l'information provenait d'une "très, très bonne source".
"Une victoire massive", a renchéri la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt. "Le monde est plus sûr avec le président Trump aux commandes", a-t-elle ajouté.
Le 7 mai, Abdoulmalik Alejri, un responsable des rebelles, a affirmé à l'AFP que les Houthis allaient en effet cesser de cibler tous les navires internationaux, à l'exception des navires israéliens passant au large du Yémen, voie maritime essentielle pour le commerce mondial, en dépit du récent cessez-le-feu conclu avec les États-Unis sous médiation omanaise (lien archivé ici).
De nombreuses fausses informations circulent sur le conflit israélo-palestinien. L'AFP en a vérifiées plusieurs.