
Non, les Etats-Unis n'ont pas annoncé vouloir fermer une base militaire en Grèce
- Publié le 05 mars 2025 à 17:59
- Lecture : 5 min
- Par : Daniel Patrick GALGANO, AFP Etats-Unis
- Traduction et adaptation : AFP France , Claire-Line NASS
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"Etats-Unis : Trump ferme la base militaire américaine d'Alexandroupoli en Grèce, la Turquie a fait plusieurs demandes aux États-Unis pour sa fermeture. Alexandroupoli servait également de port pour l'acheminement de matériel militaire vers l'Ukraine et les pays des Balkans", assure une publication partagée près de 300 fois sur X depuis le 24 février.
La même affirmation a été partagée d'autres centaines de fois dans d'autres messages sur X et sur Facebook, par des internautes basés en France et en Afrique francophone. Elle a aussi été reprise par des sites se présentant comme diffusant des actualités, comme "Nouvelles d'Afrique" et "Omerta".

Des messages similaires ont largement circulé en anglais, sur X (1, 2, 3), Facebook, Instagram, Threads, Bluesky, TikTok, YouTube, Gettr et des sites d'actualités, et ont aussi été reprises en grec, en allemand, en espagnol, en portugais et en italien.
Plusieurs médias d'Etat russe comme l'agence RIA Novosti ou le média RT ont relayé les mêmes allégations.
Certains citent comme sources le journal conservateur basé à Athènes "Dimokratia", qui a publié le 23 février un article assurant que Donald Trump avait annoncé fermer la base, à la demande des présidents turc Recep Tayyip Erdogan et russe Vladimir Poutine.
Ces allégations se propagent alors que le président américain a entamé une vaste réorganisation du Pentagone, limogeant des officiers supérieurs et cherchant à licencier des milliers de travailleurs civils afin d'aligner l'armée américaine sur ses priorités (lien archivé ici). Ce qui pourrait aussi entraîner un changement de stratégie de défense, concernant notamment les alliances de longue date tissées avec l'Europe (lien archivé ici).
Donald Trump a amorcé depuis son entrée en fonction un rapprochement spectaculaire avec Vladimir Poutine, et suspendu l'aide américaine à Kiev.
Face au désengagement américain, les Européens tentent de réagir. L'Ukraine a déclaré mardi "discuter" avec eux pour remplacer l'aide américaine, tandis que l'UE a dévoilé un plan "pour réarmer l'Europe" qui va permettre de lui fournir une aide militaire "immédiate" (lien archivé ici.
Début février, Donald Trump a pris les dirigeants ukrainiens et européens de court en acceptant des pourparlers sur l'Ukraine avec la Russie et en martelant vouloir "récupérer" l'aide accordée par les Etats-Unis à Kiev (liens archivés ici et ici).
Le chef du Pentagone, Pete Hegseth, a prévenu le 15 février les alliés de l'OTAN que la présence militaire américaine sur le continent pourrait ne pas "durer éternellement" (lien archivé ici).
Mais les rumeurs concernant la fermeture de la base grecque sont inexactes.
Donald Trump a lui-même réfuté l'affirmation
Lors d'une conférence de presse à l'occasion de la visite du président français Emmanuel Macron à la Maison Blanche le 24 février, un journaliste a demandé à Donald Trump s'il avait vraiment annoncé vouloir fermer la base grecque. Après une brève discussion avec son ministre de la Défense Pete Hegseth, le président américain a répondu : "ce n'est pas une histoire vraie" (lien archivé ici).
Contacté par l'AFP le 24 février, un responsable du ministère de la défense américaine a déclaré que la base de la ville d'Alexandroupoli n'appartenait pas aux Etats-Unis, mais à la Grèce, et que l'armée américaine l'utilise pour transporter du matériel en Europe, dans le cadre d'un pacte de défense mutuelle.
"Des membres américains du personnel de gestion du transport du matériel peuvent se rendre dans cette base pour s'occuper d'arrivées et de départs épisodiques d'équipements, mais ce n'est pas une 'base' américaine que les Etats-Unis pourraient fermer", a-t-il déclaré le 24 février.
L'accord de coopération de défense mutuelle entre les Etats-Unis et la Grèce, signé à l'origine en 1990 et dont un amendement est entré en vigueur en 2020, comprend une clause indiquant que les Etats-Unis ont un accès "prioritaire" au port d'Alexandroupoli pour transporter du matériel dans le pays - mais n'indique en aucun cas que la base en question appartiendrait aux Etats-Unis (lien archivé ici).
En octobre 2021, le secrétaire d'Etat américain de l'époque Antony Blinken avait signé un nouvel amendement à cet accord, en pleine période de tensions croissantes entre la Grèce et la Turquie. Il donnait aux Etats-Unis l'autorisation de faire stationner des troupes au Camp Giannoulis, dans le nord-est de la Grèce, mais précisait bien que la base resterait la propriété des forces armées grecques (lien archivé ici).
En effectuant une recherche par mots-clés en anglais sur Google, l'AFP n'a retrouvé aucune mention officielle suggérant que les États-Unis auraient l'intention de mettre fin à cet accord avec la Grèce, vieux de plus de trois décennies.

Dans le sillage du président américain, Donald Trump, qui a durci le ton la semaine dernière envers son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, internet a vu déferler ces derniers jours une impressionnante campagne de désinformation ciblant l'Ukraine, derrière laquelle les experts voient la main de Moscou.