Non, l'arrivée d'un nouveau cyclone n'est pas prévue à Mayotte entre le 1er et le 2 janvier
- Publié le 20 décembre 2024 à 18:43
- Lecture : 6 min
- Par : Dounia MAHIEDDINE, LUCIE DE PERTHUIS, AFP France
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Le 14 décembre, le cyclone Chido a ravagé l'archipel français de Mayotte. Selon des chiffres provisoires datant du 19 décembre, 31 morts et quelque 2.100 blessés ont été officiellement recensés, cinq jours après le passage du cyclone. Néanmoins, les autorités craignent un bilan beaucoup plus lourd, alors que 70% des habitants ont été gravement touchés, selon le ministère de l'Intérieur.
Dans ce contexte, de nombreuses fausses informations circulent sur les réseaux sociaux, annonçant l’arrivée d’une nouvelle tempête.
"Selon mes données, un cyclone atteindra son pic d’intensité près de #Mayotte dans la nuit du jeudi 2 janvier 2025, particulièrement entre 1h et 7h. Des vents >145 km/h et des pluies torrentielles sont attendus", alerte sur X une internaute. "Restez prudents et unis. Courage à tous, Mayotte est forte", ajoute-t-elle.
Cette affirmation a également été partagée sur TikTok, où elle a été vue plus de cent mille fois.
Les publications montrent une capture d'écran à partir de sites de prévisions météorologiques, avec une carte indiquant des vents autour d'un système cyclonique.
"Mayotte ne tiendra pas", "encore un autre problème qui vient s’ajouter", "J’ai vu, c’est le cyclone Dikeledi", écrivent en commentaire des internautes.
Un risque d’activité cyclonique faible à Mayotte
Mais selon les dernières prévisions de Météo-France, le risque d’activité cyclonique pour Mayotte est pour l'heure faible. "Pour le moment, il n’y a rien de menaçant dans la zone", a dit le 20 décembre à l'AFP Ludovic Carré, prévisionniste de Météo-France en charge de l'océan Indien. (lien archivé ici)
Si la formation d'un ou plusieurs systèmes dépressionnaires tropicaux est bien attendue dans les prochaines semaines, ces phénomènes devraient rester "à bonne distance des territoires français", précise Météo-France. Le risque cyclonique semble plutôt se diriger vers le sud, l’est et le centre du canal du Mozambique.
"Dans ce scénario, les Mascareignes ainsi que la côte Est de Madagascar pourraient être sous l'influence plus ou moins directe d'un phénomène cyclonique", indique Météo-France, concluant que "le risque d'activité cyclonique devrait rester faible dans le nord du canal du Mozambique à proximité des Comores et de Mayotte".
Le Centre météorologique régional spécialisé pour le sud ouest de l'océan Indien (CMRS), est chargé, sous la responsabilité de Météo-France, de la surveillance des cyclones tropicaux dans cette zone. Consulté par l’AFP le 20 décembre, son site indique qu'il n'y a "pas d’activité cyclonique en cours sur le sud-ouest de l'océan Indien" (lien archivé ici).
Dans cette région, la saison cyclonique s’étend de novembre à mai. Par conséquent, il est probable que d’autres phénomènes cycloniques se forment dans les semaines à venir, sans pour autant représenter une menace pour Mayotte ou d’autres terres habitées de la zone.
A partir du 25 décembre, les conditions météorologiques sont de nouveau favorables à la formation de systèmes cycloniques sur la partie centrale du bassin océan Indien. "Il est encore trop tôt pour savoir si des territoires français peuvent être concernés (...) pour l’instant ce n’est pas le cas", a indiqué le 20 décembre à l’AFP Laurent Becler, responsable du département presse et réseaux sociaux chez Météo-France.
De nombreux internautes inquiets partagent des captures d’écran issues de l'application Windy, qui fournit des prévisions météorologiques dans le monde entier, en se basant sur différents modèles de prévisions.
Mais "il ne faut surtout pas regarder Windy", met en garde Ludovic Carré, expliquant que cette application utilisait des modèles bruts, qui, pris isolément, ne permettent pas une analyse fiable et précise de la situation.
"Sur des prévisions de plusieurs jours, on obtient parfois vraiment n’importe quoi", témoigne le prévisionniste, invitant la population à consulter les bulletins de Météo-France et à se méfier des prédictions trop précises.
En réalité, des prévisions fiables ne peuvent être établies que cinq jours à l’avance. "C’est la limite raisonnable pour savoir si un système va se développer ou non", explique Ludovic Carré.
Les posts sur les réseaux sociaux annonçant des cyclones plusieurs semaines ou mois à l'avance ne sont donc pas fondés.
Un cyclone Dikeledi ?
Sur internet, certaines publications mentionnent en particulier l'arrivée d'un cyclone nommé Dikeledi. "Alerte rouge de tempête tropicale modérée Dikeledi 1er janvier jusqu’au 2 janvier 2025", peut-on ainsi lire sur un post Facebook partagé plus d'une centaine de fois.
Chaque année, le CMRS publie la liste de noms qui seront donnés aux systèmes dépressionnaires tropicaux qui atteindront au cours de la saison le stade de tempête tropicale modérée (lien archivé ici).
Après Chido, le prochain nom sur la liste du CMRS est Dikeledi. Cependant, aucun phénomène n’ayant encore atteint ce niveau, ce nom n’a pas été attribué et aucune tempête de ce nom n’existe pour le moment.
Chido, un phénomène exceptionnel ?
Le cyclone Chido, particulièrement violent, a été dévastateur pour l’archipel de Mayotte, qui n’avait pas connu de catastrophe météorologique comparable depuis 1934.
Pourtant, un tel cyclone n'est pas inhabituel dans l'océan Indien, où on "observe en moyenne trois phénomènes par an d'intensité équivalente à celle de Chido sur ce bassin", selon Météo-France.
"Chido est un cyclone remarquable avant tout par sa trajectoire (…) inhabituelle", a relevé le 19 décembre sa présidente Virginie Schwarz, lors d'une conférence de presse. "Le fait qu'il soit passé comme ça, tout droit, en plein sur Mayotte", "c'est ce qui explique l'ampleur des dégâts", a-t-elle observé, en réponse à une question sur l'influence du changement climatique sur le phénomène.