
Des militants pro-palestiniens s'attaquent à la police en marge d'une manifestation à Barcelone ? C'est faux
- Cet article date de plus d'un an
- Publié le 25 octobre 2023 à 11:03
- Mis à jour le 27 octobre 2023 à 11:02
- Lecture : 5 min
- Par : Manon JACOB, AFP Etats-Unis, AFP France
- Traduction et adaptation : Pierre MOUTOT
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Plus de 1.400 personnes ont été tuées le 7 octobre sur le territoire israélien par les hommes du Hamas, en majorité des civils fauchés par balles, brûlés vifs ou morts de mutilations, selon les autorités israéliennes. Environ 1.500 combattants du Hamas ont été tués dans la contre-offensive ayant permis à Israël de reprendre le contrôle des zones attaquées, selon l'armée israélienne. Le Hamas a enlevé environ plus de 200 otages parmi lesquels des étrangers de plus de vingt pays, retenus à Gaza.
Côté palestinien, 5.791 personnes incluant au moins 2.360 enfants ont été tuées dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas. Des quartiers entiers y ont été rasés et se retrouvent sans eau, sans nourriture ni électricité, et plus d'un million de personnes ont été déplacées après le siège imposé par Israël le 9 octobre à la bande de Gaza, déjà soumise à un blocus terrestre, maritime et aérien depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.
Le soir du 17, un tir fait au moins 471 morts dans un hôpital de Gaza abritant également des déplacés du conflit, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas. Le renseignement américain recensera lui entre "100 et 300" morts. Le Hamas et le Jihad islamique accusent l'armée israélienne. Israël dément, affirmant avoir des "preuves" de la responsabilité du Jihad islamique.
Les photos et vidéos de l'AFP montrent des dizaines de corps dans des draps, des sacs mortuaires noirs ou sous des couvertures.
Au lendemain de la frappe, des milliers de personnes ont manifesté à travers le monde pour exprimer leur indignation ou réclamer la libération des otages israéliens, comme relaté par l'AFP (archive).
Des manifestations de soutien au peuple palestinien ont pris place à Barcelone et d’autres grandes villes européennes : par exemple le 18 octobre suite au bombardement de l’hôpital et le 21 octobre 2023 (1 et 2).
A Paris, le 12 octobre, plusieurs milliers de personnes s'étaient rassemblées place de la République en soutien aux Palestiniens, malgré l'interdiction préfectorale. Elles avaient été dispersées sous les gaz lacrymogènes et les jets d'eau. Dimanche 22, des milliers de manifestants pro-palestiniens se sont rassemblés dans le calme, à Paris pour demander l'arrêt des opérations militaires d’Israël à Gaza. Le rassemblement était la première manifestation parisienne à ne pas avoir initialement fait l'objet d'une interdiction par la préfecture de police de Paris, comme expliqué dans cette dépêche AFP (archive).
Pour autant, comme nous allons le voir, les images de manifestations que nous nous examinons n'ont pas de lien avec les événements actuels.
Depuis l'attaque du 7 octobre, l'AFP a vérifié de nombreuses publications sur les réseaux sociaux, disponible en français sur le site Factuel.
Des violences lors de manifestations contre les restrictions liées au Covid-19 à Barcelone en 2020
Sur cette vidéo, qui circule sur Facebook, X (ex-Twitter) et TikTok, dans plusieurs langues, on voit un petit groupe de personnes s’en prendre à des voitures et des motards de la police en leur jetant des projectiles et des barrières de chantier.
"Espagne Violents affrontements à Barcelone, en Espagne, entre des manifestants pro-palestiniens et la police ", dit notamment une légende en français, accompagnant ces images.

Une recherche d’image inversée permet de trouver la même vidéo, postée sur le site du journal britannique The Daily Mail le 2 novembre 2020 (archive). L’article associé indique que les images montrent des manifestants s’en prendre à la police dans le contexte des restrictions liées à l’épidémie de Covid-19 (archive).

On distingue sur les images le logo en filigrane de Jam Press, un site qui se présente comme une 'agence de création de contenus'. Une recherche par mots-clés sur X (ex-Twitter) permet de retrouver la même vidéo, datée du 2 novembre 2020, sur une page intitulée Scarcity News (archive).
La légende qui accompagne la vidéo, traduite en français, est la suivante : 'Barcelone, Espagne : des affrontements autour du confinement font des blessés parmi les policiers. la police a utilisé des motos pour traquer les émeutiers ce soir avec plusieurs arrestations alors que de grandes foules se sont rassemblées dans d’autres endroits de la ville pour protester #worldnews #spain #Barcelona'.

Contacté par l’AFP, le propriétaire du compte X (ex-Twitter) Scarcity News n’avait pas répondu au moment de la publication de cet article.
Des manifestations contre les restrictions liées à l’épidémie de Covid-19 avaient donné lieu à des affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants dans plusieurs grandes villes espagnoles entre le 30 octobre et le 1er novembre 2020, comme le relevait l’AFP à l’époque, citant notamment Madrid et Barcelone (archive).
Dans un article de La Vanguardia paru le 30 octobre 2020, une vidéo donne à voir la même scène filmée sous un angle différent et confirme que les heurts ont pris place lors d’une manifestation le même jour (archive).
Une vidéo de l’AFP datée du 30 octobre 2020 montre également des scènes de violence à Barcelone en marge de la manifestation (archive).
Ce n’est pas la première fois que des images de manifestations à Barcelone sont détournées sur les réseaux sociaux : en 2021, des internautes français avaient présenté une marche en soutien au rappeur Pablo Hasél, condamné à neuf mois de prison pour avoir critiqué la monarchie espagnole, comme une manifestation contre les restrictions liées au Covid-19, rapportait l’AFP (archive).
25 octobre 2023 Enlève lien archivé en trop