
Attention, cette photo d'une femme avec un drapeau russe et d'un homme drapé de celui de l'Ukraine date de 2019
- Cet article date de plus d'un an
- Publié le 04 mars 2022 à 12:49
- Lecture : 4 min
- Par : Claire-Line NASS, AFP France
Copyright AFP 2017-2025. Toute réutilisation commerciale du contenu est sujet à un abonnement. Cliquez ici pour en savoir plus.
Une femme arborant le drapeau russe appuyant son front sur celui d'un homme portant sur ses épaules celui de l'Ukraine. Cette image poignante a été relayée par plus de 100.000 internautes français sur Instagram (ici ou là), quelques jours après le début de l'invasion de l'Ukraine lancée par Vladimir Poutine le 24 février 2022 avec, en légende, "la photo d'aujourd'hui", laissant penser qu'elle aurait été prise récemment.

L'image, bien que saisissante, existait déjà en ligne fin 2019, et avait illustré un article publié le 4 décembre 2019 sur le site du journal américain The Washington Post.
Image prise à un concert en Pologne fin 2019
Une recherche d'image inversée (dont le principe est détaillé dans cette vidéo) à partir de la photo permet d'en retrouver plusieurs occurrences antérieures à février 2022.
La première apparition de l'image en ligne date, selon les moteurs de recherche Google et TinEye, du 4 décembre 2019, lorsqu'elle a été utilisée pour illustrer un article du Washington Post, intitulé : "Elle portait le drapeau russe. Il avait celui de l'Ukraine. Certains ont adoré la photo, d'autres ont été atterrés".

Dans l'article, Juliana Kuznetsova, la femme russe qui apparaît sur l'image, raconte l'histoire de cette photo, qui avait à l'époque déjà fait réagir sur Internet. Elle y indique que le cliché la représente avec son fiancé ukrainien, et a été pris en marge d'un concert du rappeur biélorusse Max Korzh, qui s'est tenu à Varsovie en Pologne, le 27 novembre 2019.
Le moteur de recherche russe Yandex permet d'ailleurs de retrouver l'image quelques jours avant la parution de l'article du Washington Post, le 29 novembre 2019, dans un post Instagram publié par un compte nommé "Max Korzh fan".

Le conflit dans le Donbass depuis 2014
"Nous n'avions aucune intention politique avec ce cliché", rapportait Juliana Kuznetsova auprès du journal de la capitale américaine. "Mais comme cette photo a été relayée avec beaucoup d'ampleur sur Internet et que j'ai lu beaucoup de commentaires, positifs et négatifs, je me suis rendue compte qu'une photo comme celle-là peut peut-être donner de l'espoir aux gens", abondait-elle début décembre 2019.
A l'époque, le Donbass, région de l'est de l'Ukraine, était déjà l'épicentre d'un conflit opposant depuis 2014 les forces de Kiev à des séparatistes prorusses appuyés par Moscou, qui avait émergé dans la foulée de l'annexion russe de la péninsule de Crimée.
La résolution du conflit dans le Donbass, prévue par les accords de Minsk de 2015, est restée dans l'impasse, Kiev et séparatistes s'accusant mutuellement de ne pas les respecter. Une série de trêves ont été instaurées au fil des années, mais elles ont été rendues caduques par des violations répétées par les belligérants sur le terrain.
Le volet politique des accords, qui prévoit une large autonomie pour les régions rebelles et des élections locales dans ces dernières d'après les lois ukrainiennes, reste lettre morte, les belligérants se rejetant mutuellement la responsabilité de cet échec.
Ce conflit a été décuplé lorsque la Russie a reconnu, le 21 février 2022, les républiques séparatistes de Donetsk et Lougansk, allant à l'encontre de la communauté internationale, ce qui a été suivi, trois jours plus tard, par une offensive militaire russe sur plusieurs villes ukrainiennes.

Un peu plus d'une semaine plus tard, le 4 mars 2022, la plus grande centrale atomique d'Europe, Zaporijie, située dans le Sud de l'Ukraine, a été touchée par des frappes de l'armée russe qui ont provoqué un incendie, vite éteint par les pompiers ukrainiens. Sa sécurité est, au matin du 4 mars, "garantie", selon Kiev.
La veille, à l'issue d'une journée au cours de laquelle les forces russes ont pilonné plusieurs villes stratégiques ukrainiennes, l'Ukraine et la Russie avaient convenu, à l'issue d'une deuxième session de pourparlers, d'organiser des "couloirs humanitaires" pour l'évacuation des civils des zones de combats.
