Attention à ce canular selon lequel les éoliennes ralentissent la rotation de la terre

Une vidéo cumulant plus de 250.000 vues et 2.600 partages alerte sur le fait que les éoliennes, "en grand nombre sur la planète", vont entraîner un ralentissement de la rotation de la terre et l'allongement du cyle journalier. Selon la page Facebook qui l'a publiée, il s’agit d’un signe annonciateur de la fin du monde. Attention, cette séquence est un poisson d’avril tirée d’un ancien journal télévisé de France 2 diffusé en 2009, et les experts consultés par l'AFP réfutent tout fondement scientifique à cette hypothèse.

Sur la vidéo de 1 minute 30 secondes, diffusée par la page Facebook Tubal Missionnaire, on reconnait l’ancien logo de la chaîne de télévision publique française France 2, ainsi que le présentateur en plateau, David Pujadas. Celui-ci lance, avec le plus grand sérieux, un reportage qui s'intéresse à l’impact des éoliennes sur la rotation de la terre, en s'appuyant sur une étude aux conclusions "surprenantes et inattendues". "Les scientifiques se sont aperçus que les éoliennes ralentissaient la rotation de la terre. Du coup notre planète met plus de temps pour tourner sur elle-même", affirme ainsi David Pujadas.

Le ralentissement de la rotation de la terre, à terme, allongerait la durée d’une journée à 25 heures, précise le journaliste. Selon les calculs des scientifiques, "en 1972 la terre tournait normalement en 24 h" et en 2009, cette "rotation se fait désormais en 24 h 40 mn". L'auteur de la publication virale croit d'ailleurs y voir un signe que "la fin du monde est proche".

"Il y aura des phénomènes terrifiants et de grands signes dans le ciel", assure-t-il en citant la Bible. "Repentez-vous et acceptez Jésus-Christ comme sauveur et seigneur et vous recevrez le don du Saint-Esprit", conclut-il.

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Capture d'écran Facebook effectuée le 6 juillet 2023

Une première recherche Google avec la phrase "les éoliennes ralentissent la rotation de la terre" nous permet de retrouver une série d’articles et de vidéos qui tous reprennent le reportage de France 2 relayé sur Facebook. Sur des forums, deux internautes évoquent un canular (1, 2) et font référence à un reportage identique diffusé par France 3 Poitou Charentes en 2009. On retrouve dans cette séquence plus longue, les mêmes intervenants que dans la vidéo diffusée par France 2. Le titre qui accompagne la vidéo de France 3 Poitou Charentes est "Poisson d'avril de 2009, les éoliennes ralentissent la terre".

Contacté par l'AFP, le journaliste Jérôme Vilain, qui a réalisé ce reportage, confirme qu’il s’agit "évidemment d’un poisson d’avril", initialement diffusé le 1er avril 2009 sur la chaîne régionale, avant d'être repris sur France 2, les deux chaînes appartenant au même groupe d’audiovisuel public.

Il s'agit donc bien d'un canular qui poursuit une longue tradition de certains médias qui diffusent chaque 1er avril des reportages pour piéger les téléspectateurs.

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Des éoliennes à Illiers-Combray, dans le centre de la France, le 10 février 2021 ( AFP / JEAN-FRANCOIS MONIER)

Par ailleurs, les différents experts consultés par l'AFP sont formels. Cette hypothèse n'a "aucun fondement scientifique", souligne Nicolas Nace, chargé de campagne Transition énergétique à Greenpeace France. "Une éolienne n'a pas plus d’impact au niveau local sur le vent qu’un gratte-ciel ou qu’une forêt de grands arbres par exemple".

"Je peux vous garantir que les éoliennes n’ont aucun effet sur la vitesse de rotation de la Terre. En outre, je peux également vous assurer que la période de rotation de la Terre sur elle-même reste bien égale à 24 h", ajoute Jérémy Rekier, géophysicien à l'Observatoire royal de Belgique.

Christian Bizouard, astronome et directeur du service de la rotation de la Terre au sein de l’Observatoire de Paris, affirme lui aussi que "le grand nombre d’éoliennes sur la planète n’a pas d’effet détectable sur la rotation de la terre". "Il n’existe aucun type d’activité humaine capable de ralentir la rotation de la terre : le changement ‘anthropique’ de la rotation de la Terre, ce n’est pas pour demain", ajoute-t-il.

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