Non, la RTS n'a pas réalisé de sondage prêtant 12% d'intentions de vote à Emmanuel Macron au 1er tour
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- Publié le 16 mars 2022 à 12:08
- Lecture : 5 min
- Par : Alexis ORSINI, AFP France
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"Avec une faible abstention, voilà le sondage le plus proche de la réalité. Impossible que Macron soit à 33%".
A moins d'un mois du premier tour de l'élection présidentielle, un prétendu sondage relayé par certains internautes laisse entrevoir un trio de tête à rebours des résultats des dernières enquêtes d'opinion prêtant une large avance à Emmanuel Macron sur les autres prétendants à l'Elysée.
A en croire ce visuel relayé sur Facebook (1, 2) et montrant les visages de Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Emmanuel Macron, les trois candidats seraient ainsi respectivement crédités de 22%, 17% et 12% d'intentions de vote. Un résultat qui entraînerait une élimination du président sortant dès le 10 avril et un second tour entre la France insoumise (LFI) et le Rassemblement national (RN).
En guise de source, ce visuel cite un sondage de "mars 2022" de la "RTS (Télé Suisse Romande)" - et affirme au passage que "les sondages des pays limitrophes francophones ont toujours donné raison par le passé".
Mais la RTS (Radio Télévision Suisse) n'a jamais réalisé un tel sondage, comme elle l'indique à l'AFP : "Ce "sondage" n’émane pas de la RTS et nous n’avons jamais cité de tels chiffres sur nos antennes." La chaîne ajoute qu'elle ne "réalise pas", de manière générale, "de sondage pour des élections ou des votations autres que celles qui se tiennent en Suisse."
Un faux sondage qui reprend un visuel de France Télévisions
Comme le montre une recherche inversée d'image, le montage présentant les visages de Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Emmanuel Macron reprend en outre le visuel utilisé par France Télévisions en 2017 sur ses différentes chaînes pour annoncer les résultats de l'élection présidentielle. On retrouve ainsi les mêmes photos des trois candidats sur le site de Guyane la 1re ou encore sur celui de France 3 Régions.
Avant d'être repris sous la forme d'un tel montage, ce chiffre de 12% circulait déjà début mars sur Twitter, là aussi de source helvète.
"Louise, infirmière exilée à Lausanne: "je vous confirme qu'ici, en Suisse, Macron est à 12% d'intention de vote. Les sondages des pays limitrophes francophones ont toujours donné raison par le passé. Alors les 30% annoncés en France sont un leurre pour masquer la triche annoncée ?", affirmait par exemple un tweet du 7 mars au plus de 2.000 retweets.
Un autre, publié le lendemain par un internaute soutenant Eric Zemmour, soutenait pour sa part : "Je regarde RTS, télé suisse Romande, les sondeurs donnent Macron à 12% au 1er tour... Les Suisses sont vraiment très rassurants."
Emmanuel Macron en tête des intentions de vote au premier tour dans les derniers sondages français
Selon le dernier sondage Odoxa pour L'Obs publié le 15 mars, Emmanuel Macron est en tête des intentions de vote au premier tour avec 29,5%, suivi de Marine Le Pen (19,5%) et de Jean-Luc Mélenchon (11,5%).
Une tendance dans la droite lignée de celle du sondage Ifop-Fiducial pour Paris Match, LCI et Sud Radio publié le 14 mars, dans lequel Emmanuel Macron figure en tête des intentions de vote au premier tour de la présidentielle à 31%, devant Marine Le Pen (18%) et un trio Zemmour (13%), Mélenchon (11,5%) et Pécresse (11%).
Le 4 mars, dans un sondage BVA pour Orange et RTL publié au lendemain de l'annonce de sa candidature, Emmanuel Macron avait fait un bond de 5 points dans les intentions de vote en 15 jours, pour atteindre 29% au premier tour de la présidentielle, devant Marine Le Pen, qui perdait 1,5 point à 16%, et Eric Zemmour (13%, -1,5 pt).
L'affirmation du montage viral à propos des "sondages des pays limitrophes" ayant "toujours donné raison par le passé" semble quant à elle faire référence à la publication de sondages "sortie des urnes" par des médias francophones de pays voisins en plein scrutin, alors que la loi du 19 juillet 1977 interdit, en France, "du vendredi minuit au dimanche 20 heures, toute diffusion de sondages relatifs à l’élection présidentielle", comme le rappelle la Commission des sondages.
Une interdiction qui avait été contournée sur Twitter, lors du scrutin présidentiel de 2012, via l'utilisation du hashtag "#RadioLondres". Derrière cette référence aux messages codés transmis par la radio du même nom à la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, des internautes relayaient, par le biais de messages plus ou moins humoristiques, les résultats des sondages "sortie des urnes" relayés par des médias belges et suisses pendant cette période de réserve.