Non, cette photo n'a été prise ni à Bruxelles, ni pendant Mai-68
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- Publié le 31 mai 2019 à 15:32
- Mis à jour le 25 novembre 2019 à 14:27
- Lecture : 3 min
- Par : Sami ACEF
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"Bruxelles aujourd'hui. C chaud je suivais en direct" (sic) écrit un internaute dans cette publication, accompagnée d'une photographie montrant un cortège de manifestants, marchant face à un cordon de sécurité et un camion anti-émeute.
Une autre publication, partagée plus de 100.000 fois sur Facebook, prétend également montrer une scène se passant pendant Mai-68.
Mais cette photographie n'a été prise ni dans la capitale belge, ni pendant les manifestations de Mai-68 en France.
En réalisant une recherche d'image inversée sur Yandex images, on obtient des résultats éclectiques, mais une majorité d'entre eux évoque la Turquie. Or en plissant les yeux, on peut distinguer sur la droite de notre image un panneau noir indiquant "Enotel". Il ne nous reste plus qu'à chercher des bâtiments de cette chaîne existant en Turquie.
Ci-dessous, le Enotel d'Eskişehir, une ville de l'ouest du pays.
En comparant cette rue à notre image, on retrouve en plus de l'enseigne les mêmes trottoirs aux motifs distinctifs, ainsi que les mêmes balcons sur le bâtiment de gauche, et l'on reconnaît également un bâtiment se dessinant à l'arrière-plan.
Nous avons donc retrouvé notre lieu. Intéressons-nous maintenant à la date.
En utilisant la fonction de recherche avancée sur Twitter du logiciel InVid (gratuit et ouvert à tous), et en recherchant les tweets mentionnant la rue "Yunus Emre", sur laquelle a été prise la photographie, on retrouve une occurrence datant du 2 juin 2013, et évoquant un mouvement le 1er juin 2013.
S'il est difficile d'affirmer à 100% que cette photographie, visiblement prise depuis un balcon, a été prise le 1er juin, on la retrouve dans d'autres vidéos de l'époque, se faisant l'écho du large mouvement de contestation qui avait secoué pendant plusieurs semaines Istanbul et d'autres villes turques, dont Eskisehir, à partir du 31 mai.
Selon des estimations de la police, quelque 2,5 millions de personnes sont descendues dans la rue de près de 80 villes pendant trois semaines pour exiger la démission de Recep Tayyip Erdogan, accusé de dérive autoritaire.
Les heurts avaient alors fait cinq morts et plus de 8.000 blessés, selon l'Union des médecins.
Le mouvement, qui visait à dénoncer une pratique autoritaire de la part du pouvoir en place, était parti d'une intervention musclée de la police pour déloger quelques centaines de militants qui occupaient depuis trois jours le parc Gezi, sur la place Taksim à Istanbul, pour y empêcher le déracinement de 600 arbres dans le cadre d'un projet d'aménagement urbain très contesté.
Edit 25/11 : ajoute autre publication relayant une fausse information
