Capture d'écran réalisée le 4/12/2018 de la vidéo diffusée sur Facebook

Hors-contexte, anciennes ou faussement légendées...Toutes les images de violences en marge du mouvement des "gilets jaunes" ne sont pas authentiques

Les violences samedi en marge des manifestations des "gilets jaunes", notamment à Paris, ont fait de très nombreux blessés. Beaucoup d'images en font état sur les réseaux sociaux. Cependant, certaines sont trompeuses, parfois bien antérieures aux manifestations, ou actuelles mais présentées sous un faux éclairage.

- Violences à Paris en 2015 -

"Les CRS matraquent des enfants assis". Cette légende marquante illustre une vidéo diffusée le vendredi 30 novembre, à la veille de la 3e journée de manifestations, dans laquelle on voit des membres des force de l'ordre asséner des coups de matraque à des personnes assises place de la République à Paris.

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Capture d'écran réalisée le 4/12/2018 de la vidéo diffusée sur Twitter

S'il n'y a pas de raison de penser que les images sont truquées, elle datent en fait du 29 novembre 2015, et ont été prises dans le cadre d'une marche pour le climat, lors de la COP21.

Nous avons d'ailleurs retrouvé une vidéo postée sur Twitter à l'époque,  et montrant bien la même scène. 

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Capture d'écran réalisée le 4/12/2018 d'un post partageant la vidéo sur Twitter, le 29 novembre 2015

Egalement partagée sur le groupe Facebook "Gilet jaune 2018", elle a généré plus de 3 millions de vues, 4.00 commentaires et plus de 164.000 partages.

-  Des étudiants à Nanterre en avril -

Autre exemple de vidéo partagée vendredi 30 novembre, et manquant de contexte, ces images où l'on voit des policiers traîner par la jambe des étudiants. Là encore la vidéo ne semble pas truquée, mais elle date d'avril 2018.

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Capture d'écran réalisée le 4/12/2018 de la vidéo diffusée sur Facebook

Il s’agit d’étudiants évacués de la faculté de Nanterre par les forces de l’ordre. On retrouve notamment trace de cette vidéo sur Facebook le 9 avril, et sur Twitter le 10  https://twitter.com/ChryssNice/status/983470293560766464 . 

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Capture d'écran réalisée le 4/12/2018 de la vidéo diffusée sur Twitter

- Manif contre la loi Travail en 2016 -

Un exemple de photographie cette fois. Posté sur un groupe de soutien au mouvement des "gilets jaunes", et partagé plus de 11.000 fois, un cliché montre des membres des forces de l'ordre frappant un manifestant à genoux, à Lille.

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Capture d'écran réalisée le 4/12/2018 de la photographie diffusée sur Facebook

Pas de trucage non plus, mais la photo date du printemps 2016. En faisant une recherche inversée sur Google images, on retrouve sa trace dans un article de nos confrères de M6, qui créditent pour ce cliché un photographe du collectif "Œil".

En remontant la page Facebook de ce groupe, on retrouve à nouveau cette photo, datée du 31 mars 2016, jour de manifestation contre la loi Travail, sous le quinquennat de François Hollande.

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Capture d'écran réalisée le 4/12/2018 de la vidéo diffusée sur la page Facebook du collectif "Oeil"

- De vraies images, à la bonne date, mais toujours trompeuses -

Ce sont parfois des images authentiques, et datant bien du jour des manifestations, qui font l'objet de manipulation, à coup de légendes exagérées ou erronées.

C'est le cas d'une vidéo vue près de 2 millions de fois : sur celle-ci, des policiers font face à des "gilets jaunes" à Pau avant de retirer leurs casques sous les applaudissements.

Voici la vidéo originale, accompagnée d'une légende neutre.

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Capture d'écran réalisée le 4/12/2018 de la vidéo diffusée sur Twitter

Plusieurs posts avancent que les forces de l'ordre affichent ainsi leur soutien au mouvement; ce que démentent des journalistes présents sur place et une vidéo diffusée par le quotidien local La République des Pyrénées.  

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Capture d'écran réalisée le 4/12/2018 de la vidéo diffusée sur Twitter avec une légende erronée
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Capture d'écran réalisée le 4/12/2018 de la vidéo diffusée sur Twitter avec une légende erronée

Le photographe Quentin Top, basé à Pau, et qui couvrait la manifestation pour le journal Sud Ouest, nous a notamment expliqué qu'il s'agissait d'une "négociation" entre policiers et "gilets jaunes" afin que la manifestation se disperse dans le calme, et non d'un témoignage de soutien.

Sur la vidéo de la République des Pyrénées, prise sous un autre angle, on entend un manifestant déclarer : "Ils sont prêts à enlever les casques, à une condition (…) Dès qu'ils enlèvent les casques, on chante la Marseillaise, on se dissipe et on s'en va" (à partir de 5 secondes dans la vidéo ci-dessous). 

Le journal a par ailleurs écrit un article démontrant qu'il s'agissait d'un "geste négocié afin de disperser la foule des manifestants".

- L'affaire des plaques minéralogiques disparues - 

Des photos de véhicules dégradés ou détruits samedi à Paris lors des manifestations de "gilets jaunes" circulent abondamment. Certains n'ont pas de plaques minéralogiques. 

Pour certains internautes, ils auraient été "sortis des fourrières" et disposés dans les rues de la capitale par les autorités pour mettre en scène des destructions. 

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Capture d'écran de la page Facebook de François Bonte réalisée le 04/12/2018

Pourtant, d'autres images prouvent que ces véhicules possédaient bien des plaques minéralogiques avant d'être pris pour cible. 

Le tout-terrain Land Rover présent à l'image ci-dessus, et photographié à l'angle de la rue George Bizet et de la rue Pierre 1er de Serbie (16e arrondissement), apparaît avec sa plaque diplomatique sur cette vidéo et sur la photo ci-dessous : 

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Captures d'écran Facebook et Twitter réalisées le 04/12/2018

Pour en découvrir plus sur cette histoire, vous pouvez consulter notre article dédié, à cette adresse.

- Le tweet venu d'Outre-Atlantique -

Donald Trump a rediffusé le message d'un conservateur américain selon lequel la phrase "Nous voulons Trump" a été chanté récemment par les "gilets jaunes" en France.

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Capture d'écran réalisée le 4/11/2018 montrant le tweet de Charlie Kirk, retweeté par Donald Trump

Mais il n'y a aucune trace de tels chants ces dernières semaines en France.  Ni en français sur Google, ni sur Twitter, ni sur Facebook. Il existe en revanche des articles et des tweets en anglais l'affirmant. 

Et tous se basent sur le même tweet et la même vidéo, publiés le 2 décembre au soir et déjà rediffusés plus de 17.000 fois

Problème : cette vidéo n'a pas été tournée récemment à Paris. Les uniformes des policiers ne sont pas ceux de policiers français. Cette scène ressemble beaucoup une autre scène, à Londres, et diffusée en juin dernier. 

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