Non, les élèves absents le 10 septembre ne risquent pas l'expulsion ni une amende

Des actions de blocage et des perturbations ont eu lieu le 10 septembre dans des lycées et des universités, dans le cadre du mouvement "Bloquons tout". Dans ce contexte, des vidéos très partagées sur les réseaux sociaux ont affirmé que les élèves absents ce jour-là seraient définitivement renvoyés et que leurs parents risquaient une lourde amende, à la suite d'une décision du ministère de l'Education. Mais ces affirmations, relayées dans des séquences montées à l'aide d'outils d'intelligence artificielle, sont infondées : aucune mesure de ce type n'a été annoncée ou n'est prévue.

La France n'a pas été mise à l'arrêt le 10 septembre, mais elle a connu une journée sous tension avec des centaines de blocages ou de tentatives, contrées par les forces de l'ordre, et des dizaines de milliers de manifestants défilant contre l'austérité budgétaire et les inégalités.

A 11H00, le ministère de l'Intérieur avait recensé 29.000 participants sur 430 actions, dont 273 rassemblements et 157 blocages, pour une journée de mobilisation atypique, née d'appels hétéroclites sur les messageries et les réseaux sociaux (lien archivé ici). 

Parmi ces actions, une centaine de lycées ont été perturbés et 27 bloqués, selon le ministère de l'Education nationale, notamment à Paris, à Montpellier, Rennes et Lille. Des mobilisations étudiantes ont été recensées à Paris, Rennes, Grenoble, Montpellier, Toulouse, Lyon, Mulhouse et Nice, selon l'Union étudiante et l'Unef.

C’est dans ce contexte qu'ont circulé des vidéos sur TikTok (1, 2), partagées plus de 30.000 fois, affirmant que "tous les élèves absents le 10 septembre seront renvoyés définitivement de leur établissement". Selon la voix off de l'une de ces vidéos, "la mesure, confirmée par plusieurs notes internes", viserait à décourager l’absentéisme collectif et à maintenir "l’ordre scolaire" en lien avec les appels à la grève nationale et au blocus. Elle assure que tout élève absent serait exclu sans possibilité de réintégrer son établissement et que ses parents pourraient écoper d’une amende allant jusqu’à 5.000 euros.

La voix off avance que cette prétendue décision répondrait à "la crainte d'un effondrement complet de la scolarité", évoquant également des "contrôles d'assiduité" dès le matin et des exclusions immédiates en fin de journée.

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Captures d'écran réalisées sur TikTok le 10/09/2025. Croix rouge ajoutées par l'AFP

En réaction, de nombreux internautes s'inquiètent ou dénoncent une décision abusive : "Dites-moi que c'est faux !", "Donc si y'a pas de bus je suis censé faire 4h de marche ?", "et si l'élève passe une chimio, il est viré ?", peut-on lire dans les commentaires. Les vues de ces vidéos cumulent plusieurs centaines de milliers de personnes.

Mais ces affirmations sont fausses.

Des comptes parodiques

Interrogé par l’AFP le 10 septembre 2025, le ministère de l'Education "dément formellement" l'existence d'une telle mesure et relève le caractère "parodique" des comptes à l'origine des vidéos.

En effet, ces comptes indiquent dans leur nom ou leur biographie, être parodiques ou faux. "10% de faits réels", peut-on par exemple lire sur le profil "Oeil2fake_fr". Ce qui n'empêche pas des internautes de prendre leurs contenus au sérieux.

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Captures d'écran réalisées sur TikTok le 10/09/2025. Encadrés colorés ajoutés par l'AFP

L'analyse technique de la séquence vidéo révèle plusieurs incohérences : la voix attribuée à la journaliste reste la même mais le discours varie d'une vidéo à une autre. Une analyse audio de la voix off à l'aide du détecteur de deepfakes Hiya.com - présent sur l'outil de vérification InVID-WeVerify - estime que celle-ci a été "très probablement générée par l'IA" :

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Capture d'écran du détecteur de deepfakes Hiya.com réalisée le 10/09/2025

Toujours grâce au même outil, l'original de la vidéo d'Elisabeth Borne, la ministre de l'Education apparaissant dans le montage, a été retrouvé. Elle date du 11 mai 2025 : la ministre y souhaitait bon courage aux étudiants passant les épreuves du bac pro (archive ici). 

L'éducation  fait régulièrement l'objet de désinformation ou d'affirmations trompeuses. L'AFP y a déjà consacré des articles ici et ici et ici

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