Non, la sodomie et la fellation ne figurent pas dans un manuel pour CE1 et CE2
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- Publié le 26 août 2019 à 19:10
- Mis à jour le 27 août 2019 à 18:28
- Lecture : 3 min
- Par : Rémi BANET
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A quelques jours de la rentrée, "voici le livre scolaire des enfants qui vont étudier la sexualité à l'école primaire (CE1 et CE2)", affirme une publication du 21 août partagée depuis près de 4.500 fois sur Facebook. Sur la capture d'écran associée, une page de ce supposé "livre scolaire" décrivant en détail pénétrations vaginale, orale et anale.
Problème: ce texte ne figure pas dans un manuel scolaire à destination des élèves de CE1 et CE2, mais dans une brochure intitulée "Les premières fois", éditée par l'agence sanitaire Santé Publique France.
On la retrouve ici, dans la section "Ressources pour des actions auprès des jeunes" du site de l'agence sanitaire, parmi d'autres brochures sur le tabac, l'alcool et la vaccination.
Surtout, "cette brochure est destinée à un public d’adolescents âgés entre 12 et 18 ans. Les écoles primaires ne correspondent donc pas à cette cible", a assuré lundi Santé Publique France, interrogée par l'AFP.
Si la brochure, longue de 64 pages, mentionne les mots "collège" (1 occurrence), "lycée" (3 occurences) et "adolescence"/"adolescent" (4 occurences), il n'y est jamais question d'"école" ou d'"écolier".
En primaire, "pas d'éducation explicite à la sexualité"
Contacté lundi par l'AFP, le ministère de l'Education dément également: "Il n'a jamais été question bien sûr de distribuer quoi que ce soit dans les écoles sur ce type de propos ni même d’utiliser des brochures sur les différentes pénétrations dans les séances d’éducation à la sexualité (EAS) que ce soit en école, collège ou lycée".
"A ce niveau d'âge, il ne s'agit pas d'une éducation explicite à la sexualité", explique le ministère dans la circulaire n° 2018-111 du 12-9-2018 dans le chapitre consacré aux enseignements dispensés dans les écoles élémentaires.
Toujours selon cette circulaire publiée sur le site du ministère de l'Education, les thématiques abordées dans le premier degré lors des séances d'éducation à la sexualité sont notamment "la notion d'intimité", "les différences morphologiques (homme, femme, garçon, fille)","la reproduction des êtres vivants" et "la prévention des violences sexistes et sexuelles".
Selon Santé Publique France, "en 2017, sur les 310.000 brochures commandées, 10% l’avaient été par des établissements scolaires (collèges et lycées). Ce sont les acteurs de l'éducation à la santé (CRES, CODES) qui en commandent le plus. La brochure est également commandée par les professionnels/établissement de santé (infirmières, CeGIDD, centre de santé, etc.)"
L'enseignement de la sexualité aux enfants est un sujet de rumeurs récurrentes, que des parents inquiets pour la sécurité et l'avenir de leurs enfants sont parfois prompts à relayer.
Les premières infox avaient commencé à circuler lors de la mise en oeuvre des "ABCD de l'égalité" créés par la gauche et qui avait soulevé la polémique menée notamment par l'extrême droite et les opposants au mariage homosexuel, dans une France déchirée entre partisans du mariage pour tous et de la Manif pour tous.
Les opposants aux "ABCD" dénonçaient une présumée "théorie du genre" qui nierait les différences sexuelles. La polémique avait alors donné lieu à des rumeurs infondées, sur des garçonnets obligés de porter une robe en classe ou des cours de masturbation en maternelle...
Le dispositif avait été abandonné mais les rumeurs, notamment celle sur un prétendu enseignement de la masturbation aux élèves, avaient ressurgi en juillet 2018 avec l'annonce imminente d'une circulaire sur le sujet, comme nous l'expliquions dans ce fact-check.
Cette circulaire, publiée le 13 septembre 2018 et la dernière en date sur ce sujet, rappelait que trois séances par an d'éducation à la sexualité sont prévues, de l'école au lycée, pour notamment favoriser "le respect d'autrui" et non apprendre des pratiques sexuelles aux enfants.
La loi de 2001 et une première circulaire parue en 2003 prévoyaient déjà ces trois séances. Mais une enquête menée en 2015 avait montré qu'un quart des écoles, 4% des collèges et 11,3% des lycées n'avaient mis en place aucune action ou séance, comme l'expliquait une dépêche de l'AFP.