Des images de bâtiments détruits en Israël après l'offensive iranienne ? C'est faux
- Publié le 18 avril 2024 à 15:20
- Lecture : 5 min
- Par : AFP Afrique
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Dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 avril, l'Iran a pour la première fois lancé une attaque directe contre Israël, en représailles à une frappe contre le consulat iranien à Damas le 1er avril -- attribuée à Israël -- qui a tué sept membres des Gardiens de la Révolution.
Israël et des pays alliés ont "déjoué" l'attaque iranienne contre son territoire en interceptant "99% des tirs" a déclaré, le lendemain, le porte-parole de l'armée israélienne.
Aucun drone ni missile "n'a pénétré le territoire d'Israël" tandis que seuls quelques missiles balistiques "sont entrés et ont touché légèrement la base de Nevatim", a-t-il poursuivi.
Israël dispose d'un système de défense aérienne, le "Dôme de fer", qui a intercepté des milliers de roquettes depuis sa mise en service en 2011 (lien archivé ici).
Dans ce contexte, des publications prétendent dévoiler des images de bâtiments israéliens presque totalement détruits : "Israël/99% de l’interception en question ? Les images arrivent un peu un peu... Allons seulement !!! La lutte continue...", avancent-elles en légende de deux visuels, où l'on voit des soldats armés à proximité de bâtiments béants très sévèrement endommagés (1,2,3...)
Ces images sont cependant anciennes et sorties de leur contexte : en réalité, elles ont été prise en octobre 2023, soit plusieurs mois avant l'offensive menée par l'Iran contre Israël.
Des photos anciennes
Pour retrouver l'origine de ces visuels, nous avons effectué une recherche d'image inversée à l'aide du moteur de recherche Google, qui nous a conduit à deux photographies prises en octobre 2023.
La première, visible en haut des publications diffusées sur les réseaux sociaux, a été utilisée comme image d'illustration dans un article du média français Jeune Afrique publié le 8 octobre 2023 (lien archivé ici).
Sa légende mentionne le nom d'un photographe de l'AFP en crédits.
Le photographe de l'AFP en question, Jack Guez, a bel et bien pris cette photo ainsi que plusieurs autres pour documenter la journée de "soldats se tenant devant un poste de police israélien endommagé lors des combats menés pour déloger les membres du Hamas qui se trouvaient à l'intérieur, le 8 octobre 2023", soit au lendemain de l'attaque contre Israël lancée par le Hamas.
Le poste de police en question se trouve à Sderot. Nous avons retrouvé sa trace, sur Google Maps, où des images datant de 2012 sont disponible.
La seconde image relayée sur les réseaux sociaux, située en bas de la publication, a notamment été publiée dans un article de l'agence de presse Reuters le 9 octobre 2023 (lien archivé ici).
En légende, il est écrit en anglais que "les forces de sécurité israéliennes se rassemblent (...) suite à l'infiltration massive d'hommes armés du Hamas depuis la bande de Gaza, à Sderot, dans le sud d'Israël, le 8 octobre 2023".
Cette photographie est donc elle aussi ancienne et antérieure à l'attaque iranienne lancée dans la nuit du 13 au 14 avril.
Face aux pressions internationales, Israël réaffirme son droit "à se protéger"
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réitéré le 17 avril le droit de son pays "à se protéger", face aux appels de la communauté internationale qui tente d'empêcher une riposte massive d'Israël contre l'Iran risquant d'entraîner le Moyen-Orient dans une spirale de conflits (lien archivé ici).
L'Iran a fait de son côté défiler soldats, missiles et drones pour la Journée de l'armée, en répétant qu'il apporterait une réponse "féroce" à toute riposte de son ennemi, après l'attaque inédite que la République islamique a lancée contre le territoire israélien pendant la nuit du 13 au 14 avril.
En visite en Israël, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a appelé toutes les parties à faire preuve de "retenue".
Cette attaque a été suivie de menaces de représailles croisées entre Israël et l'Iran, dans un contexte de vives tensions régionales depuis le 7 octobre, le début de la guerre entre Israël et le Hamas, allié de Téhéran, dans la bande de Gaza.
Alors que les négociations en vue d'une trêve "piétinent", selon le Qatar, le ministère de la Santé du mouvement islamiste a dénombré mercredi 56 morts en 24 heures à travers le territoire palestinien, assiégé et bombardé quotidiennement par Israël.
Sur un autre front, le Hezbollah libanais, autre allié de Téhéran, a annoncé mercredi avoir frappé depuis le Liban avec des drones explosifs et des missiles une base militaire du nord d'Israël, en riposte à des frappes qui ont tué la veille trois de ses combattants.
Quatorze personnes ont été blessées en Israël par ces frappes, selon les services de secours.