Non, le gouvernement n'a pas interdit le ramadan en 2024

Le 11 mars 2024 a débuté en France le mois du ramadan, fête religieuse musulmane qui consiste en un mois de jeûne, de prières et de partage, et va se poursuivre jusqu'au 9 avril. Mais une infox virale sur Tik Tok prétend qu'un communiqué du ministère de l'Intérieur aurait annoncé l'"interdiction" du ramadan inscrite dans une "extension du projet de loi immigration" sous peine "d'amende", voire d'expulsion du territoire", car il causerait "un problème à l'identité française". Il s'agit d'une fausse information : l'AFP n'a pas trouvé la trace d'un tel communiqué et le ministère de l'Intérieur a précisé que cette fête religieuse relève de la "liberté de culte" en soulignant en outre qu'aucune "extension du projet de loi immigration n'est en préparation". Le ramadan se déroule "comme toutes les autres années", a témoigné auprès de l'AFP la Grande Mosquée de Lyon.

Le 11 mars a débuté en France le ramadan, mois de jeûne, de prières et de partage pour les musulmans (archive ici). 

Alors que la France compte entre cinq et six millions de musulmans, faisant de l'islam la deuxième religion du pays, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a demandé aux préfets de renforcer la sécurité autour des lieux de culte musulman durant cette période.

Pendant ce mois sacré, qui constitue l'un des cinq piliers de l'islam, les croyants sont invités à s'abstenir de boire, de manger, de fumer et d'avoir des relations sexuelles, de l'aube (dès que l'on peut "distinguer un fil blanc d'un fil noir" dit le Coran) jusqu'au coucher du soleil.

Le jeûne est prescrit aux musulmans pubères, mais des dispenses sont prévues pour les voyageurs, les malades, les personnes âgées, les femmes enceintes ou venant d'accoucher. 

Le ramadan est aussi la période où d'importants dons sont consentis aux mosquées et salles de prières (environ 2.560 en France). Les musulmans sont invités à acquitter une aumône pour les pauvres, la zakât el-Fitr.

Mais juste avant le début du ramadan en France, en février 2024, des vidéos cumulant plusieurs millions de vues sur le réseau social ont commencé à se propager pour affirmer qu'observer le ramadan en 2024 serait désormais puni par la loi. 

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Capture d''écran prise sur Tik Tok le 19/03/2024

"Le ramadan qui devait avoir lieu du 10 mars au 9 avril 2024 va être interdit en France dans le cadre du projet de loi immigration annonce le gouvernement - risque d'amende", soutient ainsi une vidéo du compte "Actus-France".

Un seconde vidéo relaie la même allégation, mais en donnant plus de précisions : "ALERTE le ramadan qui doit avoir lieu en France ne va pas avoir lieu (...) cette mesure qui fait partie de l'extension du projet de loi immigration qui va bientôt voir le jour pénalisera chaque famille qui fait le ramadan d'une amende et d'un avertissement. Au bout de trois avertissements, la famille ne sera plus en capacité de rester en France", énumère une voix robotique.

L'infox a été reprise de manière massive en arabe (1, 2) et continue de circuler après le début du ramadan, soulevant de nombreuses craintes et questionnements chez les internautes faisant le ramadan.

Une rumeur infondée

En cherchant sur le site du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer, l'AFP n'a pas retrouvé la trace de communiqué mentionnant une "interdiction du ramadan en 2024" comme mentionné sur Tik Tok.

L'AFP a également regardé dans les lois adoptées pour voir si de telles dispositions y figurent.

Pour entrer en vigueur, une loi doit être adoptée par le Parlement, promulguée par le président de la République et publiée au Journal officiel. L'AFP a donc cherché si un tel texte avait été publié au Journal Officiel (archive ici) mais n'a rien trouvé de tel.

Contacté le 14 mars, le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer a confirmé à l'AFP qu'il s'agissait d'une "information complètement fausse" précisant que "le ramadan n'est pas interdit en France et que l'Etat ne distribue aucune amende, ni aucun avertissement à ce motif et n'expulse pas les personnes qui le font ". Il a en outre assuré à l'AFP qu'aucune "extension du projet de loi immigration" n'était en préparation en mars 2024, contrairement à ce qui est affirmé dans les vidéos Tik Tok. 

Face à la viralité de l'infox, la porte-parole du ministère de l'Intérieur Camille Chaize a consacré une vidéo à cette allégation rappelant  que le ramadan relève de la liberté de culte et est, à ce titre, protégé et garanti "comme toutes libertés" et doit se dérouler "sans entraves".

"La pratique reste individuelle et privée donc il n'existe aucun risque d'amende, encore moins d'expulsion, car cela n'expose pas la personne. Le ramadan a commencé le 11 mars, et se déroule absolument comme toutes les autres années", a de son côté témoigné la Grande Mosquée de Lyon, interrogée par l'AFP le 14 mars. 

Pour les musulmans du monde entier, le ramadan est synonyme de prière, de spiritualité, et de repas joyeux à la nuit tombée. Mais cette année les souffrances des Palestiniens de Gaza sont dans tous les esprits, ont raconté à l'AFP des fidèles (archive ici).

Remonter à la source

En janvier 2024, une fausse information très similaire à celle de l'interdiction du ramadan visant la communauté musulmane avait déjà circulé sur Tik Tok, assurant que la France aurait "banni le terme halal" sous peine d'amende. 

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Montage réalisé par l''AFP le 15/01/2023 à partir de différentes vidéos Tik Tok assurant que le terme "halal" aurait été interdit en France

En cas de doute, il faut toujours remonter à la source pour vérifier la crédibilité d'une affirmation relayée sur les réseaux sociaux. Si un propos est attribué à une personne ou une organisation, comme ici au ministère de l'Intérieur Gérald Darmanin, il faut essayer de retrouver une source fiable ou faisant autorité (compte sur les réseaux sociaux, site internet ou communiqué officiel) pour vérifier que cette personne ou cette organisation a bien fait cette annonce. 

Notre page consacrée aux outils pour débusquer les infox donne également d'autres conseils pour vérifier des contenus en ligne, comme des photos et des vidéos.

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