Une action anti-Zara à New York après une "pub insultante" sur Gaza ? C'est faux
- Publié le 15 décembre 2023 à 17:32
- Lecture : 4 min
- Par : AFP Etats-Unis
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"Après que Zara ait fait une publicité insultante sur la guerre à Gaza, des américains ont jeté tous leurs vêtements Zara devant l'entreprise", peut-on lire dans des publications partagées sur Facebook (1, 2, 3) et sur X (ex-Twitter) - 4, 5 - mi-décembre 2023.
Ces assertions - également relayées en anglais, en espagnol et en thaïlandais - illustrent systématiquement une même vidéo, montrant une pile de vêtements posés à même le sol de Times Square, à New York, près d'une enseigne Zara, et d'autres habits tomber du ciel pour venir s'ajouter à cet amas conséquent .
Si Zara a bien été au coeur d'une polémique autour d'une série de photos publicitaires dévoilée le 7 décembre (lien archivé) montrant une mannequin porter sur son épaule une statue de la taille d'un adulte enveloppée dans un drap blanc, qui a valu à la marque espagnole des appels au boycott, en raison de la ressemblance supposée des photos à des images de victimes dans la bande de Gaza -, la vidéo à Times Square n'a aucun rapport avec l'entreprise.
Une recherche de mots-clé sur les réseaux sociaux permet de retrouver le clip d'origine, publié par la plateforme en ligne française de mode d'occasion Vestiaire Collective sur Instagram (lien archivé) et TikTok (lien archivé) le 16 novembre 2023.
"Avec 92 millions de tonnes de textiles envoyées à la décharge chaque année, il est temps d'agir. C'est pourquoi, à compter d'aujourd'hui, nous bannissons 30 autres marques de fast fashion de Vestiaire Collective, dont Zara, H&M, Gap, Abercrombie & Fitch, Mango, Urban Outfitters et Uniqlo", indiquaient leur légende respective.
@vestiairecollective With 92 million tons of textiles sent to landfill every year, now’s the time to act. That’s why, from today, we’re banning another 30 fast fashion brands from Vestiaire Collective, including Zara, H&M, Gap, Abercrombie & Fitch, Mango, Urban Outfitters, and Uniqlo. Ready to join the movement? #thinkfirstbuysecond♬ original sound - Vestiaire Collective
Interrogée par l'AFP le 13 décembre 2023, Marie Tobaly, porte-parole de Vestiaire Collective, indique que cette vidéo a été créée par une agence française spécialisée dans l'intelligence artificielle et qu'elle a été diffusée le 16 novembre - "presque un mois" avant les publicités de Zara - dans le cadre d'une campagne de Vestiaire Collective contre le gaspillage et la "fast fashion" (lien archivé).
"La fast fashion alimente la surconsommation et la surproduction. C'est la première cause du problème des déchets textiles sur notre planète", expliquait l'entreprise sur son site, précisant avoir défini avec des experts des critères permettant d'identifier les vêtements de fast fashion, tels que des "prix très bas, des renouvellements fréquents des collections, une large gamme de références, des périodes de promotion intensives et fréquentes, et un cycle de production rapide."
La mode est l'un des secteurs les plus polluants : selon des estimations de la Banque mondiale, elle est responsable de jusqu'à 10% des émissions de gaz à effet de serre. Avec la "fast fashion", on achète pour quelques euros et on jette: des déchets qui se retrouvent souvent dans des décharges sauvages dans les pays du Sud.
Quant à la polémique provoquée par ses photos publicitaires, Zara avait expliqué que ces clichés avaient été pris en septembre 2023 et que les silhouettes enveloppées dans du plastique étaient censées montrer des sculptures inachevées.
"Malheureusement, certains clients se sont sentis offensés par ces images, qui ont maintenant été retirées, et y ont vu quelque chose d'éloigné de l'intention qui avait présidé à leur création", avait déclaré la société dans un communiqué publié le 12 décembre (lien archivé).
La guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée par une attaque sanglante et inédite perpétrée par le mouvement islamiste palestinien le 7 octobre sur le sol israélien à partir de la bande de Gaza, a fait des milliers de morts et que quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza le jour de l'attaque.
Après l'attaque du 7 octobre, Israël a juré d'"anéantir" le Hamas, pilonnant le territoire palestinien, l'assiégeant et menant, depuis le 27 octobre, une vaste opération terrestre.
Selon Israël, 1.200 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans cette attaque et environ 250 enlevées et emmenées à Gaza. Au total, il reste 132 otages à Gaza, y compris des corps, d'après l'armée. Une centaine de personnes ont été libérées dans le cadre d'une trêve fin novembre en échange de 240 prisonniers palestiniens incarcérés par Israël.
Le ministère de la Santé du Hamas a fait état le 14 décembre de plus de 18.000 morts dans les bombardements israéliens, majoritairement des femmes, des enfants et des adolescents.