
Attention à ces annonces pour adopter un chiot : c'est une arnaque
- Cet article date de plus d'un an
- Publié le 02 juin 2023 à 18:42
- Lecture : 4 min
- Par : Monique NGO MAYAG, AFP Sénégal
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"S'il vous plaît aidez-moi a trouver une nouvelle famille pour elle en partageant au maximum", implore l’auteure de ce message partagé plus de 400 fois sur Facebook depuis fin mars. Elle dit rechercher de nouveaux propriétaires pour un chiot, Luna, ayant appartenu à sa défunte mère. Le même message et la même photo touchante ont été publiés entre février et avril par plusieurs autres profils d’internautes comme ici et ici.
On la retrouve aussi dans une publication sur TikTok où le chiot se nomme "Lola" et non plus "Luna" comme sur Facebook. Cette fois, la recherche d’un "nouveau" propriétaire, truffée de fautes, est restreinte à la localité de "Tourettes-sur-loup" en France.
Plusieurs indices remettent en cause la crédibilité et la sincérité de ces publications.
Le même appel à l’aide associé à la même photo de chiot est en effet repris par divers profils créés récemment sur Facebook : Alexandra Glamiche, Philippe Dumont, Denise Labarre, sont autant de noms qu'on retrouve et qui n’ont étonnamment aucun ami répertorié sur leur fiche d’identification sur Facebook et ont pour seule activité des publications sur les chiots en mal de propriétaire.
Tous ces noms de profils ont par ailleurs publié le même message avec la photo d’un autre petit bichon maltais et sans mentionner de contact téléphonique ni d'adresse. Ils relaient invariablement leurs publications dans des groupes Facebook publics à caractère commercial qui comptent en moyenne 3500 membres.




A chaque fois, ils désactivent les commentaires, obligeant les internautes intéressés à les contacter en privé et en empêchant d’autres de dénoncer ou d'alerter sur une éventuelle arnaque.
Livrer le chien moyennant "200 euros"
Nous avons contacté par messagerie Facebook, un certain "Benoît Dubois", l'un de ceux qui disent rechercher un nouveau propriétaire pour le bichon maltais "Luna". Dans sa réponse à l’AFP le 2 juin 2023, notre interlocuteur se montre très attentionné et prévenant vis-à-vis du chien à adopter, pour éviter d'éventuels soupçons. Il fixe des conditions à remplir pour adopter le chiot, qui se résument à lui envoyer régulièrement des nouvelles de l'animal avec des photos, donner de l’amour au chien et en "prendre bien soin".
Pour finir, il précise être situé à Bastia, sur l'île de la Corse (France), et nous suggère finalement de venir chercher le chien là-bas. Si cela nous est impossible, s'empresse-t-il d'ajouter, il est possible de le faire "livrer" moyennant 200 euros par "une agence de transport animalière fiable directement à votre adresse de domicile".
Ces publications sont en réalité des messages d'escroquerie destinées à être massivement partagés. Hormis le procédé consistant à extorquer de l'argent via des conversations privées, un autre mode opératoire, expliqué précédemment par l'AFP (1,2) consiste dans un premier temps, à annoncer la perte d'un chien ou la recherche d'un propriétaire de chien. Plus tard, le texte de la publication est généralement modifié avec un lien redirigeant vers un site censé permettre de gagner de l'argent ou des cadeaux.
L'hameçonnage, "menace numéro un tous publics confondus"
Loin d'être circonscrite aux chiens perdus (1, 2, 3), cette technique d'hameçonnage s'est déclinée ces dernières années sous différentes formes - avis de recherche de tueurs en série, des messages sur des serpents tueurs, des vols de pots catalytiques ou des enfants perdus... - comme l'équipe de l'AFP Factuel en Afrique du Sud l'expliquait récemment.
Certains liens peuvent également inciter à fournir des données personnelles. Des escrocs peuvent en profiter pour récupérer les identifiants, les vendre à des tiers ou les utiliser eux-mêmes. Ils peuvent, par exemple, fouiller dans les messages à la recherche d'informations bancaires, interroger des amis à ce sujet sous couvert de l'identité usurpée, leur demander d'envoyer de l'argent ou encore relayer la publication d'origine pour faire de nouvelles victimes.
En France, l'hameçonnage - ou le "phishing" - constitue la "menace numéro un tous publics confondus", selon le rapport d'activité annuel du dispositif Cybermalveillance.gouv.fr. En 2022, ce type de cyber-malveillance a fait l'objet de 1,9 million de recherches d’assistance et consultations d’articles dédiés à ce danger, soit 54% de recherches d’information et d’assistance de plus par rapport à 2021.
Vous pouvez retrouver nos articles précédents concernant des photos et messages similaires ici.