Un nouveau patron pour l'Assemblée nationale à mi-mandat, une promesse de la majorité de Macron édulcorée
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- Publié le 04 décembre 2017 à 19:00
- Mis à jour le 04 décembre 2017 à 19:05
- Lecture : 3 min
- Par : Guillaume DAUDIN
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Mardi 27 juin 2017, jour d'agitation au Palais-Bourbon. L'ex-écologiste François de Rugy, député de Loire-Atlantique, vient d'être désigné par ses pairs macroniens comme candidat pour la présidence de l'Assemblée nationale, le "perchoir".
Richard Ferrand, élu trois jours plus tôt à la tête du groupe de députés LREM, déclare devant la presse que ce prestigieux poste de patron de l'Assemblée nationale, ainsi que tous ceux à responsabilité occupés par des membres de son parti, seront remis en jeu à mi-mandat, dans deux ans et demi.
Les sortants ? "Toutes celles et tous ceux qui ont été désignés" le matin-même en réunion de groupe, comme M. de Rugy, "remettront en jeu leur responsabilité sans pouvoir se représenter à ces mêmes responsabilités".
La règle ? Elle "figure dans notre règlement intérieur et s'appliquera à tout le monde", martèle à l'époque M. Ferrand.
Principal intéressé, François de Rugy souscrit.
Le mercredi 28, tout juste élu président de l'Assemblée nationale, il est invité de l'émission Questions d'info (LCP-AFP-Le Monde-France Info). "Vous pourriez vous-même être candidat à votre propre succession ?", l'interroge Frédéric Dumoulin, chef du service politique de l'AFP. "Ce n'est pas la logique, non. La logique qui est la nôtre est de permettrre à des nouvelles députées, de nouveaux députés, d'accéder à des postes à responsabilité car nous avons un groupe qui est profondément renouvelé".
Cela pourrait-il évoluer ? M. de Rugy le conteste, car c'est "c'est un engagement qui a été pris collectivement et individuellement: je ne vais pas le remettre en cause ce matin ou cet après-midi ou ce soir ou demain".
Mais depuis, M. Ferrand comme M. de Rugy ne sont plus si affirmatifs.
Lundi, dans Libération, M. Ferrand se voit demander s'il est toujours sur cette position de rotation du perchoir à mi-mandat.
"Lors de l’installation du groupe, je me suis engagé à ce que nous remettions en jeu à mi-mandat toutes les responsabilités, à commencer par la mienne, de sorte que de nouveaux talents puissent émerger. Dans un groupe aussi important, cette mobilité permettra une respiration démocratique et humaine nécessaire. Quand il s’est présenté au suffrage du groupe LREM, François de Rugy y a souscrit. Mais remettre en jeu ne signifie pas tout chambouler par principe ! C’est évaluer et, éventuellement, corriger pour faire mieux. Par ailleurs, je constate que François de Rugy est exemplaire depuis le début de son mandat", répond-il.
Le chef de file des députés macronistes n'évoque plus l'obligation pour les sortants de laisser leur fauteuil: il parle de simple "remise en jeu" des responsabilités à mi-mandat. François de Rugy, élu président de l'Assemblée nationale parce qu'il a été désigné comme candidat par le groupe majoritaire, pourrait donc revenir devant ce même groupe à mi-mandat. Celui-ci déciderait s'il le soutient à nouveau pour la seconde partie de ses cinq ans de mandat éventuels.
C'est d'ailleurs ce qu'a fait valoir M. de Rugy dès la mi-juillet, rappelant que selon l'article 32 de la Constitution, il était "élu pour cinq ans". "Si nous décidions de changer, il faudrait que je démissionne", avait-il argué.
Au groupe la République en Marche, interrogé lundi par le journaliste parlementaire de l'AFP Fabrice Randoux, on explique ainsi cette évolution de position: la formation du chef de l'Etat veut plus de "souplesse" et de "pragmatisme".
"Si quelqu'un fait l'unanimité à son poste de +whip+ (ndlr: chef de file des députés du groupe majoritaire au sein d'une commission) par exemple, pas de raison de changer pour changer". Mais en revanche, Joël Giraud et Laurent Saint-Martin sont convenus que le second succèdera au premier comme rapporteur général du budget, "c'est acté", les deux sont d'accord. Au cas par cas, donc.