Si ce crime atroce a bien été commis, la photo utilisée n’est pas celle de la fillette qui se nommait Bouassa Ahou Océane
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- Publié le 03 octobre 2019 à 14:30
- Lecture : 3 min
- Par : Monique NGO MAYAG
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"La Petite Grâce décédée ce jour des suites d'un viol dont elle a été victime[...]Levons nous et livrons ce COMBAT où qu’on soit! L’enfant de qui est le prochain ? NON AUX VIOLENCES SEXUELLES NON AUX VIOLENCES SEXUELLES. Partagez massivement pour montrer au monde entier que ces animosités doivent s’arrêter envers les femmes . RIP #GRÂCE : C’est mon Combat !!", écrit l’auteure indignée d’une publication sur Facebook, associée à l’image d’une fillette de 4 ou 5 ans.
Ce cliché suscite à chaque fois, la colère des internautes. Il est retweeté plus de 1 000 fois sur ce compte aux 39.700 followers et illustre cet article d’un site web ivoirien.
Cette photo a également été relayée plus de 2.500 fois à partir de ce post, avant que l’auteure ne la supprime pour laisser l’image d’une bougie allumée. Un chanteur camerounais l’a aussi partagée sur son compte Facebook aux 310.000 abonnés avant de la retirer. Des internautes ont signalé sous certaines de ces publications que l’image présentée n’est pas celle de la victime, dont la mort tragique scandalise l’opinion et fait l'objet de nombreux articles comme ici, ici et ici.
Après une recherche d’image inversée avec le moteur Google, on retrouve la même photo dans un article de mars 2011 proposant 69 idées de tresses pour enfants. Elle figure également sur de nombreuses plateformes consacrées aux tresses africaines comme ici, ici et ici.
Le prénom "Grâce" se retrouve dans une publication largement relayée, où l’auteur précise : " […] la petite que j’ai appelé Grâce âgée de 3 ans a été violé toute la nuit du vendredi [...]". Nous avons interrogé un internaute dont la publication avec ce prénom totalise plus de 1 500 partages. Il explique qu’il a simplement repris le contenu d’un "post ivoirien"
Une fausse photo pour illustrer un "acte ignoble"
Le 30 septembre dernier, Bouassa Ahou Océane, âgée de trois ans, a été enlevée, violée puis abandonnée dans les broussailles près de son village de Bore-Ettienkro, à 25 km de Dimbokro, dans le centre de la Côte d'Ivoire. C’est la ministre ivoirienne de la Famille et de l'Enfant, Ramata Ly-Bakayoko, qui a rendu public "cet acte ignoble" selon ses mots, le 1er octobre.
"Elle avait été transportée d'urgence au CHU d'Abidjan où elle devait subir trois interventions chirurgicales. Malheureusement, elle est décédée", avait expliqué Mme Ly-Bakayoko à Christophe Koffi, journaliste de l’AFP en poste à Abidjan, promettant que "tout sera mis en œuvre pour retrouver les criminels". Les funérailles seront prises en charge par l’état ivoirien.
Une photo de la ministre et la mère de la victime a été publiée sur le site web et la page Facebook du ministère ivoirien de la Famille.
Il n’est pas rare que des images soient sorties de leur contexte pour mettre un visage sur une victime, permettant de mobiliser davantage l’opinion autour d’un fait divers.