Que peut-on dire de la déclaration de Christophe Castaner sur des policiers attaqués au visage par de l'acide ?
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- Publié le 01 février 2019 à 21:17
- Mis à jour le 06 février 2019 à 15:30
- Lecture : 3 min
- Par : Sami ACEF
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Invité le matin sur RMC et BFMTV, le ministre déclare : "samedi dernier, trois CRS ont été attaqué à coup d'acide au visage", sans évoquer de lieu.
#Police #GiletsJaunes
— RMC (@RMCinfo) 29 janvier 2019
"Samedi dernier 3 CRS ont été attaqués à coups d'acide au visage (...) Les "black Blocs" sont là pour casser, ils sont là pour tuer"
➡️ @CCastaner min. de l’Intérieur#BourdinDirect pic.twitter.com/krx7TuS6Z8
Dans la soirée, alors qu'il s'exprime à la tribune de l'Assemblée nationale, il déclare cette fois "samedi dernier à Quimper de l'acide a été jeté sur 3 CRS, sur leur visage". (à partir de 14'52 dans la vidéo).
- Alors qu'en est-il vraiment ? -
Dans un communiqué diffusé sur Facebook dès le samedi soir, la préfecture du Finistère évoquait : "plusieurs centaines de manifestants déterminés de faire dégénérer la situation en recherchant délibérément l’affrontement avec les forces de l’ordre et la dégradation des biens publics (jets de projectile, contenant notamment de l’acide, de fumigène, provocations, insultes, etc.)".
Il évoque également la décision "des organisateurs" de "quitter précipitamment en milieu d’après-midi" le rassemblement, mais ces derniers lui opposent une autre version des faits comme nous le verrons ci-dessous.
Contactée, la préfecture du Finistère n'a pas répondu à nos questions. Une source policière contactée par l'AFP a cependant accepté de revenir sur les faits.
"Il s'agissait de la CRS 9 de Rennes, qui était placée place de la Résistance à Quimper pour sécuriser la préfecture", explique-t-elle à propos de la compagnie de CRS.
"Aux alentours de 17h ils ont commencé à subir des tirs de projectiles". "Vers 18h ils ont vu atterrir à leurs pieds 4 ou 5 petites bouteilles recouvertes en partie d'aluminium. Environ 30 secondes plus tard les bouteilles ont explosé", a-t-elle poursuivi.
Toujours selon cette source policière, ces bouteilles pourraient avoir contenu de "l'acide chlorhydrique", même si cela reste toujours une hypothèse.
"Quatre fonctionnaires de police ont reçu des gouttes, dont un qui a reçu des gouttes sur le visage. Le CRS 'soc2' (formé pour apporter des soins aux autres membres des forces de l'ordre, ndlr), a rincé l'œil de son collègue avec de l'eau et du sérum physiologique. Il a pu ensuite reprendre sa place", poursuit cette source.
Selon cette source ce sont donc 4 membres des forces de l'ordre qui été touchées par des projections, dont une au visage, et non 3, à Quimper.
Des vidéos Youtube postées le 26 janvier, mais également une vidéo diffusée par nos confrères du Télégramme, montrent des scènes d'affrontements sur la même place.
Les forces de l'ordre tirent au canon à eau depuis les jardin de la préfecture, et font usage sur certaines images de gaz lacrymogène. Certains manifestants lancent des projectiles dans leur direction. Aucune image que nous avons pu consulter pour l'instant ne montre la scène du jet d'acide.
- Duel de communiqués -
Mardi 29 janvier toujours, la préfecture a publié un nouveau communiqué sur Facebook, indiquant que "le préfet du Finistère, Pascal Lelarge, a signalé au parquet de Quimper les défaillances constatées dans l'organisation de la manifestation, afin de déterminer les responsabilités en vue d’obtenir réparation du préjudice, humain et matériel, subi par l’État".
Un communiqué a été publié en retour le lendemain, par la page Facebook "Gilets jaunes Quimper officiel".
"Non, les organisateurs n'ont pas quitté précipitamment le rassemblement en milieu d'après midi. Conformément aux demandes de la Préfecture, les organisateurs ont encadré et sécurisé le rassemblement depuis son début à la cité administrative à 13:30 jusqu'à sa fin à 16:55", peut-on lire dans ce communiqué.
"Conformément aux recommandations de la Préfecture, dès lors que le parcours fut achevé, et que la consigne de dispersion fut donnée, les organisateurs ont eux-même quitté les lieux. Il serait tout de même bien ironique de le leur reprocher", poursuit-il, appelant à ne pas "invers(er) l'ordre des responsabilités".