Présidentielle: non, Macron n'a pas frôlé le plafond de dépenses électorales
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- Publié le 02 mai 2018 à 12:30
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- Par : Guillaume DAUDIN
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Le chef de file de La France insoumise, invité de BFM TV - RMC mercredi matin, a affirmé ceci:
Emmanuel Macron "est à 150.000 (euros) du plafond, c'est-à-dire bis l'affaire Bygmalion, d'accord ? Moi j'ai tout déclaré jusqu'à l'air que je respirais. Lui ... Il a diminué toutes les dépenses. Pourquoi ? Parce qu'il avait la trouille de dépasser, comme c'était arrivé à Sarkozy, d'accord ? Voilà, nous sommes dans la même histoire. Ils ont sous-évalué les comptes pour ne pas dépasser les plafonds. Voilà mon soupçon".
Il avait déjà produit ces accusations la veille sur Facebook.
L'accusation a été reprise par le député LFI de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière dans un tweet:
Mon amie @MartineBillard pose le problème de façon très pertinente. A 152 000 euros de plus la campagne de #Macron explosait le plafond autorisé. Est ce pour cela qu'il a fallu obtenir des "ristournes" coûte que coûte, même en piétinant le code électoral ? https://t.co/gCCDz55Waf
— Alexis Corbière (@alexiscorbiere) 1 mai 2018
Qu'en est-il en réalité ? Pour la présidentielle 2017, le montant des dépenses était plafonné à 16,851 millions d'euros pour chaque candidat du premier tour et à 22,509 millions pour les deux du second, Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
Emmanuel Macron a dépensé d'après la Commission nationale des comptes de campagne et de financement de la vie politique (CNCCFP) un montant de 16.698.320 euros sur l'ensemble des deux tours de l'élection présidentielle, selon sa décision du 21 décembre dernier.
Soumis à ce plafond de 22,509 millions d'euros car qualifié au second tour, il avait donc, toujours d'après la CNCCFP, environ 5,5 millions d'euros de "marge" et non "150.000 euros", comme l'affirment les soutiens de La France insoumise.
Il serait avéré que les dépenses de la campagne Macron frôleraient (ou dépasseraient) le plafond autorisé que s'il était prouvé que les dépenses déclarées sont erronées, ce qui n'est pas le cas en l'état. M. Mélenchon et ses soutiens font référence à tort au plafond du premier tour qui ne s'appliquait pas à M. Macron, concerné de facto par le plafond plus élevé du second tour.
Sur le fond, les accusations de M. Mélenchon s'inscrivent dans le débat naissant autour des comptes de campagne de M. Macron.
Selon Mediapart, La République En Marche (LREM), le mouvement d'Emmanuel Macron, a bénéficié de "cadeaux" via des remises d'une société d'événementiel, GL Events, sur ses prestations, notamment pour des locations de salle et de matériel lors de meetings, remises qui n'auraient pas été accordées en revanche à deux autres candidats, François Fillon et Benoît Hamon. GL Events a nié lundi dans un communiqué avoir accordé de tels "cadeaux".
Toujours d'après Mediapart, la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) a noté des promotions parfois "d'un pourcentage anormalement élevé" mais s'est "satisfaite" des explications de GL Events et LREM.
Pour M. Mélenchon, en revanche, il pourrait s'agir d'une affaire "Bygmalion bis".
Mon soupçon est qu'Emmanuel #Macron a eu peur de dépasser les plafonds de dépenses autorisés et a rogné sur tout. Sinon c'était Bygmalion bis. Pourquoi est-il le seul à avoir eu des ristournes ? Ça s'apparente à un don d'une entreprise. #BourdinDirect #RMC #BFMTV
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 2 mai 2018