Non, l'UFC-Que Choisir n'a pas alerté ses adhérents sur cette prétendue arnaque téléphonique

  • Cet article date de plus d'un an
  • Publié le 07 novembre 2019 à 12:00
  • Mis à jour le 07 novembre 2019 à 14:45
  • Lecture : 3 min
  • Par : François D'ASTIER
Une publication Facebook partagée près de 2.700 fois depuis le 19 octobre 2019 alerte sur une prétendue arnaque téléphonique en France, via un numéro surtaxé, qui aurait été signalée par l'UFC-Que Choisir. L'association de consommateurs "n'est pas à l'origine de ce message", peut-on lire sur son site internet depuis 2012. En effet, cet avertissement, originaire de Grande-Bretagne, circule sur internet depuis des années et n'est plus du tout d'actualité.

"Une lettre est déposée à votre domicile par la compagnie PDS - service de colis - indiquant qu'ils sont dans l'impossibilité de livrer un colis et que vous devez les contacter (...) n'appelez pas ce numéro (...) il s'agit d'une arnaque émise depuis le Belize (...) vous serez immédiatement facturé 315 euros pour cet appel", indique la publication virale.

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(capture d'écran facebook du 6 novembre 2019)

Argument d'autorité avancé, "l'UFC-Que Choisir, organisme très sérieux, demande à ses adhérents de faire circuler le message", selon la publication.

Le texte en question circule depuis des années sur internet relayé sur les réseaux sociaux (1,2,3...), via mails, mais aussi sur des blogs (1,2,3).

"C'est un peu vieux (...) cette actu date de 2012", a relevé une porte-parole de l'UFC-Que Choisir, contactée par mail par l'AFP.

Cette année là, l'UFC-Que Choisir s'était déjà fendu d'un communiqué sur son site pour dénoncer "un faux message" après avoir reçu des signalement de lecteurs.

"Autant le dire tout de suite : l’UFC-Que Choisir n’est pas à l’origine de ce message. Il s’agit de ce qu’on appelle un 'hoax' (un canular), comme il en existe des milliers qui tournent de messagerie électronique en messagerie électronique", avait alors expliqué l'association.

L'organisme relève par ailleurs deux éléments qui pouvaient mettre la puce à l'oreille des internautes : "En France, si les numéros en 09 existent, ils ne sont jamais surtaxés. Et s’il avait mené vers un service basé à l’étranger, il aurait débuté par 00'".

D'où vient cette fausse alerte ? 

Le texte français est une traduction quasi-mot à mot d'un email qui a circulé dans les messageries électroniques anglaises, dont un exemple est disponible depuis 2012 sur le site du centre national britannique de déclaration des fraudes.

Dans ce mail, on retrouve le même numéro de téléphone que celui qui se trouve dans la publication française : 09 06 66 11 911

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(capture d'écran du site d'Actionfraud le 6 novembre 2019)

Selon les sites de fact-checking anglophones Snopes et Hoax-slayer, cette arnaque téléphonique a toutefois bien sévi aux alentours de 2005 en Grande-Bretagne, même si la facture était moins salée pour les victimes et si elle n'est plus d'actualité.

"Le numéro appelé était une ligne téléphonique qui était facturée 1,50 livre (1,75 euros environ NDLR) la minute. Un avertissement en petits caractères au bas de la lettre (déposé devant le domicile, ndlr) informait les destinataires que le numéro était surtaxé", note Hoax-slayer dans son article de 2016.

L'AFP n'a pu confirmer ces informations, mais un communiqué de 2010 de l'organisme britannique de réglementation des services payants par téléphone (PSA), suggère qu'une telle ligne a effectivement existé. Elle n'est plus en service depuis 14 ans.

"Le mail fait référence à un service téléphonique -opérant au 09066611911- qui a été coupée par PhonepayPlus (ancien nom de PSA, ndlr) en décembre 2005 (...) Cette ligne ne fonctionne plus depuis", assure le communiqué

PSA a infligé une amende de 10.000 livres (11.600 euros environ, NDLR) à Studio Telecom, "l'entreprise basée à Belize qui opérait sur cette ligne", détaille également le communiqué.

En France, l'autorité de régulation des télécoms (Arcep) a renforcé en juillet 2018 les règles concernant les numéros surtaxés. Les appels ne peuvent plus dépasser trois euros par appel ou 80 centimes par minute.

Une liste de recommandations pour se prémunir des arnaques est disponible sur le site de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) et un numéro - le 33700 - a été mis en place pour signaler les abus.

Par ailleurs, selon l'article 87 de la loi de modernisation de l'économie de 2008, "le numéro de téléphone destiné à recueillir l'appel d'un consommateur en vue d'obtenir la bonne exécution d'un contrat conclu avec un professionnel ou le traitement d'une réclamation ne peut pas être surtaxé". 

En conséquence, "toutes les entreprises sont obligées de mettre un numéro non surtaxé à la disposition de leurs clients", relève l'UFC-Que Choisir, qui a listé les numéros gratuits des principaux services clients en France sur son site dans cet article de juillet 2019.

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