
Non, les antirétroviraux ne seront pas payants dès 2020 au Cameroun
- Cet article date de plus d'un an
- Publié le 17 septembre 2019 à 16:40
- Mis à jour le 19 septembre 2019 à 15:49
- Lecture : 3 min
- Par : Monique NGO MAYAG
Copyright AFP 2017-2025. Toute réutilisation commerciale du contenu est sujet à un abonnement. Cliquez ici pour en savoir plus.

Cette publication, encore relayée le 13 septembre, prétend que 160.000 personnes vivant avec le VIH/sida au Cameroun ne pourront plus être traitées d’ici 2020. Plusieurs autres posts, comme celui-ci et celui-ci, affirment que les médicaments antirétroviraux seront payants au Cameroun dès janvier 2020. Cette discussion découle d’un reportage mal interprété, diffusé le 30 août 2019 sur la chaîne de télévision France 24.
Le reportage relevait que "sans la subvention de l'État, des dizaines de milliers de patients camerounais risquent de ne plus pouvoir se payer leur traitement anti-VIH".
Depuis le 1er mai 2007, les médicaments antirétroviraux sont délivrés gratuitement dans les centres hospitaliers publics au Cameroun, grâce au financement du Fonds mondial de lutte contre le Sida. Dans le cadre du cofinancement demandé au gouvernement camerounais, ce dernier doit contribuer à hauteur de 20% des achats d’ARV. Cette contribution est appelée Fonds de contrepartie.
Contacté le 4 septembre 2019, Bruno Clary, gestionnaire du portefeuille Afrique et Moyen Orient au Fonds mondial de lutte contre le Sida, affirme qu’il n'a "jamais été question de suspendre l’allocation du Cameroun pour la lutte contre le VIH ni de rendre les ARV payants".
Le Fonds mondial "continuera à financer et soutenir les programmes de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme au Cameroun. Par conséquent, l’institution maintiendra la distribution de traitements antirétroviraux (ARV) dans le pays [...]… Tous les besoins en ARV devraient être couverts au Cameroun".
"Les ARV ne peuvent pas être payants, ce serait revenir 100 ans en arrière", martèle King Foguito, directeur exécutif de Positive-Generation, association de personnes infectées et affectées par le VIH et la tuberculose. "Je ne pense d’ailleurs pas que les partenaires internationaux du Cameroun peuvent l’accepter", ajoute-t-il.
Toutefois, comme le souligne bien le reportage de France 24, en date du 30 août, le Cameroun n’avait pas payé sa quote-part au Fonds de contrepartie. Le 4 septembre, Savina Ammassari, directrice de Onusida au Cameroun, nous révélait qu’une partie des fonds attendus de la part du Cameroun "vient juste d'être payée".
Le Cameroun a donc tardivement apporté sa quote-part financière qui garantit la subvention des ARV à travers le pays. Ce retard entraîne des dysfonctionnements dans la chaîne d’approvisionnement en ARV. Nous avons contacté le ministère camerounais de la santé publique le 9 septembre. Son chargé de communication assure que "le reste sera payé d'ici quelques semaines".
Le Cameroun à la traîne
Suivant le tableau récapitulatif ci-dessous, le gouvernement camerounais a pris l’engagement en 2017, de consacrer plus de 43 millions d’euros à la lutte contre le VIH pour la période de 2018 à 2020. Le pays n’a finalement dépensé que 13,4 millions d’euros.

"Pour la même période, de 2018 à 2020, le Fonds mondial a pour sa part, alloué environ 184 millions d’euros à la lutte contre le Vih, la tuberculose et le paludisme au Cameroun, dont 106,5 millions uniquement dans la lutte contre le VIH", renseigne Bruno Clary.
Selon les chiffres de l’Onusida, 540.000 personnes vivaient avec le VIH en 2018, soit environ 2% de la population camerounaise. Plus de 18.000 personnes y sont mortes de maladies liées à cette pandémie.
EDIT 19/09 : modification de bannières