
Non, la polygamie n’est pas obligatoire en Érythrée
- Cet article date de plus d'un an
- Publié le 05 juillet 2019 à 18:20
- Mis à jour le 11 juillet 2019 à 16:25
- Lecture : 3 min
- Par : Monique NGO MAYAG, Mary KULUNDU
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La vidéo, publiée le 28 mai sur la page Facebook au million d’abonnés, Mali Kanu, totalisait le 5 juillet près de 600.000 vues et 13.000 partages. Le 24 mai, la vidéo est publiée sur le compte Facebook officiel de Gabon 24, chaîne d’information en continu basée au Gabon.
"Monsieur, vous devez épouser jusqu’à trois femmes ! Madame, vous devez accepter d’avoir jusqu’à trois co-épouses. Ce ne sont pas des suggestions. Votre avis ne compte pas ! Vous vous exécutez ou vous filez tout droit en prison... ", entend-on à l’entame de ce reportage titré "Érythrée : la polygamie devient une obligation".
La vidéo a de suite ravivé le débat entre les pro et les anti-polygamie. "Eeeeh, excusez-moi. Quelles sont les pièces à fournir pour avoir le visa vers ce pays", commente un internaute, heureux.

Une rumeur déjà propagée en 2016
Cette soi-disant annonce sur la polygamie rendue obligatoire en Érythrée, a suscité la même euphorie en janvier 2016, date à laquelle elle se propage pour la première fois sur les réseaux sociaux. Selon un article de BBC, cette infox a été diffusée par le site de divertissement kenyan "Crazy Monday", dans un article (supprimé depuis) daté du 25 janvier. Nous retrouvons cette histoire quelques jours plus tôt sur ce site arabophone.
La rumeur est alors reprise dans la foulée par des sites nigérian, sud-africain, béninois, kenyan et largement commentée et appréciée sur les réseaux sociaux Twitter et Facebook.
Dans cette frénésie médiatique, une photo retouchée d’un bus surchargé d’hommes vise à montrer avec humour un afflux vers l’Érythrée.

La déferlante de critiques sur l’Érythrée avait à l’époque, suscité une série de tweets du ministre érythréen de l’information, Yemane G. Meskel. Dans le premier tweet fait le 27 janvier, il qualifie cette histoire de "ridicule, inventée et banale". Six minutes plus tard, dans un autre tweet, il déclare que "cette histoire illustre la méchanceté des forces obscures de la désinformation et la tendance des autres à accepter facilement tout discours négatif sur l’Érythrée".
The story illustrates vileness of z dark forces of disinformation & proclivity of others to readily embrace z negative narrative on Eritrea
— Yemane G. Meskel (@hawelti) 27 janvier 2016
Par ailleurs, Crazy Monday avait publié une correction en 2016, expliquant que son article sur la polygamie obligatoire en Érythrée était une plaisanterie.
Nouveau démenti du gouvernement érythréen
Contacté le 4 juillet par le bureau de l’AFP à Nairobi, le ministre érythréen de l’information réitère son démenti : "C’était un absurde canular", martèle Yemane G. Meskel. "J’ai compris que l’auteur l’avait fait intentionnellement à des fins commerciales (pour vendre le magazine -Crazy Monday, NDLR) Mais a ensuite été licencié... Je ne sais pas pourquoi et qui fait ressurgir cette scandaleuse histoire. C’est de la pure désinformation. La lettre était une fausse lettre", affirme le ministre, faisant allusion au faux décret officiel publié par Crazy Monday.
Comme pour l'Érythrée, la rumeur de l'instauration de la polygamie en Irak avait circulé. Un document falsifié prétendument signé du premier ministre irakien, exigeait aux homme d’épouser au moins deux femmes sous peine d’une condamnation à mort. Une situation qui serait due à la baisse du nombre d’hommes en Irak, du fait des guerres. En mai dernier, la même rumeur courait au royaume de eSwatini.