Non, la France ne serait pas le "premier pays au monde" à sortir du glyphosate

  • Cet article date de plus d'un an
  • Publié le 13 juin 2019 à 20:20
  • Mis à jour le 13 juin 2019 à 20:34
  • Lecture : 2 min
  • Par : Sami ACEF
Didier Guillaume, ministre de l'Agriculture, a déclaré mercredi 12 juin sur LCI que la France serait "le premier pays au monde à se séparer du glyphosate". Mais le Vietnam a déjà interdit son utilisation. D'autres pays l'ont également interdit mais sont en partie revenus sur leur décision.

La sortie du glyphosate est un engagement présidentiel d'Emmanuel Macron, qui a annoncé vouloir le bannir de France d'ici à 2021.  En janvier dernier il avait cependant déclaré que la France ne parviendrait pas à se passer "à 100%" du glyphosate dans les trois ans.  

Didier Guillaume précisait encore en avril dernier la promesse gouvernementale de sortir "du glyphosate d'ici fin 2020 pour les principaux usages pour lesquelles des alternatives existent, et d'ici fin 2022 pour l'ensemble des usages". 

Les exploitations qui bénéficieraient d'une potentielle dérogation ne sont pour l'instant pas arrêtées. A l'été 2018, le ministre de l'Agriculture de l'époque, Stéphane Travert, avait indiqué que les agriculteurs qui se trouveraient dans une impasse technique pourraient bénéficier de dérogations dans certains cas, notamment l’agriculture de conservation et l’agriculture en terrasse (vignes de l’Est de la France). 

Une enquête "flash" sera également lancée d'ici à l'été parmi les agriculteurs pour "mieux connaître les pratiques de désherbage et mesurer l'évolution des pratiques". L'Anses et l'Institut national de la recherche agronomique conduiront une "évaluation comparative des produits à base de glyphosate".

Le Vietnam a déjà prononcé une interdiction

Toujours est-il que la France, si elle cessait de recourir au glyphosate, ne serait pas pour autant le "premier pays" à le faire.

En avril dernier, le ministère de l'Agriculture et du développement durable du Vietnam, pays de plus de 90 millions d'habitants, a officiellement annoncé le retrait des produits contenant du glyphosate de la liste des produits approuvés dans le pays, causant une passe d'arme avec le ministère américain de l'Agriculture. 

D'autres pays se sont prononcés par le passé pour une interdiction du glyphosate, mais ont fait plus ou moins marche arrière dans leur démarche. 

Au Sri Lanka, l'herbicide, soupçonné de provoquer une nouvelle maladie des reins parmi les habitants des zones de production de riz, a été interdit en juin 2015 à la suite d'une promesse électorale du président Maithripala Sirisena. 

Mais la communauté scientifique sri-lankaise a souligné l'absence d'études associant directement le glyphosate à cette "maladie rénale chronique" et l'interdiction a été partiellement levée en mai 2018, avec une autorisation d'utilisation dans les plantations de thé et d'hévéa.

Au Salvador, il a fait partie d'une liste de 53 produits pour l'agriculture interdits en 2013. Mais l'interdiction a ensuite été levée pour cet herbicide et 10 autres produits, tandis qu'une commission était instaurée pour en évaluer les risques.

Aucun pays de l’Union européenne n’a pour l’instant interdit le glyphosate.

Contacté par l'AFP, l'entourage du ministre n'était pas disponible le 13 juin en fin de journée. 

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