Non, Jean-Yves Le Drian ne s'est pas exprimé mardi sur la présidentielle algérienne du 4 juillet
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- Publié le 09 mai 2019 à 14:13
- Mis à jour le 09 mai 2019 à 18:28
- Lecture : 3 min
- Par : François D'ASTIER, Aymeric VINCENOT
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Mercredi, de nombreux médias algériens relayaient cette déclaration.
Si elle avait été prononcée mardi, comme l'affirmait initialement la dépêche d'APS, cette déclaration donnait l'impression que la France soutenait officiellement la tenue le 4 juillet de l'élection présidentielle, convoquée par le pouvoir intérimaire mais rejetée par la contestation.
De fait, plusieurs médias algériens ont repris la dépêche de l'agence de presse, en y intégrant cette analyse : "La France soutient Gaïd Salah et la présidentielle du 4 juillet", titre ainsi mercredi le site DZVidéo.
"Les propos du chef de la diplomatie française ont le mérite de la clarté quant au soutien clair et sans équivoque de la France officielle à l’option prise par les tenants du pouvoir en Algérie de maintenir le cap sur l’échéance électorale du 4 juillet prochain", estime le quotidien Liberté sur son site internet.
"Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères français s’est défait de la réserve que se sont imposée les autorités officielles françaises", observe le site Algerie360.
Problème : ces propos ont bien été prononcés par Jean-Yves Le Drian, mais le 6 mars dernier lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, comme l'indique ce compte-rendu intégral.
Il faisait référence à la présidentielle initialement prévue le 18 avril à l'issue du 4e mandat du président Abdelaziz Bouteflika.
Entre temps, la situation politique a profondément changé en Algérie. Abdelaziz Bouteflika, confronté à un mouvement de contestation inédit et finalement lâché par l'armée, a d'abord annulé le scrutin puis démissionné le 2 avril. Une nouvelle élection présidentielle a été fixée au 4 juillet pour lui élire un successeur.
Pour autant, la mobilisation en Algérie, débutée le 22 février, se poursuit. Les manifestants refusent notamment que cette présidentielle soit organisée par les structures et l'appareil hérités de celui qui fut à la tête de l'Algérie durant 20 ans.
Jeudi, l'Ambassade de France en Algérie "s'étonne de la dépêche publiée par l'APS le mercredi 8 mai (...) qui laisserait à penser que les déclarations du Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, M. Jean-Yves Le Drian, seraient nouvelles".
Précisant qu'il s'agit de propos tenus le 6 mars, l'Ambassade ajoute dans ce communiqué de presse, qu'ils "ne sauraient donc être présentées comme la position française à la date du 9 mai 2019".
Contacté jeudi par l'AFP, l'APS a reconnu "une faute professionnelle". "On s'est trompé. Notre correspondant (à Paris) a exploité le Journal officiel de l'Assemblée nationale (…) il a repris des propos qui en fait dataient de mars dernier. C'est une faute professionnelle", a expliqué à Rabah Hacini, directeur adjoint de l'information de l'APS.
Jeudi, l'agence de presse algérienne a corrigé sa dépêche, conservant toutefois les propos du ministre mais les lui attribuant à la date du 6 mars.
Jeudi après-midi, plusieurs médias algériens, dont TSA, Observalgerie et DZVidéo, ont relayé le démenti de l'Ambassade de France en Algérie.