Non, Cuba n'a pas trouvé le "vaccin contre le cancer"
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- Publié le 20 mars 2018 à 11:15
- Mis à jour le 20 mars 2018 à 13:48
- Lecture : 2 min
- Par : Hugues HONORE, Guillaume DAUDIN
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Hugues Honoré, l'un des journalistes chargés des questions de santé à l'AFP, explique:
Le CIMAvax est effectivement un vaccin, mais pas au sens où on l’entend le plus couramment. Nous connaissons tous les vaccins préventifs (contre la grippe, le tétanos, l’hépatite B, etc.), administrés pour nous immuniser contre certaines maladies.
Le "vaccin cubain contre le cancer" a pour l’instant une application beaucoup plus restreinte, et dans sa forme actuelle il n’est pas en mesure de prévenir pour tout le monde cette maladie pouvant revêtir une immense variété de formes.
D’après le Roswell Park Cancer Institute de Buffalo (État de New York), centre anticancéreux américain qui mène les seuls tests américains sur ce vaccin, il s’agit d’"un type d’immunothérapie qui mobilise le système immunitaire du corps pour combattre le cancer du poumon".
Il "bloque un type de protéines, le facteur de croissance épidermique (EGF) dont les cellules cancéreuses ont besoin pour croître. Il ne tue pas les cellules directement, cancéreuses ou autres, mais les +affame+". Pour le moment il a servi à accroître les chances de survie de quelques milliers de malades, atteints d’un cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC) à un stade avancé.
Tout le crédit de cette découverte revient à des chercheurs cubains, ceux du Centre d’immunologie moléculaire (CIM) de La Havane, institution publique de recherche et développement de traitements contre le cancer et d’autres maladies.
Le traitement, disponible à Cuba depuis 2011, s’est révélé assez prometteur pour intéresser des chercheurs étrangers. "Parce que les Cubains au CIM n’avaient pas vraiment les ressources pour individualiser la thérapie pour chaque patient pris à part, ce qu’ils ont fait c’est de développer un vaccin qui, au lieu de s’attaquer au cancer lui-même, s’attaque à un facteur de croissance appelé EGF", explique dans une vidéo le chef du département d’immunologie à Roswell Park, Kelvin Lee.
Il ajoute : "Ce qui est véritablement enthousiasmant là-dedans, et qui nous a complètement fascinés, c’est l’idée qu’on pourrait être à même de l’utiliser pour prévenir le cancer. Pas l’idée qu’on pourrait simplement vacciner les enfants de cinq ans et les empêcher de développer un cancer du poumon, cela je pense que c’est probablement aller un peu trop loin. Mais l’idée qu’on peut vacciner quelqu’un qui court un risque élevé d’être atteint d’un cancer du poumon".
Plus précisément des malades traités une première fois pour un tel cancer par la chirurgie, mais qui ont tellement endommagé leurs poumons en fumant qu’ils risquent une rechute.
Outre Cuba, quatre pays ont approuvé ce traitement : la Bosnie-Herzégovine, la Colombie, le Paraguay et le Pérou. Ailleurs, il va falloir patienter. Aux États-Unis, c’est la phase I/II qui est en cours, et l’autorisation intervient après la phase III. Dans l’Union européenne, on semble attendre les résultats de ces tests américains.
EDIT mardi 20/03: l'autorisation intervient après la phase III et non IV, merci @jdflaysakier