Non, cette vidéo ne montre pas des ministres gabonais arrêtés pour détournement de fonds publics
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- Publié le 13 décembre 2019 à 16:16
- Mis à jour le 13 décembre 2019 à 16:16
- Lecture : 3 min
- Par : Monique NGO MAYAG, Ange KASONGO
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De novembre à début décembre 2019, le Gabon a connu une série d’interpellations de hauts fonctionnaires de l’Etat. Trois anciens ministres ont été placés en garde à vue, soupçonnés de détournement de fonds publics.
Comme relayé dans cette dépêche de l’AFP, plus d’une dizaine d’autres hauts cadres de l’Etat gabonais ont également été incarcérés pour les mêmes raisons, dont l’ancien porte-parole de la présidence, Ike Ngouoni.
C’est dans ce contexte que cette publication, censée montrer le sort réservé aux ministres interpellées, a été diffusée sur Facebook.
La vidéo montre des hommes en costume-cravate, assis à même le sol le long d’un couloir d’immeuble, la mine défaite. L’auteur de la publication prétend que cette scène se déroule au palais présidentiel de Libreville. En fond sonore, plusieurs personnes s’expriment en français, la langue officielle du Gabon, confortant certains internautes dans leur certitude: pour eux, la scène se passe à Libreville.
D’autres mettent en doute cette version et affirment, à raison, que cette vidéo a été prise en République démocratique du Congo (RDC).
Quelle est l'origine de cette vidéo?
À l’aide d’une recherche d’images inversée avec l’outil Google (en utilisant des captures d’écran de la vidéo), nous avons retrouvé ce tweet du 10 novembre 2019 du compte Fake investigation
❌ Il s'agit d'anciens députés faisant un sit-in devant le bureau de la présidente de l'assemblée nationale de RDC, afin de réclamer, notamment, leurs indemnités de sortie. La vidéo date du 28 octobre.
— FAKE Investigation (@FAKE_Investiga) November 10, 2019
Plus d'infos :
➡️ https://t.co/fniJZqIu0k
➡️ https://t.co/VNqrM1fKUZ https://t.co/kI2y5n1Cqy
Cette vidéo était alors utilisée avec la légende suivante : "Kabila -ancien président de la RDC et aujourd’hui sénateur à vie, ndlr- punit ses députés pour avoir osé dire NON à ce qu’il dit".
Dans son tweet, Fake Investigation affirme qu’il s’agit en fait "d’anciens députés faisant un sit-in devant le bureau de la présidente de l’Assemblée nationale de RDC, afin de réclamer leurs indemnités de sortie".
Un article du site d’information congolais deskeco.cd écrit quant à lui que des ex-députés ont manifesté le lundi 28 octobre 2019, au au bureau de l’Assemblée nationale, au palais du peuple
"Ils réclamaient entre autres, des émoluments de février 2019, leurs indemnités de sortie et leurs frais du service spécialisé de solde de la paie des anciens parlementaires -SESSOPA-", lit-on dans l’article.
“Il s’agit d’une vidéo montrant d’anciens élus nationaux de la dernière législature. Ils réclamaient leurs émoluments auprès de la présidente de la Chambre basse du Parlement”, explique Claudel Lubaya, député congolais, contacté le 12 décembre 2019 par l’AFP.
Ce que confirme également Benoit Musenga, président du Collectif des députés de la législature 2012-2018 en RDC. Il est parmi les députés qui apparaissent sur la vidéo.
"Oui, j'étais là, nous avions décidé de filmer notre attente du 28 octobre (lorsque) nous étions restés devant le bureau de l'actuelle présidente de l'Assemblée nationale de 9 à 17 h", a expliqué, le 13 décembre 2019, l'ancien député à l'AFP.
Concernant leurs revendications, le député affirme également qu'il s'agissait d'un sit-in pour réclamer des indemnités non-payées.
Contactée par l’AFP le 12 décembre 2019, la responsable de la Communication du bureau de la présidente de l’Assemblée nationale n'avait pas souhaité réagir à ce stade.